Toutes les critiques de Amer Béton

Les critiques de Première

  1. Première
    par Gérard Delorme

    Si l’intrigue principale est concentrée sur les deux frangins, la confrontation des points de vue (habitants, mafieux, flics) permet de démultiplier un même thème: celui de l’équilibre rompu qui éloigne ce qui était proche: les frères se séparent, les anciens s’opposent aux modernes, les nostalgiques aux ambitieux... (…) Michael Arias exprime cette quête chaotique en puisant au meilleur de deux cultures, l’occidentale et la japonaise. Il en profite pour inventer une forme d’animation inédite, moderne et hybride, qui mêle harmonieusement réalisme et fantastique pour produire des images d’une force poétique stupéfiante. À coup sûr, un nouveau classique.

Les critiques de la Presse

  1. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    Amer béton se singularise par un souci de rigueur dramatique, une certaine cruauté dans le récit. Les personnages - pas seulement les deux enfants - sont définis avec acuité, que ce soit le flic aux aspirations de travailleur social ou le truand vieillissant qui renonce à son empire du mal. (...) mer béton est un exemple brillant et émouvant d'un art arrivé à maturité.

  2. Télérama
    par Cécile Mury

    Le trait est rageur, lignes d’énergie qui électrisent le récit. Même parti pris pour le décor, dont l’onirique beauté flirte sans cesse avec la misère, le désordre et la crasse.(...) Mariage réussi des animations japonaises et occidentales, le film panache aussi les genres : conte urbain, polar et fantastique. Hybride et éclatante fleur de béton.

  3. Si le graphisme non-conventionnel d’Amer Béton peut surprendre au début, cinq minutes suffisent à convaincre que l’endroit fabuleux où se déroule l’histoire porte bien son nom : Takara, la ville trésor. La magie du film, c’est d’avoir réussi à mêler sans aucun clivage un monde joyeux et coloré sorti tout droit d’une imagination enfantine à l’univers sombre et violent des yakuzas. Les thèmes chers à l’animation japonaise sont revus avec originalité et modernité : l’importance de la famille, la recherche de soi et l’affrontement perpétuel du Bien et du Mal. Un joli conte urbain mais ne vous y trompez pas : Takara comme toutes les villes du monde cache sous ses couleurs joyeuses un béton amer.

  4. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Cette adaptation du roman culte de Taiyô Matsumoto mêle l’animation 2D/3D et ne ressemble à rien de vu jusqu’alors : ni par son sujet, ni par son traitement. Dans une ville grouillante, sorte de Tokyo à la fois futuriste et désuète et personnage à part entière du récit, survivent deux enfants selon la loi de la jungle. (…) Une fin du monde exceptionnellement servie par l’animation : finesse du trait, foisonnement de détails, personnages aux expressions variées donnent à cette vision pessimiste, pour ne pas dire noire, de l’humanité et de son destin, une couleur et une force étonnante.

  5. Le JDD
    par Stéphanie Belpêche

    Ce manga nihiliste, qui s'adresse en priorité aux adultes, démontre une fois de plus la supériorité de l'animation japonaise. A travers le portrait de deux orphelins délinquants perdus dans une métropole décadente, c'est notre société corrompue que dénonce, avec un parti pris ultraréaliste, le réalisateur.

  6. Fluctuat

    Pour sa première réalisation, Michael Arias fait montre d'un onirisme humain et flamboyant. De la ville-trésor jaillissent deux orphelins, illuminant, entre Bien et Mal, un regard noir sur les cités nippones modernes. Une animation originale et un univers foisonnant, un conte philosophique et social saisissant.
    - Exprimez-vous sur le forum Amer betonAmer Béton est l'adaptation du manga Tekkon Kinkreet de Taiyo Matsumoto, paru en 1994 et adapté au théâtre l'année suivante. L'auteur cultive une sensibilité et un onirisme détonnant des productions traditionnelles. Inspiré par les traits de Moebius et Prado, il mélange les styles japonais et européen. Son oeuvre, parfois controversée pour son réalisme, est riche, et le pari de l'adapter osé.Le béton, c'est celui des agglomérations qui couvrent l'île, des métropoles si souvent actrices dans la fiction nipponne. Matsumoto, né en 1967, ne redessine pas le décor post-apocalyptique d'Akira, lié à la période de récession qu'a connu le Japon. Takara, la ville "trésor", n'a pas été anéantie par l'Histoire, elle s'en est nourrie, faisant siennes ses cicatrices, formant un bric-à-brac baroque et vivant mais pouvant se révéler froide et cruelle à chaque instant. Ce regard nouveau est structuré par une symbolique taoïste, une philosophie de l'équilibre qui veut oeuvrer pour la reconstruction du lien social.

    Blanc et Noir, complémentaires comme le Yin et le Yang, veillent sur Takara. Les deux gamins agiles, "les chats" comme on les surnomme, font face à un yakuza et d'étranges assassins, résolus à s'approprier et remodeler la ville. Noir, en apparence dur et enragé, et Blanc, innocent et lunaire, grandissent à l'épreuve de la vie, douloureuse au coeur d'une cité souffrante. Séparés, c'est leurs propres démons que les enfants devront affronter.Michael Arias signe avec Amer Béton sa première réalisation. Au générique de plusieurs long-métrages pour les effets visuels (Abyss, Le grand saut), il s'est expatrié à Tokyo où il développe des logiciels d'infographie et travaille dans la production pour le Studio 4°C. Celui-ci veut explorer les différentes techniques d'animation et a la réputation d'accorder une grande liberté aux artistes. Fondé en 1986 par le réalisateur Kôji Morimoto, l'animateur Yoshiharu Sato et la productrice Eiko Tanaka, le studio a notamment produit Memories (Kôji Morimoto, Tensai Okamura, Katsuhiro Ôtomo, 1995), animé Steamboy (Katsuhiro Ôtomo, 2004) et fait découvrir la même année le formidable Mind Game (Masaaki Yuasa).
    Arias développe Toon Shaders, un logiciel d'infographie conçu pour intégrer l'infographie à l'animation traditionnelle, rapidement adopté par le studio Ghibli pour Princesse Mononoke, sur lequel il est conseiller technique. En 1999, il produit un pilote de 4 minutes d'Amer Béton, primé dans plusieurs festivals. En 2003, les frères Wachowski lui confient la production de deux courts-métrages pour Animatrix (Seconde renaissance de Mahiro Maeda et Au-delà de Kôji Morimoto). Son travail lui permet de réunir argent et talents pour la réalisation d'Amer Béton, qui durera 4 ans.Il opte pour une animation à la fois traditionnelle et numérique. « Mon souhait était non seulement que le film paraisse le plus artisanal possible, mais que l'on se sente immergé dans un tableau. L'idée était que le film plonge le spectateur dans un univers parallèle, qu'il ressemble à un documentaire filmé à l'intérieur d'un coffre à jouets ». Tanaka réunit le réalisateur Shojiro Nishimi (à qui l'on doit le stylisme des personnages), le directeur artistique Shinji Kimura (pour les décors et les couleurs) et le directeur technique Hiroaki Ando, tous fans du manga de Matsumoto.

    Les décors sont très détaillés, les expressions soignées, accentuant un réalisme qui s'efface par moments pour laisser place aux procédés numériques, incorporés au dessin à la main (séquences accélérées, sous-marines ou aériennes). Sautant de toit en toit, "les chats" sont poursuivis par la caméra. Arias dit s'être notamment inspiré de La Cité de Dieu de Fernando Meirelles. La violence physique et sociale est stylisée, mais n'en est pas moins brutale.
    Le réalisateur a utilisé des photographies du Tokyo d'après-guerre de Daido Moriyama, Katsumi Watanabe et Nobuyoshi, mais s'est aussi imprégné des peintures de Francis Bacon ou des dessins de Horst Janssen. Du réalisme au surréalisme, il universalise son propos.Michael Arias voulait que Takara, qu'il identifia à Tokyo à la lecture du manga (à l'époque des attaques au gaz empoisonné et du tremblement de terre de Kobe), soit « la star du film ». Mais la sensibilité de ses personnages l'emporte rapidement sur le réalisme social. L'imaginaire des héros bouscule les conventions formelles au service d'une réflexion classique sur la dualité qui est en chacun de nous. Une dualité qui émane de la cité et de son sourire de clown triste, qui surgit quand l'action, fulgurante, déchire la narration lente.
    C'est une poésie violente et émouvante. Les personnages évoluent, avec la ville, et font le constat de leur impuissance. Mais au coeur d'un tableau sombre malgré ses couleurs vives, Michael Arias dessine l'espoir dans le rêve des "chats", trouvant équilibre et bonheur sur une île vierge de l'amertume du béton.Présenté aux festivals de Tokyo, Berlin et Deauville, Amer Béton est, après Steamboy, le deuxième film du Studio 4°C à être distribué dans les salles françaises. L'équipe de Rezo Films semble animée d'un réel désir de faire découvrir au public hexagonal des productions japonaises novatrices et variées. Aux spectateurs de répondre présents à l'invitation ! Amer Béton
    Réalisé par Michael Arias
    Avec Kazunari Ninomiya, Yu Aoi, Masahiro Motoki, Min Tanaka
    Sortie en salles le 2 mai 2007
    [Illus. © 2006 Taiyo Matsumoto/Shogakukan, Aniplex, Asmik Ace, Beyond C, Dentsu, TOKYO MX]
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