Saadallah Wannous

Saadallah Wannous est un dramaturge syrien. Il est né en 1941 dans le village de Huçayn al-Bahr, près de la ville de Tartous en Syrie.Après avoir suivi sa scolarité dans son village natal, Saadallah Wannous part pour l’Égypte. Il fait alors des études de littérature au Caire. Sa formation terminée, il retourne en Syrie et décroche un poste à la rédaction artistique et culturelle du journal Al-Baath. Il travaille par la suite pour le journal libanais As-Safir.Au début des années soixante, Saadallah Wannous entame une carrière d’auteur dramatique en imaginant des pièces en un seul acte. Ses premières créations s’articulent déjà autour des rapports entre l’individu et la société. Vers la fin de la décennie, il quitte son pays et s’installe quelque temps à Paris où il étudie le théâtre. De ce voyage en France, Saadallah Wannous revient enrichi de nouvelles influences qu’il s’évertuera, durant toute sa carrière artistique, à mêler au théâtre traditionnel syrien et arabe.Son œuvre dramatique compte une dizaine de pièces, parmi lesquelles Tête du mamelouk Jâbbir, Fête pour le 5 juin, L'éléphant ô Roi du temps et Le roi est le roi, qui sont ses spectacles les plus connus. En 1969, il propose l’idée de l’organisation d’un Festival Arabe des Arts dramatiques à Damas, une manifestation qui réunirait des auteurs venus de tout le monde arabe. Soutenu par de nombreux dramaturges, ce projet est concrétisé après quelques années et fait écho à sa vision du quatrième art, qui doit selon lui contribuer au changement politique et social. Vers la seconde moitié des années soixante-dix, il rejoint le High Institute for Theater Arts (l’Institut supérieur des Arts dramatiques de Damas) en tant que professeur.Profondément marqué par la guerre israélo-libanaise de 1982, Saadallah Wannous interrompt longuement sa carrière de dramaturge, cessant sa production théâtrale pendant près d’une dizaine d’années. Ce n’est qu’au début de la décennie suivante qu’il reprend sa plume. Il signe alors une nouvelle série de pièces à haute teneur politique. L’une de ces réalisations, The Rape, est présentée en 1990 et traite du conflit israélo-arabe. Parmi les rares pièces de son répertoire qui ont été traduites en français, les plus célèbres sont Miniatures et Rituel pour une métamorphose.Dans Miniatures, Saadallah Wannous s’intéresse à la société damascène du treizième siècle en relatant les quelques jours précédant l’invasion de la capitale syrienne par les Mongols. À l’annonce de l’arrivée imminente des troupes ennemies, chacun des grands responsables de la ville réfléchit au meilleur moyen de sortir indemne de cette épreuve, certains iront même jusqu’à envisager une alliance avec l’envahisseur.La pièce Rituel pour une métamorphose raconte quant à elle l’histoire de la femme d’un souverain qui décide d’user de ses charmes dans sa recherche de liberté. Ce récit sert de prétexte au dramaturge pour mettre à nu les travers de la société qui l’entoure. Le personnage central de l’une de ses dernières créations, Une mort éphémère, est un écrivain de Damas qui vit ses dernières heures et qui, rongé par la maladie, examine le monde qui l’entoure. Parallèlement à son parcours de dramaturge, Saadallah Wannous poursuit sa carrière dans le journalisme et l’édition, dirigeant la revue théâtrale syrienne Al-Hayât al-masrahiyya et la collection Qadâyâ wa shahâdât. En outre, il a longtemps été à la tête de la Music and Theater Administration of Syria.En 1996, l’UNESCO et l’Institut International du Théâtre chargent Saadallah Wannous de présenter le discours accompagnant la Journée Mondiale du Théâtre, le 27 mars de la même année. Il s’agit là d’une première : depuis la création de l’organisation en 1963, aucun homme de théâtre arabe n’avait encore eu droit à cet honneur. Le 15 mai 1997, le dramaturge Saadallah Wannous, affaibli par un cancer qu’il a combattu pendant cinq années, s’éteint à l’âge de cinquante-six ans. Il laisse ainsi une œuvre constituée d’une dizaine de pièces, traduites pour la plupart dans plusieurs langues.