Affiches sorties de films mercredi 16 novembre 2022
Ad Vitam/ Jour2Fête/ StudioCanal

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
LES AMANDIERS ★★★★☆

De Valeria Bruni- Tedeschi

L’essentiel

Valeria Bruni- Tedeschi replonge dans ses années de formation sous la houlette de Chéreau dans les années 80 et signe un portrait vibrant de ce que constitue l'essence d'un comédien.

C’est à un Himalaya que s’attaque Valeria Bruni- Tedeschi. Raconter l’Ecole des Amandiers animée dans les années 80 par Patrice Chéreau. Une école aussi riche en admirateurs qu’en pourfendeurs dont elle fut une élève. Comment s’emparer d’un sujet aussi intime tout en l’inscrivant dans une époque (les années SIDA) et en dressant le portrait de ce métier de comédien, tel que le pensait Chéreau ? La cinéaste relève ce triple défi avec superbe car elle a gardé en elle la matrice de cet enseignement : une frontière poreuse entre ce qu’on est, ce qu’on vit et ce qu’on joue.

Mais ce qui se révèle le plus passionnant est la réflexion sur la manière d’être comédien, de vivre ce métier décidément pas comme les autres. Les Amandiers met des mots et des images sur ce que tant caricaturent propageant avec mépris cette idée des comédiens qui en feraient toujours trop, en représentation permanente. Elle creuse sous ce vernis- là, accompagnée par la caméra de Julien Poupard (Les Misérables) qui saisit à merveille ce bouillonnement permanent et cette bande d’acteurs phénoménale ici réunie, Nadia Tereszkiewicz en tête.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

PLUS QUE JAMAIS ★★★☆☆

De Emily Atef

Il est évidemment impossible de regarder ce film d’Emily Atef tel qu’elle et ses interprètes Vicky Krieps et Gaspard Ulliel l’ont rêvé et tourné. L’histoire d’Hélène et Mathieu, couple amoureux, percuté par la grave maladie d’Hélène et son choix de refuser de lutter contre la mort et de partir se ressourcer seule en Norvège qui sidère Mathieu. Car entre temps, Gaspard Ulliel s’en est brutalement allé et chaque scène où il apparaît si vibrant dans le rôle de celui qui va rester en vie et refuse la mort de celle qu’il aime nous renvoie à cette tragédie insupportable. Mais il serait mensonger de circonscrire l’émotion intense qu’on ressent devant Plus que jamais à cela. La puissance sensible de cette variation autour de la fin de la vie et de cette question sur la raison profonde pour laquelle on accepte d’affronter la maladie vont bien au- delà. Grâce à l’alchimie entre les deux comédiens. Et grâce au parti pris de la cinéaste de sublimer les corps pour célébrer le désir de son héroïne de profiter jusqu’à son ultime souffle du sien. La sensualité revendiquée de Plus que jamais contraste à merveille avec la tragédie à l’œuvre et nimbe le récit d’une lumière qui vous serre le cœur.

Thierry Cheze

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JUSTE UNE NUIT ★★★☆☆

De Ali Asgari

Evidemment ce deuxième long d’Ali Asgari trouve un écho dans le mouvement de révolte mené par les Iraniennes contre le port du voile obligatoire. Mais son origine remonte à 2014 et Baby, un court qu’il a eu envie de développer pour rendre le parcours de la combattante vécu par son héroïne encore plus haletant et donc insoutenable. Elle s’appelle Fereshteh. Encore étudiante, elle a eu un bébé avec un jeune homme qui a refusé de l’assumer. Elle l’élève donc seule, sans en avoir dit un mot à sa famille. Jusqu’au jour où ses parents annoncent qu’ils lui rendent une visite surprise. Fereshteh doit donc trouver un moyen de cacher ce bébé le temps d’une nuit. Le point de départ d’une odyssée où elle va se prendre en pleine figure la réalité de la condition des femmes en Iran, la puissance du patriarcat écrasant et la stratégie de la peur distillée par le régime qui pousse ses soutiens éventuels à refuser de lui prêter main forte. Cette course d’obstacles est menée tambour battant. Grâce à un scénario au cordeau et à une mise en scène caméra à l’épaule qui permet ressentir physiquement ce qu’elle vit. Et sa montée en angoisse ne connaît aucun temps mort jusqu’à son ultime plan, qui fait passer des frissons.

Thierry Cheze

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PREMIERES URGENCES ★★★☆☆

De Eric Gueret

Cela fait 30 ans qu’Eric Guéret (Le Feu sacré sur une usine luttant contre sa fermeture) réalise des documentaires en immersion qui racontent au plus près l’état de la société française. Avec Premières urgences, il est allé passer six mois au service des urgences d’un hôpital de Saint- Denis dirigé par le docteur Mathias Wargon pour y suivre le premier stage en internat de six étudiants en médecine. Comme Nicolas Philibert s’y était superbement employé avec De chaque instant, Guéret passe donc par le prisme de la vocation pour raconter la crise mortifère de l’hôpital public. Et le temps long du documentaire permet de montrer en détails les aberrations, les manques, les moments d’abattement comme la capacité de rebond et de combat de celles et ceux qui subissent au quotidien le manque de moyens. Le tout sans voix- off et à juste titre : ce docu édifiant se passe de tout commentaire.

Thierry Cheze

QUI A PEUR DE PAULINE KAEL ? ★★★☆☆

De Rob Garver

Pauline Kael, la légendaire critique ciné du New Yorker, a droit à son documentaire biographique et analytique, au même titre que les grands cinéastes dont elle chroniquait les films dans les années 60 et 70. Logique après tout, puisqu’elle contribua elle aussi à bâtir le Nouvel Hollywood – sa particularité étant de se servir d’une machine à écrire plutôt que d’une caméra. Ses fans les plus célèbres ont répondu à l’appel, de Paul Schrader (qui fut son disciple) à Tarantino. Elogieux, le film ne fait pas pour autant l’impasse sur les erreurs de jugement de Kael, sa cruauté aussi. Comme ce récit hallucinant d’un déjeuner où elle humilia publiquement David Lean, avec une violence telle que celui-ci décida d’arrêter le cinéma ! John Boorman, témoin de la scène, en tremble encore. Le recueil d’articles le plus célèbre de Pauline Kael ne s’appelle pas Kiss Kiss Bang Bang pour rien.

Frédéric Foubert

COMA ★★★☆☆

De Bertrand Bonello

Difficile d’avoir un avis tranché devant l’ovni proposé ici par Bonello tant on ne cesse d’y osciller entre fascination et ennui tout en se disant que c’est précisément ce chaos permanent que recherche le cinéaste. On vit ce film dans la tête d’une ado confinée, au gré de ses rêves et de ses cauchemars, alors que son seul rapport au monde extérieur est celui qu’elle entretient avec une Youtubeuse encore plus étrange qu’elle. On a du mal à saisir où veut nous emmener Bonello. Mais en mêlant reconstitution d’un sitcom avec des poupées Barbie et Ken, extraits de L’Enfer de Clouzot, lecture d’une lettre à sa fille à qui Coma est dédié, plans de rues filmées par des caméras de surveillance, fragments de textes de Deleuze, il développe à l’écran un climat lynchien dans un geste de plasticien, où son travail sur la lumière comme sur les sons rend ce puzzle aussi abscons qu’impressionnant.

Thierry Cheze

BLACK IS BELTZA II: AINHOA ★★★☆☆

De Fermin Muguruza

Drôle d’objet que ce film d’animation basque (c’est une suite, mais pas besoin d'avoir vu le premier Black is Bletza sorti en mai 2019 chez nous dans une seule salle, semble-t-il) adapté d’une BD. De Cuba à Kaboul en passant par Marseille, c’est l’histoire d’une jeune métisse suivant une enquête chaotique mêlant trafic de drogue, barbouzes, complots politiques et terrorisme à la fin des années 80. Imaginez la rencontre entre American Death Trip de James Ellroy avec les visuels de GTA : Vice City sur fond de musique punk et d’affirmation politique d’extrême-gauche -avec une généreuse dose de violence et de sexe pour lier le tout. Oui, drôle d’objet, mais au fond plutôt cohérent, et même carrément tripant. Amateurs, amatrices de tous pays, unissez-vous, et foncez le voir. Petit bonus marrant : Corto Maltese fait un caméo dans le film, saurez-vous le retrouver ? 

Sylvestre Picard

UNE COMEDIE ROMANTIQUE ★★★☆☆

De Thibault Segouin

Pour son premier long métrage de réalisateur, Thibault Segouin (co-scénariste de Guy) met en scène un quadra qui a toujours fui ses rêves (gagner sa vie comme chanteur) comme ses responsabilités par peur sans doute d’échouer. Et qui, après avoir disparu du jour au lendemain sans explication trois ans plus tôt, retrouve son ex et se découvre papa d’une petite fille… de 3 ans. Tant dans le ton que dans la belle lumière de Marie Demaison (la première assistante opératrice de Perdrix), le film se joue avec malice des codes de la comédie romantique. Mais la légèreté profonde qui domine ce récit s’appuie aussi sur son duo de comédiens. Alex Lutz et Golshifteh Farahani n’avaient jamais travaillé ensemble et cette première fait des étincelles. Dans les cris, les éclats de rire comme dans les larmes. Les ruptures de ton font partie de leur ADN et donnent au récit le charme fou de l’inattendu.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

RESTE UN PEU ★★☆☆☆

De Gad Elmaleh 

Depuis Coco en 2009, Gad Elmaleh n’était jamais repassé derrière la caméra. Et Reste un peu marque un virage à 180 degrés, minimaliste, largement autobiographique, entouré de ses proches. Gad joue… Gad de retour des USA dans un but que ce fils d’une famille juive sérafade très pratiquante n’ose avouer aux siens : se convertir au catholicisme. Dans un monde où rire de tout sans se prendre des coups vire au chemin de croix, s’emparer du sujet de la religion ne manque pas de panache. Il trouve le ton pour en rire et sourire, en maniant l’autodérision et forçant le trait quand il le faut. Comme comédien, il n’a jamais semblé aussi à l’aise, même si son père David, exceptionnel, lui vole la vedette. Dommage qu’une fin soudain moins fluide et qu’une réalisation sans relief abîment le geste. Mais ce pas de côté où il y a pas mal de coups à prendre vaut le coup d’œil.

Thierry Cheze

LA MAISON ★★☆☆☆

De Anissa Bonnefont

En 2019, Emma Becker signait avec La Maison, une autofiction audacieuse, fruit de ses deux ans et demi à se prostituer dans des bordels berlinois. Pour ses débuts dans la fiction, l’autrice du formidable docu Wonder Boy, Olivier Rousteing, né sous X n’a pas choisi la facilité en se lançant dans son adaptation. Car une fois passée la sidération de ce qu’Emma Becker avait entrepris de faire, ce sont sa langue, son sens des descriptions au scalpel qui faisaient le sel de son livre. Il y a dans La Maison une dimension littéraire indissociable que le cinéma ne peut représenter. Et nul miracle, elle manque à ce film où Anissa Bonnefont réussit cependant un autre défi pas moins complexe : montrer, explorer crûment les corps (à commencer par celui de son héroïne, incarnée par Ana Girardot, impressionnante d’abandon et de justesse) sans verser dans le glauque ou la provoc’ facile.

Thierry Cheze

LES FEMMES DU SQUARE ★★☆☆☆

De Julien Rambaldi

Dans un cinéma français souvent caricaturé comme hors sol, nul ne se plaindra de voir des cinéastes s’emparer de la question des réfugiés. Dans Ils sont vivants, Jérémie Elkaïm l’a traité sous l’angle d’une histoire d’amour. Dans Les Survivants (le 4 janvier), Guillaume Renusson passera, lui, par le prisme du survival. Mais pour ses débuts de cinéaste, l’autrice Emilie Frêche a choisi de rester collée à son sujet : un homme qui, après avoir percuté par accident un jeune exilé poursuivi par la police, va s’engager à l’aider quoi qu’il lui en coûte. En prenant ce parti, son film se met directement en concurrence avec les docus sur le même thème. Et à ce petit jeu, la fiction se révèle perdante. Faute à une mise en scène insuffisamment saillante et au fait que trop de dialogues paraissent avant tout s’adresser aux spectateurs et sonnent factices dans la bouche de ceux qui les échangent.  

Thierry Cheze

ARIAFERMA ★★☆☆☆

De Leonardo Di Costanzo

Une prison sarde en cours de démantèlement où sont réunis des matons et une douzaine de détenus. Un climat propice à la violence mais qui va voir l’humanité reprendre ses droits. Un face à face magistral entre deux acteurs d’exception Toni Servillo (en chef des surveillants) et Silvio Orlando (en boss mafieux). Dommage que ce huis clos prenant voit son intensité abimée par la tendance de son réalisateur à étirer artificiellement son propos, source de trous d’air d’ennui.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

DU CREPITEMENT SOUS LES NEONS ★☆☆☆☆

De FGKO 

Quatre ans après le très remarqué Voyoucratie, le duo Fabrice Garcon- Kevin Ossona (alias FGKO) signe un nouveau thriller noir en mode guérilla (seulement 26 jours de tournage) avec comme héros, campé par Jérémie Laheurte (La Vie d’Adèle), un jeune homme placé sous contrôle judiciaire qui, pour réunir l’argent indispensable au changement de vie dont il rêve, accepte de convoyer de France en Espagne une jeune Nigérienne, prisonnière d’un réseau de prostitution. Et si on ne peut nier l’ambition visuelle plutôt convaincante en dépit de l’absence de moyens, Du crépitement sous les néons souffre d’un récit trop cousu de fil blanc, tant dans ses rebondissements téléphonés que dans ses personnages réduits à des archétypes sans jamais s’en libérer.

Thierry Cheze

LES ENGAGES ★☆☆☆☆

De Emilie Frèche 

Dans un cinéma français souvent caricaturé comme hors sol, nul ne se plaindra de voir des cinéastes s’emparer de la question des réfugiés. Dans Ils sont vivants, Jérémie Elkaïm l’a traité sous l’angle d’une histoire d’amour. Dans Les Survivants (le 4 janvier), Guillaume Renusson passera, lui, par le prisme du survival. Mais pour ses débuts de cinéaste, l’autrice Emilie Frêche a choisi de rester collée à son sujet : un homme qui, après avoir percuté par accident un jeune exilé poursuivi par la police, va s’engager à l’aider quoi qu’il lui en coûte. En prenant ce parti, son film se met directement en concurrence avec les docus sur le même thème. Et à ce petit jeu, la fiction se révèle perdante. Faute à une mise en scène insuffisamment saillante et au fait que trop de dialogues paraissent avant tout s’adresser aux spectateurs et sonnent factices dans la bouche de ceux qui les échangent.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Alaska, l’aventure à skis, de Gabriele Carleti

Le Défi de Noël de Florian Hessique

Noël avec les frères Koalas de Tobbias Fouracre

La Promesse du lendemain, de Edouard Carrion

 

Les reprises

Autour de minuit, de Bertrand Tavernier

Cadavres exquis, de Francesco Rosi

Main basse sur la ville, de Francesco Rosi