Guide du 12 décembre 2018
Sony Pictures Releasing France / Le Pacte / Universal Pictures International France

Ce qu’il faut voir cette semaine.

L’ÉVENEMENT

SPIDER-MAN : NEW GENERATION ★★★★☆
De Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman

L’essentiel
Trop de films de super-héros tue-t-il le film de super-héros ? Le duo Phil Lord et Chris Miller (ici au scénario) balaie le débat d’un revers de la main dans Spider-Man : New Generation.

Encore un nouveau Spider-Man ? Déjà incarné au cinéma par trois acteurs différents (Tobey Maguire, Andrew Garfield et Tom Holland, le tenant du titre), présent dans 10 films (dont 6 solos) sortis en une quinzaine d’année, le célèbre tisseur symbolise mieux que quiconque la frénésie du genre super-héros, alias la plus grosse vache à lait du Hollywood du XXIe siècle. Dans ce contexte, proposer un énième long-métrage consacré à l’Araignée, fusse-t-il en animation, aurait pu être une grosse erreur de la part de Sony, voire une tentative désespérée de gaver un public déjà repus avec un personnage désormais partagé avec Marvel Studios. Sauf que Spider-Man : New Generation est tout sauf la bouchée de trop qui vous donne la nausée, mais plutôt un trou normand qui redonne envie de bouffer du super-héros comme jamais. 
Édouard Orozco

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PREMIÈRE A ADORÉ

UNE AFFAIRE DE FAMILLE ★★★★★
De Hirokazu Kore-Eda

Dans un vieux « Cinéastes, de notre temps », Éric Rohmer montre à la caméra du documentariste André S. Labarthe les cahiers dans lesquels il note ses idées de films. Une étagère de petits cahiers noirs. Il en ouvre un au hasard et lit : « “Une fille rencontre un garçon dans un salon de coiffure.” Voilà, dit-il, ça a donné Conte d’hiver. » Un autre cahier, une autre page : « “Un garçon rencontre une fille dans un magasin de chaussures.” Ah, celui-là, finalement, je ne l’ai pas tourné... » Ceci est une parabole des metteurs en scène de petites variations.
Guillaume Bonnet

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PREMIÈRE A AIMÉ

MORTAL ENGINES ★★★☆☆
De Christian Rivers

A l’heure où les adaptations de comics, suites et remakes se multiplient à Hollywood, Mortal Engines augurait un peu de fraîcheur, avec son histoire de mégalopoles roulant sur la Terre pour dévorer de plus petites villes, son design steampunk et son casting rempli de jeunes acteurs méconnus. La promesse est en partie tenue.
Élodie Bardinet

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RÉMI SANS FAMILLE ★★★☆☆
D’Antoine Blossier

Vous connaissez sans doute l’histoire : un orphelin est vendu à un saltimbanque, musicien et montreur d’animaux dressés. Les voilà partis sur les routes de France et d’Angleterre pour découvrir le secret des origines de Rémi...
Sylvestre Picard

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UTØYA, 22 JUILLET ★★★☆☆
D’Erik Poppe

En dépit de sa forme singulière, ce sixième film du norvégien Erik Poppe s’intègre dans un ensemble très cohérent, fruit de réflexions approfondies sur la subjectivité comme amplificateur émotionnel. Il avait déjà pris cette direction dans L’Épreuve, une fiction semi-autobiographique (il a lui-même été photographe de guerre) avec Juliette Binoche. Avec Utøya, 22 juillet, il poursuit à l’extrême une approche immersive et sensorielle en filmant ses acteurs au plus près. Le réalisme qui en résulte ne relève pas pour autant du documentaire : il s’agit bien d’une fiction, inspirée de multiples témoignages de survivants. Le film commence 12 minutes avant l’irruption (hors champ) du fanatique Anders Breivik sur l’île où sont rassemblés des jeunes travaillistes, le temps d’installer un lien affectif entre Kaja, une jeune militante de 19 ans, et sa soeur qu’elle perd de vue. Après le début des tirs, la caméra portée suit Kaja pendant la quasi-totalité des 72 minutes restantes, transmettant en direct sa surprise, sa terreur, ainsi que ses efforts pour résister à la panique, survivre et sauver ses proches. Le résultat ne manque pas d’efficacité et ne peut pas laisser indifférent, sachant qu’à la plupart des coups de feu entendus correspond une victime (il y aura 69 morts et 33 blessés). À l’évidence, les multiples procédés utilisés posent des questions morales qui ne manqueront pas de diviser, mais cette ambiguïté fait aussi l’intérêt d’un projet trop complexe et réfléchi pour être jugé à la hâte. 
Gérard Delorme

PACHAMAMA
★★★☆☆
De Juan Antin

Conte initiatique à hauteur d’enfants, Pachamama de Juan Antin met en scène une Amérique du Sud précolombienne avec pour ambition de rendre toute sa place à une civilisation malmenée par les livres d’histoire. Au cœur de ce récit, Tepulpaï et Naïra, deux petits Indiens de la cordillère des Andes, partis récupérer la Pachamama, totem protecteur de leur village. Avec l’aide de Folivari, studio français derrière Le Grand Méchant Renard et autres contes, le cinéaste argentin se réapproprie son histoire, rappelant le rôle de seigneur des Incas et remettant les conquistadors à leur place d’oppresseurs. Mais avec ses traits simples, tout en rondeur, et ses couleurs vibrantes comme des tissus andins, Pachamama est avant tout une fable écologique sur une culture qui prônait le lien nécessaire à la terre nourricière. 
Perrine Quennesson

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

OSCAR ET LE MONDE DES CHATS ★★☆☆☆
De Gary Wang

Un chaton d’appartement -couvé par son père terrifié par le monde extérieur depuis la mort accidentelle de sa mère- décide un beau jour de partir à l’aventure, loin de son cocon paisible. Direction… Catstopia, un monde merveilleux peuplé uniquement de ses congénères. Gary Wang raconte ici ce voyage évidemment riche en rebondissements d’un rejeton casse-cou et d’un paternel angoissé lancé à sa course. Le résultat se révèle loin d’être désagréable mais dégage une furieuse impression de déjà (beaucoup) vu. Une trame à la Monde de Nemo saupoudrée d’un peu de Comme des bêtes et autres Zootopie. Wang compile sans vraiment réinventer. Dans la conduite de son récit comme dans son travail sur l’animation, passe-partout et sans réelle aspérité.
Thierry Chèze

NOUS, LES COYOTES
★★☆☆☆
De Juan Antin

Peut-on repartir de zéro quand les bases de sa vie sont branlantes ? C’est le thème de ce premier film qui se penche sur le parcours de deux « coyotes » (des jeunes marginaux), déterminés à réussir sous le soleil de Californie. Sur place, c’est la désillusion : la tante d’Amanda voit d’un mauvais oeil l’intrusion chez elle de sa nièce et de son compagnon, Jake, rejeté par la famille. Les galères commencent pour ce couple confronté en 24 heures à la paupérisation et à la perte de ses idéaux. Basé sur l’exil volontaire des deux réalisateurs (français) à Los Angeles, Nous, les coyotes laisse entendre sa musique indé avec un peu trop de persistance (plans volés, flous artistiques, attitude cool), mais devient réellement attachant lorsqu’il s’intéresse à la vérité du couple et de son engagement.
Christophe Narbonne

RÊVER SOUS LE CAPITALISME
★★☆☆☆
De Sophie Bruneau

Des travailleurs de tous horizons confient leurs rêves morbides : un type défonce ses collègues à coups de pelle, une femme est obsédée par le bruit de sa caisse enregistreuse, un autre trimballe le cadavre d’un employé... Témoignages audio ou de face se succèdent au gré d’images de bureaux, de chantiers, de parkings commerciaux qui font état d’une aliénation collective, renforcée par un travail sur le son obsédant et inquiétant. Répétitif, le dispositif suscite néanmoins une foule d’interrogations.
Christophe Narbonne

 

Et aussi
Hunter Killer de Donovan Marsh
L’exilé de Marcelo Novais Teles
Rêver sous le capitalisme de Sophie Bruneau

 

Reprises
C’est arrivé demain de René Clair
Farinelli de Gérard Corbiau
Le dernier nabab d’Elia Kazan
Yentl de Barbra Streisand