Toutes les critiques de Stay

Les critiques de Première

  1. Première
    par Mathieu Carratier

    Evoluant dans un New York un peu trop glauque et géométrique pour être vrai, Ewan McGregor peine à recoller les morceaux de la vie de son patient pour tenter de comprendre son envie de mourir. De l'autre côté de l'écran, on est aussi paumé que lui, jusqu'aux toutes dernières minutes du film (...) Stay devient alors une envoûtante expérience de cinéma, parcourue d'images saisissantes et dominée par la performance de Ryan Gosling, le Tiger Woods de la comédie.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Prenez un psychiatre new-yorkais, un patient suicidaire, des décors sombrement contemporains, une relation étrange où se mêlent fusion, curiosité, devoir, danger. Noyez le tout d'une bonne mesure d'étrangeté. Secouez dans un shaker pas trop usagé. Ensuite ne cherchez surtout pas à distinguer les éléments. Goûtez sans en attendre la lune, mais sans bouder votre plaisir non plus. C'est un nouveau cocktail, ça s'appelle Stay.
    Brillant psychiatre, Sam Foster (Ewan McGregor) a une petite amie (Naomi Watts) qu'il a sauvée du suicide, et un nouveau patient nommé Henry (Ryan Gosling) dont le cas est très stimulant. Etudiant en arts, ce dernier est si fasciné par un certain peintre répondant au drôle de nom de Tristan Rêveur qu'il a décidé de suivre son triste exemple. Le topo : se suicider le jour de ses vingt-et-un ans, sur le pont de Brooklyn. Romantique ? Pas selon Sam, qui n'aura de cesse de coller au train de son jeune patient pour lui sortir cette idée de la tête. Une tâche singulièrement ardue lorsque tout prend soudain un caractère étrange, tortueux, imbriqué, bref, tout droit sorti de l'esprit d'un fou.Dans Stay, les cadres ne sont pas droits. Déséquilibrés, ils fuient comme la peste le parfait horizontal, qui serait hors sujet ici. Engoncé dans son costume trop court, perdu dans une réalité qui s'effrite, s'enfonçant progressivement dans une dimension où les repères habituels n'ont plus cours, le personnage de Sam Foster vit un épisode hors de toute norme, habilement imagé par ce traitement de biais. Ainsi les axes se déglinguent allègrement, la caméra érigeant en principe cette prise de vue de travers, tandis que le fil narratif devient de plus en plus ténu. Pour finir de brouiller les pistes, les transitions d'une scène à l'autre s'effacent, perturbant les indices temporels, condensant et mélangeant tout, lieux, actions, personnages, folie comme réalité. En revanche, la multiplication des gros plans donne sans doute une indication utile : nous sommes dans sa tête. Mais celle de qui ? Sam ou Henry ? Les deux peut-être...Entre la folie et le bon sens
    Tout est ici question de perception. Un thème cher à Marc Forster, déjà au coeur de ses deux précédents longs métrages, A l'ombre de la haine et Neverland. Dans le premier, le racisme était abordé comme une problématique liée à la perception de l'autre, alors que le second s'intéressait à la réalité perçue comme nourriture de l'imagination. Cette fois, le réalisateur met en regard la folie et le bon sens comme deux façons d'appréhender une même réalité, avec entre elles une frontière bien mince. Comment être sûr de l'existence de ce qu'on perçoit ? Doit-on croire ce que l'on voit ? La question s'adresse aussi bien aux protagonistes qu'au spectateur, plongé dans une marée de plus en plus opaque, une confusion savamment orchestrée. Permanente distorsion de la réalité donc, comme un dialogue intérieur à plusieurs voix qui ne collent pas, Stay file à toute allure vers l'incompréhensible. Est-ce un mal ? Non, dans la mesure où le film tient fermement son sujet, accordant la forme au fond avec une vraie cohérence. Oui, si l'on considère certains excès de style maladroits, faciles ou déjà vus, qui en exaspéreront certainement plus d'un.Reste que d'un bout à l'autre Stay sait capter l'intérêt, dispenser quelques bonnes idées de mise en scène, épaissir son atmosphère, tout en s'affranchissant d'une trop grande évidence dans le propos. Destins catapultés, deux personnages en un, délire de celui qu'on croyait sain, mais qui donc est le plus fou ? On s'interroge sans jamais trancher. Par chance, le dénouement ne déçoit pas. Intéressant sans cependant tout clarifier, il propose une version des faits assez originale pour compenser la gêne due aux quelques interrogations qu'il ne parvient pas à lever. Ce qui est probablement volontaire.Stay
    Un film de Marc Foster
    Avec : Ewan McGregor, Naomie Watts, Ryan Gosling, Bob Hoskins, Kate Burton.
    Etats Unis, 2006 - 100 mn
    Sortie en salles (France) : 26 juillet 2006[Illustrations : © Regency Enterprises]
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