Maïwenn
Abaca

Accusée d’avoir craché au visage d’Edwy Plenel, le rédacteur en chef de Mediapart, Maïwenn se défend : “Je ne cherche pas à esquiver”

Le 10 mai dernier, dans l’émission Quotidien de Yann Barthès, Maïwenn reconnaissait avoir craché au visage d’Edwy Plenel, le rédacteur en chef de Mediapart, qui avait finalement porté plainte contre la réalisatrice. Au cours d’une interview pour le JDD, elle est longuement revenue sur son geste, qu’elle s’était promis d’expliquer : “Je ne cherche pas à esquiver.  (...) Je ne reproche pas à Mediapart les enquêtes qu’ils ont menées concernant Luc Besson. Je leur reproche ce qu’ils m’ont fait à moi.”, parlant d’une agression de la part d’Edwy Plenel, qui la “travaille depuis deux ans.

Elle raconte sa rencontre avec la journaliste Marine Turchi à la suite de la publication d’enquêtes concernant Luc Besson entre 2019 et 2021 : “Elle avait cherché à me joindre effectivement, mais je suis étonnée qu’elle ne se soit contentée que d’un vieux mail (...) Elle m’écrit qu’elle souhaite entendre mon point de vue, que je peux lui faire confiance, que Mediapart respecte les mis en cause, les témoins, les plaignants, etc… J’accepte de la rencontrer dans un cadre strictement professionnel. Je suis très claire sur le fait que je ne veux pas prendre la parole. C’est juste une rencontre. Elle accepte (...) Sept mois plus tard. Janvier 2021, Paris Match sort un article de plusieurs pages sur Luc Besson avec une longue partie de ma déposition. Et en mars 2021, Marine Turchi publie, sans me prévenir, un article avec des bouts de mon audition. Tous à charge et utilisés de manière orientée. Dans ma vie, c’est un cataclysme” répond la réalisatrice.

J’ai ressenti un viol moral. J’ai fait un procès civil à Paris Match, je l’ai perdu au nom de l’information légitime du public. (...) Le procès ajoutait de la douleur à la douleur : j’ai décidé de ne pas faire appel et j’ai renoncé à attaquer Mediapart”, continue-t-elle. “Si rien ne justifie que l’on s’en prenne à un journaliste, rien ne justifie que l’on viole l’intimité d’une femme, qu’on trompe sa confiance. La justice, c’est arbitrer entre les interdits. Je vous laisse juge, mais, au fond de moi, je ne peux pas m’empêcher de penser que mon geste est bien peu par rapport à ce que j’ai subi. Sans compter le fait que la trahison vient d’une femme, qui a écrit un livre sur MeToo. (...) Edwy Plenel a demandé des excuses. J’ai proposé une discussion. Il a refusé. Il ne veut pas discuter, ni chercher à comprendre, mais simplement que je m’incline. Il veut nous placer dans un rapport de force, de dominant à dominé. C’est pour cela que j’ai refusé. C’est par la presse, en avril, que j’ai appris qu’il avait déposé plainte. (...) J’avais dit que je ne voulais pas prendre la parole, et ils ne l’ont pas respecté, c’est aussi simple que ça.” ajoute Maïwenn.

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Dans un billet de blog publié sur Le Club de Mediapart, la journaliste Lenaïg Bredoux s’est empressée de répondre à Maïwenn au nom du média : “Se défendre face à un entretien d’une grande complaisance : il y a de quoi hésiter. Mais dans la longue interview de la réalisatrice et comédienne Maïwenn publiée dimanche 11 juin par le Journal du dimanche, Mediapart est mis en cause sans aucun point de vue contradictoire. Notre journal n’a jamais été contacté, ni son président Edwy Plenel, ni le coresponsable du service enquêtes Fabrice Arfi, ni la journaliste Marine Turchi, pourtant tous·tes cité·es nommément dans cet interview de deux pages. (...) Elles ont alors un premier échange téléphonique de plus d’une heure le 8 octobre 2018. Elles se rencontrent ensuite le lendemain, au domicile de Maïwenn pendant près de 3h30.”

La réalisatrice demande que rien ne filtre de ces longs échanges. Nous avons respecté son choix. Nous n’en avons jamais dévié, ni à l’époque, ni depuis. Dans aucun des articles publiés sur cette affaire. Maïwenn le reconnaît elle-même dans le JDD.” continue Lenaïg Bredoux. “Le nom de Maïwenn ne figure ni dans le titre, ni dans le chapô, ni même dans les deux premiers tiers de cet article. Elle n’en est ni l’objet, ni le cœur : sur les 13 700 signes qu’il contient, seuls 1 800 portent sur les éléments que la réalisatrice a livrés à la justice dans le cadre de l’enquête préliminaire visant Luc Besson.

"Son audition avait été révélée par de nombreux médias plusieurs mois auparavant (dans Paris-Match, Le Point, Madame Figaro, dans la presse people). Il était donc inconcevable de ne pas mentionner à notre tour la version de Maïwenn. Si nous ne l’avions pas fait, on nous aurait reproché un article partiel, voire partial. Le reproche aurait pu être justifié. Comment oser alors parler de « viol moral » comme le fait Maïwenn dans le JDD ? Et pourquoi l'énoncer aujourd’hui à propos de Mediapart et pas des autres médias, deux ans après ? C’est absolument incompréhensible.” se défend le média.

Jeanne du Barry, de et avec Maïwenn, est actuellement en salle.