Toutes les critiques de Eden à l'ouest

Les critiques de Première

  1. Première
    par Veronique Le Bris

    Que Costa-Gavras s’intéresse au destin des clandestins en Occident, rien de plus naturel. Qu’il le fasse sous la forme d’une fable l’est moins et pas sa meilleure idée. Un jeune immigrant franchit donc la Méditerranée avec l’intention de rejoindre Paris. Son voyage s’avérera un calvaire, parsemé de quelques bonnes idées de réalisation. Comme cet atterrissage chez les nudistes permettant au jeune homme de se fondre dans la masse touristique.

Les critiques de la Presse

  1. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Plus que le portrait d’un clandestin, le réalisateur généreux de « Z », de « Missing » et de « Amen » révèle dans cette fable réaliste mais pas misérabiliste, nos comportements face à l’étranger. La solidarité de quelques-uns (l’occasion d’une très jolie scène avec Annie Duperey) l’emporte sur l’ignominie d’autres (les vacanciers organisant un grand jeu de chasse aux immigrés), quelques mots de français clamés comme un baroud d’honneur : un film qui ne désespère pas de la solidarité humaine.

  2. Fluctuat

    Racontant le voyage jusqu'à Paris d'un jeune immigré, Costa-Gavras mêle road-movie universel et évocation de la politique française d'immigration. Ambitieux, cet Eden à l'Ouest alterne bonnes et mauvaises idées.Quatre ans après Le Couperet, revigorant thriller social, le réalisateur aux 40 ans de carrière continue d'apposer des thématiques politiques brûlantes sur des genres cinématographiques définis. Il choisit ici le schéma du road-movie - ses grands espaces, ses dangers et ses rencontres initiatiques - pour aborder le rapport qu'entretient l'Europe à la question de l'immigration.Pour ce faire, Costa-Gavras et son scénariste Jean-Claude Grumberg (Le dernier métro, Amen) ont choisi un héros sans nationalité déterminée (une langue spéciale a même été inventée pour les besoin du film). Composant un archétype du déracinement, Elias (Riccardo Scamarcio, déjà excellent dans Mon frère est fils unique) est un personnage candide et rêveur, héros universel d'une fable qui rappelle certains films de Charlie Chaplin. Mais ainsi dénuée de toute histoire personnelle, la figure d'Elias manque de réalisme.Totalement centré sur les impressions de son personnage, Costa-Gavras propose quelques imposants blocs filmiques, comme cette longue déambulation dans un club de vacances pour nudistes. Traqué par la police des frontières, Elias se fond dans une communauté de touristes hauts en couleur et doit enfiler différents costumes pour passer inaperçu. Burlesque et rythmée, cette partie laisse ensuite place à un scénario plus attendu, succession mécanique de bonnes et de mauvaises rencontres qui dessinent une galerie humaine autant capable de mesquinerie que de solidarité.Bénéficiant d'une mise en scène appliquée, Eden à l'Ouest manie différentes idées, d'une pertinence inégale. Le thème de la marchandisation du corps n'est ainsi pas toujours traité avec subtilité. Insistant parfois lourdement sur la fonction de « proie sexuelle » qu'expérimente Elias, le cinéaste donne contre son gré une vision ambiguë de l'homosexualité (le personnage d'Eric Caravaca abuse ainsi sauvagement d'Elias dans une buanderie glauque).Heureusement, ces quelques maladresses sont rattrapées par la cohérence de la menace policière. Tout comme il faisait de la présence publicitaire un arrière-fond récurrent du Couperet, Costa-Gavras organise dès l'arrivée en France un quadrillage policier de l'espace, virtuose et efficace. Le réalisateur le dit lui-même : « Dans beaucoup de pays en Europe, la police n'est pas aussi omniprésente qu'en France. Quand on vient de l'étranger, ça saute aux yeux, puis on s'habitue ». C'est par ce biais précis que Costa-Gavras réussit à nous immerger définitivement dans la peau d'Elias et à faire ressentir toute l'ampleur sacrificielle que constitue un exil.Eden à l'OuestDe Costa-GavrasAvec Riccardo Scamarcio, Eric Caravaca, Ulrich TukurSortie en salles le 11 février[mediabox  id_media="84779" align="null" width="500" height="333"][/mediabox]Illus.© Pathé Distribution - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil réalisateur sur le blog cinéma- Costa-Gavras sur Flu : lire la critique de Amen(2002)

  3. Télérama
    par Blottière Mathilde

    Fable sur l'exclusion et la solidarité, Eden à l'ouest en dit autant sur la condition des immigrés clandestins que sur la mentalité de leurs pays « d'accueil ». En refusant de jouer les moralisateurs, Costa-Gavras se situe au-delà de ce cinéma de la dénonciation dont il a longtemps été l'un des maîtres. Lucide voire cruel sous son apparente naïveté, le film n'accuse personne.

  4. Le JDD
    par Jean-Pierre Lacomme

    Pour traiter ce thème qui lui tient particulièrement à coeur, Costa-Gavras a choisi la fable. Malheureusement, le cinéaste de Z est, cette fois-ci, passé totalement à côté de la plaque. Se symboles en allégories lourdingues, il édulcore son propos pourtant généreux.

  5. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Optant pour un ton de comédie amère, avec un héros candide, le film affiche son message humaniste. On peut prendre Eden à l'Ouest comme un jeu de l'oie truffé de symboles. On peut aussi prédire que cette satire est promise à être décryptée dans les cours d'éducation civique.