Toutes les critiques de La langue des papillons

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Le titre est intrigant. Saviez-vous que le lépidoptère insecte frivole, roi de l'infiniment petit, a un langage particulier au milieu des fleurs ? Le tout est de le regarder bouger et sa danse prend tout un sens. Sous l'égide d'un vieil instituteur attentionné, des petites têtes blondes font classe nature, fascinés par la langue des papillons. Nous sommes en Espagne républicaine, celle d'avant Franco. Les enfants ne sont pas encore enrôlés par des organes de pensée unique, et les instituteurs athés ne sont pas encore lapidés.
    L'affiche est attirante. Un petit homme haut comme trois pommes, une pierre à la main et les sourcils froncés, semble exprimer une colère justifiée.
    Pris entre ces deux extrêmes, le film penche davantage du côté fleur bleue. Dans une esthétique digne des pires téléfilms, il se complait dans un trop long développement fade et inutile. Si fastidieux qu'il devient trop facilement attaquable. On pourrait en effet s'attarder sur les jolis plans, les paysages bucoliques et les figures enfantines archétypales. On pourrait dénoncer l'ennui profond éprouvé devant de telles images. Pourtant cet ennui ne se voulait apparemment pas gratuit. Il est vraisemblable que ce film avait l'ambition d'être ambigu, de montrer comment toute dictature se nourrit d'âmes restées naïves bien qu'elles aient eu la chance d'avoir reçu une éducation laïque et républicaine. Dans un dernier plan, l'élève parfait se retourne contre son maître et lui jette des pierres, participant au lynchage organisé, comme tous les autres villageois ignares et incultes.Si les toutes dernières secondes donnent au film une autre dimension, on se demande pourquoi le film ne commence pas là. Si dans cette fin ne réside pas le véritable propos du réalisateur, et si nous ne sommes pas alors face à une oeuvre ratée. On se demande alors s'il faut le voir ne serait-ce que pour sa seule conclusion ou rendre au réalisateur une copie à refaire. Sans oublier qu'il ne faut jamais traiter la dictature à la légère, on pencherait plutôt pour la seconde solution.La Langue des Papillons
    De José Luis Cuerda
    Avec : Fernando Fernan Gomez et Manuel Lozano Obispo
    Espagne, 1999, 1h35.