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Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    John Malkovich, artiste multiforme ? Hystéria présenté au Théâtre de Marigny nous permettait de découvrir, cet automne, ses relatifs talents de metteur en scène. Aujourd'hui sort son premier long métrage de cinéma. A dire vrai on se demande encore pourquoi.
    Le film commence en pleine nuit. Un groupe de jeunes gens traverse la pampa dans une voiture. Ils écoutent une retransmission radiophonique d'un concert en espagnol. Apparemment contestataires ou marginaux, ils semblent fuir on ne sait quelle oppression. Nous sommes visiblement en Amérique Latine, on ne sait, mais leur dégaine nous rappellent quelques grandes figures révolutionnaires. A première vue, ils nous sont sympathiques. On sent que leur révolte couve, et on est plutôt acquis à leur cause. Quelques minutes plus tard, ils écrasent littéralement un garde-frontière. Ils passent tant bien que mal les contrôles d'identité et poursuivent leur route.Cinq ans plus tard, nous suivons un policier. Il traque un terroriste du nom d'Ezékiel qui pend des chiens aux poteaux télégraphiques de la capitale et pose des bombes un peu partout. Pris entre les directives de son autorité et l'emprise de l'autorité militaire de plus en plus forte dans le pays à mesure que les attentats d'Ezékiel sont meurtriers, le policier remontera la piste de l'assassin.Si on reconnaît le talent d'acteur de John Malkovich, on a également admiré l'engagement de l'artiste. Mis à part quelques films commerciaux, il a collaboré avec quelques uns des plus grands cinéastes de notre temps : De Oliveira, Antonioni, Jane Campion, Raoul Ruiz... Aussi on peut légitimement avoir de nombreux a priori positifs sur ce film politique. Adapté du roman éponyme signé par Nicholas de Shakespeare, il semble que le réalisateur ait voulu vraiment faire oeuvre de cinéma.
    Si la mise en scène est soignée, on ne relève ni virtuosité, ni prise de risque. Les décors semblent justes, la lumière, les acteurs, le son, tous les protagonistes du film signent ici un travail honnête. Ce n'est déjà pas si mal. Pourtant, cette même question subsiste à mesure que le film se déroule. Pourquoi ?Par exemple, pourquoi avoir fait un film anglophone, alors que tout est éminemment hispanique dans cette histoire. Qu'est-ce que ce film condamne réellement ? Le terrorisme ? Sans doute, pourtant les affreux poseurs de bombes semblent être les seuls sensibles au monde artistique, à la danse et à la poésie - ce qui les rend sympathiques. La dictature militaire ? Indubitablement, cependant entre un terroriste et un militaire, on en vient à préférer le militaire. Si le scénario ébranle justement toutes velléités de manichéisme, il met parfois en avant une étonnante apologie du conservatisme - notamment dans une étrange défense des valeurs familiales. Jouant parfois les règles du thriller politique, il bascule soudain dans une mièvre romance, voire une quête des origines qui finit de balader le spectateur dans tous les sens. On aurait apprécié, si le chemin n'avait pas été si chaotique. Dommage.
    Dancer Upstairs
    Réal : John Malkovich
    Avec Javier Bardem, Laura Morante, Juan Diego Botto
    Sortie le 1er Janvier 2003
    - Dancer Upstairs, Le site officiel.