Nom de naissance Boulares
Genre Homme
Avis

Biographie

De ses débuts dans la presse dans les années cinquante, à sa retraite en 2006, Habib Boularès a été de toutes les grandes dates qui ont marqué son pays, la Tunisie. Tour à tour journaliste, ministre, puis diplomate avec une carrière parallèle d’écrivain, il met fin à ses activités politiques et professionnelles à 73 ans, après avoir été à la tête de l’UMA (Union du Maghreb Arabe) quatre années durant.Habib Boularès voit le jour à Tunis le 29 juillet 1933. Après des études de journalisme, d’économie et d’anglais en Egypte et en France, il s’exile au bord du Nil pour travailler au bureau du Maghreb Arabe au Caire à l’âge de vingt ans. Il s’illustre en défendant ardemment la cause algérienne - tout comme sa future épouse Line Poinsignon, originaire de la Lorraine et réfugiée en Tunisie à cause de ses idées.L’indépendance de la Tunisie proclamée en 1956, Habib Boularès est de retour sur sa terre natale et occupe pendant deux ans un poste de rédacteur dans le journal Assabah (Le Matin en arabe). En 1958, il se voit confier celui de rédacteur en chef à la radio nationale jusqu’en 1960, date à laquelle il est nommé directeur du quotidien Al Amal (l’Espoir ) pour sept ans. Dès la première année de sa prise de fonction à Al Amal , il fonde l’agence de presse TAP (Tunis Afrique Presse), l’équivalent nord-africain de l’AFP, dont il assure la présidence pendant une année. De 1962, à 1964, Habib Boularès cumule ses fonctions à Al Amal avec sa nouvelle nomination à la RTT (Radio et Télévision Tunisiennes) en tant que directeur général.Vers la fin des années soixante, le journaliste laisse parfois la place à l’auteur et écrit ainsi quelques unes des pièces de théâtre les plus importantes du patrimoine tunisien. Habib Boularès va en effet produire Le Temps d’al Bouraq et surtout Mourad III, une tragédie qui raconte la courte vie d’un monarque d’abord plébiscité par son peuple avant de devenir un tyran sanguinaire assoiffé de vengeance envers ceux qui voulaient l’écarter du trône. La pièce, mise en scène en 1966 par Ali Ben Ayed, une figure légendaire du quatrième art tunisien, tente indirectement de comprendre le mode de fonctionnement d'un état tunisien post colonial encore en gestation. Il collabore également avec le cinéma en rédigeant en 1970, pour le réalisateur Rachid Ferchiou, le scénario de son premier long-métrage Yousra qui mêle romance et rêverie.Habib Boularès revient brièvement sur la scène politique la même année, lorsque le président Habib Bourguiba le nomme à la tête du Ministère de la Culture et de l’Information ; un poste qu’il n’occupera que pendant un an. En 1971, il décide de rompre avec le parti unique présidentiel (le PSD) pour se ranger aux côtés des opposants démocrates car il n'aime pas se faire embrigader et préfère conserver une certaine indépendance politique.De 1975 à 1981, il travaille pour la revue Jeune Afrique mais continue néanmoins à écrire. Il publie en 1978, avec l’aide de l’écrivain rochelais Jean Duvignaud la monographie intitulée Nous partons pour la Tunisie aux Presses Universitaires de France. En 1983, il se penche sur le problème épineux de la laïcité dans le monde musulman dans son ouvrage L’Islam, la peur et l’espérance paru chez Lattès.A l’issue de sa collaboration avec l’hebdomadaire panafricain, Habib Boularès décroche un siège de député qu’il occupe jusqu’en 1986. L’année suivante, un Habib Bourguiba vieillissant est déclaré inapte à gouverner après trente ans de règne et se fait démettre de ses fonctions au profit de son premier ministre Zine El Abidine Ben Ali, qui parvient à asseoir sa légitimité deux ans plus tard par la voie des urnes. La carrière de Boularès – qui voit en cette transition l'acte de naissance d’une Tunisie nouvelle va prendre un nouveau tournant. Il est successivement nommé ambassadeur au Caire, Ministre des Affaires Etrangères, Ministre de la Défense puis président de la Chambre des Conseillers.La politique et l’écriture restent indissociables pour Boularès qui pense que ces deux activités sont loin d’être contradictoires. Car, "quand on écrit, on s'oblige à affiner ses idées et à aller au fond des choses. Or l'homme politique qui ne se donne pas la peine de réfléchir sur son action court le risque de se fourvoyer ".Il renoue donc avec la plume et publie Hannibal en 2000, un livre dans lequel il dresse un portrait passionnant du légendaire général carthaginois à travers divers aspects, non seulement historiques, mais également culturels et politiques.Habib Boularès accède à son dernier poste important en 2002 lorsqu’il est choisi pour diriger l’Union du Maghreb Arabe. C’est une institution beaucoup plus symbolique que concrète, qu’il s’efforce de dynamiser malgré tout durant son mandat, en mettant son expérience personnelle au service d’une grande idée, jusqu’à sa retraite quatre ans plus tard.