Eddie Murphy : ''Un come-back ? Bof''
Première/Amazon

"Je fais du cinéma depuis quarante ans, je n’étais parti nulle part !'', répond l'acteur quand on lui parle de son grand retour dans Un Prince à New York 2.

Eddie Murphy est en couverture du nouveau magazine Première (n°516, mars 2021). A l'occasion de la sortie de la suite d'Un Prince à New York sur Amazon Prime, l'acteur et producteur revient sur sa carrière, évoquant autant ses succès que ses échecs. Mais ne lui parlez pas de ''come-back'' ! S'il reconnaît s'être éloigné des écrans pendant quelque temps, il ne considère pas faire son ''grand retour'' avec cette suite de l'un de ses gros succès des années 1980. Voici un extrait de son interview à retrouver en entier dans les kiosques ou en achetant ce numéro en ligne.

Au sommaire de Première n°516 : Eddie Murphy, hommage à Jean-Pierre Bacri, Marina Foïs, Chloé Zhao, Bob Odenkirk...

PREMIÈRE : De Dolemite is my name à Un prince à New York 2, en passant par votre retour triomphal au Saturday Night Live fin 2019, on a l’impression d’assister au come-back d’Eddie Murphy… C’est aussi comme ça que vous le vivez ?
EDDIE MURPHY : Un come-back ? Bof, non, j’avoue que je n’aime pas trop cette idée… Je fais du cinéma depuis quarante ans, je n’étais parti nulle part ! Cela dit, je veux bien t’accorder que j’ai fait un petit break. J’avais d’ailleurs donné cette interview à Rolling Stone, en 2011, où j’annonçais que j’allais lever le pied. Ça ne devait durer qu’un an ou deux et, bon, il se trouve que je n’ai pas tourné pendant huit ans ! (Rires.) À l’exception de ce petit film indé, Mr. Church. Donc, OK, je peux comprendre que tu aies l’impression que je suis de retour. Même si je ne vis pas ça du tout comme un come-back, qui me paraît être un terme un peu ronflant.

Quand même : dans tous les choix que vous avez faits ces derniers temps, on sent l’envie de renouer le dialogue avec les spectateurs qui ont grandi avec vous dans les années 80, qui ne s’intéressaient pas trop à vos films pour enfants et qui avaient du coup un peu perdu le fil de votre carrière…
Écoute, voilà comment ça s’est passé : j’étais en train de buller dans mon canapé, mes batteries étaient enfin rechargées, et j’ai fini par me dire que je ne pouvais décemment pas laisser ma filmographie dans l’état où elle était. Je n’allais quand même pas finir ma carrière sur Pluto Nash ou Appelezmoi Dave ! (Rires.) Il fallait que je revienne à des projets qui me faisaient vraiment marrer, que ce soit fun à faire, pour pouvoir partir en beauté, et revenir sur mon canapé. On a donc élaboré ce plan d’attaque : d’abord Dolemite is my name, puis un passage au Saturday Night Live, ensuite Un prince à New York 2, et enfin mon retour au stand-up. Entre-temps, la Covid a frappé et mes projets de stand-up ont été remis à plus tard. Mais ça a plutôt bien commencé : Dolemite a été bien reçu, le Saturday Night Live aussi, j’ai même gagné un Emmy Award pour ça.

Vous enchaînez donc avec cette suite d’Un prince à New York, qui est l’un de vos plus gros hits, le climax de votre âge d’or. Et c’était un projet personnel. C’est vous qui en avez eu l’idée, vous qui avez fait appel à John Landis…
Oui, j’étais sur la route, dans le tour bus, je venais de rompre avec ma copine, j’étais au sommet de mon succès, au milieu des années 80, et je rêvassais à l’idée de rencontrer une fille qui n’aurait jamais entendu parler de moi, qui ne connaîtrait pas le Eddie Murphy en costume de cuir… C’est parti de là. Mais attention, hein, il ne faut pas minimiser le travail de John Landis ! Si Un prince est devenu un classique, c’est grâce à lui. À cette époque, John Landis était le roi de la comédie. The man ! American College, Les Blues Brothers, Le Loup-Garou de Londres, Un fauteuil pour deux… Une suite de hits impressionnante, non ? Un prince à New York, c’est vraiment son film.

Et l’horizon après ça, le but ultime, c’est de revenir buller sur votre canapé ?
Et comment ! (Rires.) Si je fais encore du cinéma dans le futur, ce sera pour des occasions vraiment spéciales, je ne me vois plus enchaîner deux ou trois films par an. Je vais retourner buller, oui, mais cette fois-ci avec le sentiment du devoir accompli. La raison pour laquelle j’ai levé le pied et pris du temps pour moi, je te l’ai dit, c’est que je n’aimais plus les films que je tournais. J’ai fait quelques films de merde, des trucs vraiment déprimants. Donc j’ai dit stop. Je ne voulais pas que ma carrière se résume à : « Il a fait tous ces hits incroyables, puis quelques films à la con, et rideau. » Non, je voulais dire aux gens que je peux toujours les faire marrer, leur rappeler les raisons pour lesquelles ils m’aimaient à la base. Mais d’une certaine façon, j’ai l’impression que j’ai passé ma vie à faire ça, à me rappeler au bon souvenir du public tous les dix ans.
Propos recueillis par Frédéric Foubert

Bande-annonce d'Un prince à New York 2 :


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