Burlesque

Merci ! Merci à Burlesque d’agir comme un contrepoison au souvenir atterré de Nine, la dernière « grande » comédie musicale en date. Certes, circonscrit aux conventions de la discipline, son scénario déroule son invraisemblable Bottin de clichés avec l’assurance d’un kamikaze du ridicule. Mais, au fond, ce n’est pas grave. On est venus pour le frisson du spectacle et, de ce point de vue, il n’est pas interdit de jubiler devant la majorité des numéros, effleurés par l’aile de Bob Fosse (certaines postures chorégraphiques sont directement issues de Cabaret et de Sweet Charity). Le montage, parfois un peu trop « clippesque », à la Chicago, et l’abattage d’une Christina Aguilera (par ailleurs un peu pataude dans le registre purement dramatique) achèvent de dynamiser l’ensemble. Même quand Cher se dit fatiguée avant d’entonner une beuglante à faire trembler les murs de Jéricho, le show parvient à conserver sa dignité. C’est
dire sa réussite, certes modeste comparée aux chefs d’oeuvre du genre, mais à l’impact épidermique.

Variés, rappelant le Bob Fosse de Cabaret ou usant d'influences plus R'n'B, les numéros s'enchaînent à une allure tourbillonnante. Aussi poignante quand elle pousse sa voix que sexy quand elle se déhanche en mini-robe pailletée, Christina Aguilera semble née pour le rôle. Show devant !

Plus flamboyant, Burlesque de Steve Antin envoie Christina Aguilera et Cher en ambassadrices d'une comédie musicale aux numéros éblouissants. Rivalités en coulisses et harmonie sur scène sont au menu de cette production luxueuse. «On avait envie de retranscrire le char­me des grands musicals de Broadway a confié Christina Aguilera à 20 Minutes. Une star du calibre de Cher a tiré l'ensemble du film vers le haut!»

C'est une manie, à Hollywood, de transformer chaque nouvelle tendance en scénario de film. Pour une fois, cependant, les Américains ont été doublés. Sur le terrain du burlesque, cet art de l'effeuillage récemment remis à la mode par la sulfureuse Dita von Teese, le Français Mathieu Amalric leur a grillé la politesse avec Tournée, un film nettement plus beau, et plus intéressant que celui-ci. Steven Antin, qui signe ici sa première mise en scène pour le cinéma, associe pour son programme deux têtes d'affiches aussi improbables l'une que l'autre : Cher d'une part, dans le rôle de Tess, meneuse de revue et tenancière de cabaret, censément vieille puisqu'elle va passer le relais mais difficile à qualifier comme telle tant elle excelle encore à produire l'illusion d'un visage et d'un corps parfaits.

Cette comédie musicale avec Christina Aguilera et Cher, d’une naïveté affligeante, s’inscrit comme un divertissement gentillet sans aucune ambition.

Seule Cher tire son épingle du jeu et nous fait découvrir des muscles inconnus du visage qui luttent contre cette débauche de Botox. Comédie musicale recyclée et en plastique, Burlesque est facilement jetable et vaguement polluant.