Toutes les critiques de L'amour sans preavis

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Hugh Grant et Sandra Bullock sont des habitués des bluettes sentimentales. Leur présence au générique, sous un tel titre, ne laisse guère d'espoir : encore une histoire d'amour reprenant les clichés éculés entre deux êtres que tout oppose...au départ. Heureux producteurs, mais malheureux spectateurs, qui risquent de s'ennuyer ferme devant un spectacle aussi feignant.
    Il était une fois, à New York, une jeune avocate, Lucy Kelson (Sandra Bullock), qui s'engageait pour des causes sociales ou culturelles. Détachée de toute forme de matérialisme (et de bon goût), elle ne risquait guère d'attirer l'attention du Prince de la Ville, un certain George (Hugh Grant), grand séducteur dirigeant, avec son frère, un énorme empire financier. Mais que croyez-vous qu'il arriva lorsque celui-ci, à la recherche d'une avocate efficace, croisa sa route pour une toute autre raison ? Faisant fi de leurs différences, il l'engagea, bien sûr, pour qu'un énième film à l'eau de rose puisse dérouler sa bobine cousu de fil blanc.Hugh Grant et Sandra Bullock sont de tels habitués des bluettes sentimentales que l'on est presque étonné de constater qu'il s'agit de leur première collaboration. Leur présence au générique, sous un tel titre, ne laisse guère de place à quelconque espoir : il s'agit bien d'une histoire d'amour reprenant les plus communs des clichés entre deux êtres que tout oppose...au départ. Les producteurs, bénéficiant du conditionnement médiatique lié à la Saint-Valentin, seront certainement plus heureux que les spectateurs sortant de la salle, exception faite de ceux qui auront entraînés leurs potentielles conquêtes dans l'espoir de décrocher un baiser : l'ennui aidant, ils pourraient bien parvenir à leurs fins.D'un tel film, on n'attend pas ou peu de miracles. La mièvrerie rôdant toujours aux alentours, le genre est plutôt délicat, voir casse-gueule. Pour éviter de sombrer, quelques ingrédients sont recommandés : une caméra enjoué, un scénario bien écrit, des dialogues justes et incisifs, des personnages secondaires attachants et décalés. C'est ainsi que la légèreté bon enfant de Quatre mariages et un enterrement ou de Coup de foudre à Notting Hill est parvenu à séduire nombre de réfractaires.Le premier film de Mark Lawrence n'est pas une réussite car il ne répond que très partiellement à ces critères et, bien sûr, n'en invente aucun autre susceptible de nous surprendre. Tout d'abord, sa façon de filmer est transparente et s'apparente plus à un téléfilm de moyenne facture qu'à un honnête divertissement des salles obscures. Sans éclat, sa réalisation reste plate et ne permet jamais à son film de décoller. Ainsi, aucune idée d'ellipse ne vient souligner le passage du temps. Celui-ci est rendu par des inserts donnant l'impression de feuilleter un livre épais : bref, rien n'est fait pour alléger le récit. Les scènes s'emboîtent, avec plus ou moins de bonheur, reprenant les passages obligés de la comédie sentimentale comme on énumère les sous-préfectures au tableau : avec ordre, lenteur et peine.
    Quant aux personnages secondaires, ils manquent de consistance pour nous intéresser. C'est particulièrement dommage pour les parents utopistes de l'avocate qui recelaient un vrai potentiel de sympathie.Heureusement, quelques répliques incisives fussent, ici et là, et font naître un sourire indulgent. C'est à peu près le seul argument de ce fade marsh-mallow qui ne donne même pas envie de jeter la pierre aux interprètes principaux tant ils sont, et restent, dans le registre qui leur sied. Une mention spéciale pour Hugh Grant qui manie l'humour pince-sans rire avec un indéniable talent. On le sait depuis dix ans et on en vient à douter qu'il sache faire autre chose. Pourtant, il est difficile de penser qu'un homme capable de se faire surprendre par la police, pantalon baissé, avec une prostituée de bas étage, alors qu'il vit avec une des plus belles femmes du monde, ne possède pas un soupçon de génie, non ? Mais, c'est décidément le privilège des stars que d'avoir une vie plus excitante que le(ur) cinéma.L'amour sans préavis
    Réal.: Mark Lawrence
    E-U, 1H41, 2002.
    Avec Sandra Bullock et Hugh Grant.
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