Toutes les critiques de Smiley Face

Les critiques de Première

  1. Première
    par Mathieu Carratier

    Comme l'exige la tradition de la stoner comedy, Anna Faris va vivre tout, et surtout n'importe quoi, croisant des fans enfumés de Star Trek, un coloc passablement dérange et l'exemplaire original du maniifeste du parti communiste. Evidemment, ce n'est pas le pourquoi qui compte mais le comment, domaine dans lequel le cinéaste excelle comme personne (rythme stoboscopique, plans hallucinogènes, humour décalqué, bande-son criblée de bombes électros...).

Les critiques de la Presse

  1. Télérama
    par Cécile Mury

    S'il ne restait qu'une seule image de cette comédie envapée, trépidante et cahotante sarabande de gaffes, bévues et hallucinations, ce serait, en très gros plan (incliné), la bouille ahurie de la blonde Anna Faris (vue dans Scary Movie et aperçue dans Lost in translation). Explosive combinaison d'un physique à la Britney Spears et d'un extraordinaire talent comique, à base de mâchoire décrochée et de gesticulations hasardeuses, elle compose un personnage inédit, la première bimbo burlesque, un irrésistible clown sous influence.

  2. Fluctuat

    Film apparemment aussi peu ambitieux que son héroïne catastrophe scotchée à l'herbe, Smiley Face pourra surprendre après le beau et pudique Mysterious Skin. Pourtant, loin de la comédie potache propre à un genre du vidéo club, Gregg Araki réalise un film fidèle à son univers et donne à Anna Faris un rôle burlesque prouvant la mesure de son talent.
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    - Exprimez-vous sur le forum cinémaQuiconque a suivi la filmo de Gregg Araki sait que Mysterious Skin tenait du miracle. D'un enchantement où l'accomplissement formel, né d'années d'expérimentations plus ou moins heureuses, embrassait avec le plus juste équilibre un sujet à la gravité pesante. Cette délicatesse de chaque instant aux contours du cinéma d'Araki, cette manière d'emmitoufler ses images dans ce cocon doux et mélancolique d'une déjà post-adolescence, Mysterious Skin en était une sorte d'apothéose réconciliant les aléas trash et exhibitionnistes des débuts (The Doom Generation, Nowhere) avec une sensibilité à fleur de peau qui a toujours été au centre de son oeuvre.Smiley Face s'aventure sur un tout autre terrain. Conçu comme un bol d'air après Mysterious Skin, le film rappelle la première période du cinéaste, dans une version plus lumineuse mais non moins débridée. À partir d'un sous-genre peu connu ici, la stoner comedy, ou comédie de fumeurs de joint (Cheech and Chong et plus récemment Harold and Kumar), Araki invente un film trip sur la journée d'une loseuse finie, Jane, qui après avoir mangé les cakes de l'espace de son colocataire totalement nerd, traverse la ville pour trouver un moyen de rembourser son dealer et régler d'autres problèmes invraisemblables tels que restituer un original du Manifeste du parti Communiste. Nulle intention toutefois de s'inscrire dans la lignée du genre, quoique les mécanismes comiques, qu'ils le prétendent ou non, n'en soient jamais très loin. C'est d'ailleurs ce qui gêne un peu avec Smiley Face, sa volonté de se démarquer de la stoner comedy alors qu'il en emprunte pourtant fréquemment ses fonctions (anecdotes prosaïques, normalité rendue absurde, paranoïa burlesque). Néanmoins, s'il use de procédés parfois attendus, le film réussit par un mélange entre cartoon et réalisme, à créer une intéressante et joyeuse continuité bordélique propre à cette virée dans L.A.En faisant le portrait de cette marginale stupide et déphasée dans laquelle Anna Faris excelle, Araki réussit à faire bafouiller la réalité pour resituer le sujet. En usant des décalages grotesques et autres visions désastreuses de son héroïne, il crée une narration flottante, pleine de faux accidents et de reconfiguration permanente. Construit comme un périple où Jane s'invente ponctuellement de nouvelles quêtes ridicules, Smiley Face épouse la trajectoire confuse de son personnage avec cette affection candide qui rend le moindre gag hermétique à l'ironie ou au cynisme. Cette littéralité joue en la faveur d'Araki et lui évite la débilité menaçante de certaines situations où la grossièreté d'Anna Faris pourrait atteindre des limites. Au contraire, il sait encore séduire et justifier ses choix avec son esthétique teenage où chaque parenthèse illustre les pensées protéiformes de Jane tout en s'adjuvant une universalité propre au délire hallucinogène. En cela, il chuchote un air complice destiné à ceux qu'il dessine avec son personnage, tout en concluant par une dernière virgule faussement morale qui prend le risque d'être mal interprété. Au final, Smiley Face appartient bien à Araki, chez qui l'être invente sa propre cosmogénèse, ses méthodes de fuite du réel (ici la drogue pourrait être troquée par autre chose), au risque d'une irresponsabilité et d'un égoïsme dont il se moque car c'est ce qui produit son originalité et définit sa personnalité. Derrière la comédie faussement potache et décomplexée se cache bien, encore une fois, une mini fable existentielle. Smiley Face
    De Gregg Araki
    Avec Anna Faris, Adam Brody, Matthew J. Evans
    Sortie en salles le 16 janvier 2008Illus. © Memento Films
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  3. Après le tourmenté Mysterious Skin, Gregg Araki change de registre et nous offre sa vision de la « stoner comedy » (comédie défoncée). Jane (Anna Faris) actrice spécialisée dans la glande décide par fainéantise d’engloutir les gâteaux qu’a laissé traîner son coloc’. Alors qu’elle pensait ingurgiter une dizaine de muffins, elle vient de s’enfourner des space cake. Les tribulations de notre amie peuvent commencer. Smiley Face fait un peu pâle figure face au film de beuh culte, Eh Mec, elle est où ma caisse. Certes le scénario regorge d’idées originales, mais elles sont souvent mal exploitées. Heureusement, Anna Faris fait étalage de ses mimiques incroyables et reste fidèle à ce qu’elle fait si bien dans la saga Scary Movie. Pas de grande surprise pour un film sympathique, mais que l’on appréciera peut-être à sa juste valeur si l’on est dans un état proche de celui de son héroïne.

  4. Le Monde
    par Jean-François Rauger

    La qualité majeure de cette comédie réside dans une certaine capacité à utiliser la paranoïa consécutive à l'état de son personnage pour décrire une Californie inquiétante ressemblant à un faux Eldorado, sans cesse hanté par la possibilité de la répression de tout ce qui ne se conformerait pas à un modèle de mesure. Peinant parfois à tenir la distance du long métrage, le film souffre d'une difficulté à trouver des comparses et des seconds rôles à la hauteur de son actrice principale.