Toutes les critiques de Vivarium

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Lorcan Finnegan a de la suite dans les idées. L’Irlandais prolonge ici son court métrage Foxes, qui explorait – déjà en mode surnaturel – le phénomène des lotissements fantômes dans son pays. Imaginez le village du Prisonnier entièrement vide et revisité par le peintre Magritte et vous aurez une petite idée du lotissement dans lequel s’aventure un jeune couple, incarné par Imogen Poots et Jesse Eisenberg. Par la suite, l’agent immobilier, qui leur fait visiter une maison à vendre, disparaît et ils se retrouvent enfermés dans un labyrinthe à ciel ouvert, leur voiture les ramenant inlassablement devant ladite maison. Le piège se referme et l’angoisse va décupler quand, après une nuit passée sur place, ils trouvent sur le palier un paquet contenant un bébé et un petit mot leur indiquant qu’ils seront peut-être libres s’ils l’élèvent ! En disciple de La Quatrième Dimension et de Black Mirror, Vivarium part d’une question sociétale concrète pour développer un récit de science-fiction surréaliste. Avec une dose d’humour noir savamment distillée et une direction artistique soignée, Finnegan raconte ce qui nourrit les angoisses des jeunes trentenaires dans un monde de plus en plus incertain : ce besoin impérieux de trouver un toit pour se préserver du risque du déclassement et la pression d’être des parents parfaits même si ce sentiment paternel ou maternel leur est étranger. Dire qu’il révolutionne le genre serait mentir. Mais il réussit l’essentiel : installer et maintenir un climat angoissant sans jamais faire sursauter gratuitement le spectateur.