Toutes les critiques de Comancheria

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Pour éviter la saisie de la propriété familiale, deux frangins décident de rembourser la banque en… la braquant. Un Texas Ranger buriné se met à leurs trousses. On crevait d’impatience de découvrir la nouvelle histoire imaginée par Taylor Sheridan, devenu le scénariste le plus recherché de Hollywood depuis le terrassant Sicario. Dommage que ce soit David Mackenzie (Perfect Sense, Les Poings contre les murs) qui ait été choisi pour la mettre en scène : le versatile mercenaire anglais n’a pas grand-chose à dire sur les paysages de l’Ouest américain, et Comancheria, du coup, ne trouve jamais la vibration mythologique qu’on est en droit d’attendre d’une variation néo-western sur le mythe des frères James. Pas très grave, cela dit : ça n’empêche pas le film de procurer un plaisir monstre. Et le style passe-partout de Mackenzie se marie finalement assez bien avec cette intrigue « mouchoir de poche », ce monde fait de patelins microscopiques, de braquages sans envergure, de modes de vie anachroniques et d’ambitions sans lendemain. Chris Pine, Ben Foster et Jeff Bridges ont clairement conscience d’avoir affaire ici à un matériau exceptionnel, et délivrent leurs dialogues d’anthologie (le film est hilarant) avec la joie gourmande de chercheurs d’or qui auraient mis la main sur un filon inespéré. Ode au Texas éternel doublée d’un appel à la révolte contre un capitalisme vicié, Comancheria n’est peut-être pas le chef-d’œuvre espéré, mais un grand petit film. Frédéric Foubert

Les critiques de la Presse

  1. Le Figaro
    par Eric Neuhoff

    Avec Comancheria, l'Écossais David Mackenzie signe le meilleur film américain de l'année.

  2. Le Monde
    par Thomas Sotinel

    De "La Prisonnière du désert" à "No Country for Old Men", en passant par "Giant", le terreau est fertile, et le film de Mackenzie s’y épanouit, énergique, violent, sentimental, spectaculaire…

  3. Télérama
    par Bruno Icher

    (...) en naviguant toujours à la bonne distance entre comédie aux dialogues acérés et tragédie amère d'un pays qui fout le camp, Comancheria offre une nouvelle démonstration que « l'Amérique n'est pas une nation, c'est un business » pour reprendre la formule d'Andrew Dominik dans Killing Them Softly (...)

  4. Télérama
    par Jacques Morice

    Soleil de plomb, patelin paumé où deux Texas Rangers taillent la bavette sur une terrasse à l'ombre : certains clichés ont la vie dure, mais on les aime quand ils sont bien servis. Bien détournés aussi. Voilà un drôle de western d'actualité sur fond d'injustice sociale, sévère, impitoyable. Deux frères dont la mère vient de mourir sont pris à la gorge : ils doivent rembourser au plus vite un prêt colossal, sinon la ferme familiale sera saisie. L'argent, ils ne l'ont pas, alors ils décident de régler directement leur dette en braquant plusieurs agences de la banque responsable, selon eux, de leur mouise. Pendant ce temps, un ranger usé tout près de la retraite et son adjoint enquêtent à leur rythme, très pépère...

    Deux histoires en parallèle, deux histoires de fraternité. D'un côté celle, pleine de bruit, de fureur, mais aussi de maladresse cocasse, des braqueurs dissemblables — l'un est plutôt honnête mais tourmenté, l'autre, un excité de la gâchette à peine sorti de taule. De l'autre, le duo de flics. Le plus âgé, c'est Jeff Bridges (irrésistible avec son accent texan), moraliste à la petite semaine, qui ne cesse de balancer des blagues racistes à son collègue, moitié comanche, moitié mexicain. Lequel honore cette amitié vacharde en parfait stoïcien.

    Aucune dame à l'horizon de ce thriller bourru, aux fusillades parfois sanglantes, aux dialogues cinglants. Ni bons ni méchants à 100 %, non plus. Servi par un scénario impeccable de Taylor Sheridan (déjà remarqué avec celui de Sicario), le réalisateur témoigne d'une empathie finement ­dosée pour tous ses personnages, y compris ceux qui mordent allègrement la ligne blanche. On se croirait par ­moments revenu dans l'une de ces bonnes vieilles séries B à la Don Siegel. Mais remise au goût amer d'aujourd'hui. Tant sur la désagrégation du lien social que sur les contrecoups violents du despotisme de l'argent, le film s'avère une chronique pertinente, et même ­assez poignante, de l'Amérique égarée.— Jacques Morice