Michael Caine : "Il n'y avait pas de coordinateurs d'intimité à mon époque, Dieu merci"

"Heureusement qu'à 90 ans, je ne joue plus d'amants, poursuit l'acteur à propos de l'évolution de l'industrie du cinéma. (...) C'est dur, mais j'apprends grâce à des amis plus jeunes que moi."

Michael Caine a récemment expliqué que le film historique The Great Escaper serait certainement son dernier rôle au cinéma. A 90 ans, le comédien annonce sa retraite au Daily Mail, et en compagnie de son partenaire de jeu John Standing, d'un an son cadet, il réagit à l'évolution du métier d'acteur au fil des décennies. Et plus généralement à celle de l'industrie du cinéma, et de la société.

Apprenant l'existence des "coordinateurs d'intimité", employés sur les tournages de films et de séries pour encadrer les scènes de sexe, afin que les comédiens soient les plus à l'aise possible, voici sa réaction : "Vraiment ? C'est sérieux ? Et que font-ils ? Il n'y en avait pas à mon époque. Dieu merci, j'ai 90 ans et je ne joue plus d'amants, c'est tout ce que je peux vous dire. A mon époque, vous tourniez les scènes d'amour et vous vous en sortiez sans que personne n'interfère. Tout a changé."

La discussion bascule alors sur le politiquement correct et #MeToo, et Michael Caine dit écouter les conseils de ses enfants et petits enfants, pour "faire de son mieux." "C'est nul de ne pas pouvoir dire ce qu'on a en tête, de ne plus pouvoir appeler personne 'chérie', ajoute-t-il. C'est dur, mais j'apprends grâce à des amis plus jeunes que moi. (…) Quand vous vieillissez, vous pensez forcément à la mort. Mais dès que vous avez des petits-enfants, votre centre d'intérêt change. Vous pensez à eux. Vous voulez continuer à vivre, parce qu'ils font tellement partie de vous. Vous voudriez vivre éternellement pour voir comment ils évoluent. Vous voulez continuer, tout simplement."

Au fil de la discussion, Michael Caine assure aussi n'avoir jamais rêvé de devenir célèbre. "Aujourd'hui, c'est ça qui compte : devenir célèbre. Mais pour nous, c'était le travail avant tout. Ce boulot a changé nos vies." Il raconte alors avoir d'abord été rejeté pour Zulu (sorti en 1964), parce qu'il avait passé une audition pour un rôle qui venait tout juste d'être choisi. Le réalisateur s'est excusé, avant de lui proposer un autre personnage, et ce film a finalement lancé sa carrière.

"Quand j'ai commencé, je ne pensais jamais à la compétition avec les autres acteurs, explique-t-il. Tout ce qui m'intéressait, c'était d'être aussi bon que possible. Je m'en fichais de la concurrence, car je savais qu'il y aurait toujours des comédiens meilleurs que moi, et d'autres moins bons. Je n'y faisais pas attention, j'allais de l'avant."

The Great Escaper marquera la dernière apparition au cinéma de Glenda Jackson, une comédienne britannique populaire qui est décédée en juin dernier, à 87 ans. "C'était bizarre de rejouer à ses côtés après près de 50 ans, tout en ne sachant pas qu'elle était mal, regrette Michael Caine. On jouait un mari et une femme. J'ai été complètement sonné quand elle est morte, dix jours après avoir assisté à une projection privée du film."

"C'était une bosseuse, ajoute-t-il. Elle ne semblait pas malade, ni rien. On avait déjà joué ensemble dans Une Anglaise romantique, c'était en 1975. On était si jeunes à l'époque, et c'était une jeune femme magnifique."

The Great Escaper n'a pas encore de date de sortie française, mais voici sa bande-annonce diffusée en Grande-Bretagne :