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Pour leur premier long, Lauriane Escaffre et Yvo Muller raconte une histoire d’amour inattendue entre une femme de ménage mariée depuis 25 ans et le gardien de l’Ecole des Beaux-Arts. Rencontre.

Deux ans après votre César du court métrage pour Pile poil, vous voici aux commandes de votre premier long, comment celui- ci est- il né ?

Lauriane Escaffre : Yvo et moi nous connaissons depuis plus de dix ans. Nous sommes comédiens à la base mais, avec une bande d’amis, on avait créé un collectif pour s’écrire et jouer nos propres histoires. Ces courts métrages ont eu la chance d’être sélectionnés et repérés dans différents festivals. Puis, au milieu des années 2010, on a eu envie de développer nos propres projets à deux. Et Pile poil fut en effet un tournant car après sa projection en 2019 au festival de la comédie de l’Alpe d’Huez et avant même qu’il y soit primé, on a reçu plusieurs offres de producteurs pour développer notre premier long

Yvo Muller : Alors, on a écrit en parallèle pas moins de trois projets ! Une version longue de Pile poil, un film plus choral autour de la question du couple et de la fidélité et Maria rêve. Il se trouve que grâce à Quad (les producteurs d’Intouchables), Maria rêve est le premier à avoir réuni le financement

Pourquoi avoir eu envie de raconter cette histoire d’amour qui surgit dans la vie d’une femme de ménage mariée depuis 25 ans et qui jamais ne pensait voir son cœur battre à nouveau pour un homme ?

LE : Parce que ma grand- mère était femme de ménage. J’ai passé beaucoup de temps avec elle enfant et j’avais été frappée de voir sa capacité à se fondre dans le décor, à s’invisibiliser comme les employeurs l’attendent de ceux qui font ces métiers- là. Cela fait donc longtemps que j’avais envie de faire un film qui lui rende hommage avec un personnage qui briserait précisément les cadres de la vie qu’on lui a imposés et pourrait explorer sa féminité et sa sensualité

Ces personnages qui sortent des cadres imposés constituent d’ailleurs la marque de fabrique de vos films. Pile poil racontait par exemple l’histoire d’une jeune femme qui se rêve esthéticienne alors que son père veut qu’elle prenne la succession de sa boucherie- charcuterie…

YM : C’est quelque chose qu’on fait inconsciemment je crois. Parce qu’au fond ces personnages nous ressemblent. Ni Lauriane, ni moi n’étions prédestinés à faire du cinéma, à jouer, à réaliser. L’une comme l’autre, nos parents nous ont incités à passer les concours de grandes écoles de commerce et, en en sortant, on a commencé par pratiquer ces métiers- là avant de tenter de bifurquer vers ce qu'au fond de nous on avait envie de faire, sans avoir les moindres contacts

MARIA RÊVE: LE CHARME DU DUO KARIN VIARD- GREGORY GADEBOIS OPERE [CRITIQUE]

Maria rêve vous permet de retrouver, après Pile poil, Grégory Gadebois dans le rôle de ce gardien de l’Ecole des Beaux Arts où est engagée Maria. Vous avez écrit le rôle pour lui ?

YM : Non car on a toujours peur de créer quelque chose de trop sur mesure et qui finirait par être redondant avec ce que le comédien en question aurait pu faire. Mais Grégory fut le premier à qui on l’a fait lire

LE : Quand Grégory avait accepté de jouer le père dans Pile poil, c’était dingue pour nous. C’est un acteur qu’on admire depuis des années. Il faut l’avoir vu dans Des fleurs pour Algernon pour se rendre compte à quel point il est immense. Vraiment, on ne pensait jamais qu’il accepterait ce court. Et avec Maria rêve, on a essayé de lui proposer un personnage différent de ceux qu’il avait pu déjà incarner et qui allait plus jouer sur sa séduction, sur sa fragilité. Un personnage passionné d’Elvis aussi et qui s’entraîne seul dans son bureau à faire son fameux déhanché. Des scènes qu’il nous confiait redouter avant le tournage, d’ailleurs…

YM : Comme j’ai travaillé sur des comédies musicales, je lui ai présenté un de mes amis danseurs pour qu’ils bossent ensemble. Il a su le mettre en confiance, ils ont travaillé les enchaînements et à l’écran, chacune de ces scènes est un petit bijou.

A quel moment arrive Karin Viard dans le processus du casting ?

YM : Pour tout dire, on n’a pas osé la contacter tout de suite en se disant que comme elle avait déjà joué une femme de ménage dans Ma part du gâteau de Cédric Klapisch , elle n’aurait pas envie de notre personnage. Mais nos producteurs nous y ont poussé et on a fini par envoyer le scénario à son agent qui l’a incitée à le lire. Parce qu’il y a vu quelque chose de plus intériorisé par rapport à ce qu’elle a pu jouer récemment

LE : Et le fait qu’elle accepte le rôle après avoir lu notre scénario en une nuit et décale même un tournage pour camper Maria nous a donné une confiance folle. Dans le cadre d’un projet où on a peu le temps de répéter en amont, s’appuyer sur ces deux stradivarius n’a pas de prix sur un plateau