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Légitime défense : retour sur les vigilantes français

<strong>Première.fr va faire le ménage dans les vigilantes de l'Hexagone. La culture des armes à feu et de la justice expéditive est-elle incompatible avec le cinéma français ?</strong>Vigilante, le mot vient du latin et est surtout connu aux Etats-Unis pour désigner le quidam moyen qui se prend pour un homme de loi et décide de faire justice soi-même, ou alors un homme de loi, excédé par les procédures et les bêtises du système. Dirty Harry et Batman sont les deux exemples type du vigilante.A priori, le cinéma français, issu d'une culture moins libérale envers le port d'armes et n'ayant pas construit sa légende sur les duels au Colt de l'Ouest sauvage, est donc moins propice aux portraits de vigilantes à l'écran. <strong>Et pourtant, à l'occasion de la sortie de Légitime défense, un polar avec Jean-Paul Rouve et Olivier Gourmet, Première.fr revient sur dix vigilantes à la française, dont les polars fabriqués interprétés par Delon et Belmondo furent emblématiques.</strong>Dix facettes de la justice expéditive, parfois parodiques, parfois sérieuses, dont les plus belles et plus crédibles se trouvent dans le cinéma de la dernière décennie. Il était temps de faire le ménage.Par Sylvestre Picard.

Première.fr va faire le ménage dans les vigilantes de l'Hexagone. La culture des armes à feu et de la justice expéditive est-elle incompatible avec le cinéma français ?Vigilante, le mot vient du latin et est surtout connu aux Etats-Unis pour désigner le quidam moyen qui se prend pour un homme de loi et décide de faire justice soi-même, ou alors un homme de loi, excédé par les procédures et les bêtises du système. Dirty Harry et Batman sont les deux exemples type du vigilante.A priori, le cinéma français, issu d'une culture moins libérale envers le port d'armes et n'ayant pas construit sa légende sur les duels au Colt de l'Ouest sauvage, est donc moins propice aux portraits de vigilantes à l'écran. Et pourtant, à l'occasion de la sortie de Légitime défense, un polar avec Jean-Paul Rouve et Olivier Gourmet, Première.fr revient sur dix vigilantes à la française, dont les polars fabriqués interprétés par Delon et Belmondo furent emblématiques.Dix facettes de la justice expéditive, parfois parodiques, parfois sérieuses, dont les plus belles et plus crédibles se trouvent dans le cinéma de la dernière décennie. Il était temps de faire le ménage.Par Sylvestre Picard. Le Vieux fusil de Robert Enrico (1975)Le vigilante : Julien (Philippe Noiret) est un médecin aux tendances pacifistes qui coule des jours paisibles avec sa femme Clara (Romy Schneider) et sa fille, à Montauban. Nous sommes en 1944 : comme la région devient un peu bordélique, Julien et sa famille se planquent dans un petit village.La raison de sa croisade : Une section SS massacre tout le village, viole Clara et passe sa fille au lance-flammes. Ni une, ni deux, Julien va chercher son fusil de chasse et va se venger.Crédibilité : Philippe Noiret, quoi. César du meilleur acteur pour ce film, bien que la transition entre le médecin paisible et bonhomme et le vigilante adepte de tactiques commando capable de décimer une section de tueurs expérimentés soit un poil limite. Police Python 357 d'Alain Corneau (1976)Le vigilante : Marc Ferrot (Yves Montand) est "un policier célibataire aux méthodes peu orthodoxes", dixit le synposis. Il fabrique lui-même les munitions de son soufflant chambré en .357 avant de se balader vêtu en cuir moulant la nuit afin de punir des pilleurs de tronc d'église. Sans charre : c'est la séquence d'ouverture.La raison de sa croisade : Une photographe italienne lui colle aux basques et lui chipe son arme, Ferrot se vitriole le visage, il se fait dragouiller par Simone Signoret et des voyous en Renault 6 font régner la terreur sur les parkings des supermarchés. La France de Giscard tremble, mais Ferrot va faire le ménage.Crédibilité : Correcte, en fait. Il est difficile de résister à Montand avec son trench chiffonné et sa technique du dégainé/roulé-boulé. Flic ou voyou de Georges Lautner (1979)Le vigilante : Stanislas Borowitz est un flic inflitré costaud et gouailleur aux méthodes expéditives. Normal, c'est notre Belmondo national qui l'incarne.La raison de sa croisade : Inflitré afin de faire tomber la bande à Achille Volfoni (la coïncidence avec les frangins des Tontons flingueurs n'est pas fortuite, le scénariste de Flic ou voyou n'étant autre que Michel Audiard), Borowitz va faire le ménage à grands coups de cascades automobiles réglées par le légendaire Rémy Julienne.Crédibilité : La plus forte parmi nos vigilantes nationaux. Dans les années 70-80, Bébel s'était fait une spécialité de ces films où il interprétait un flic/agent spécial adepte de méthodes musclées, dont Flic ou voyou est emblématique. Citons Peur sur la ville (Henri Verneuil, 1975), Le Marginal (Jacques Deray, 1983), Le Solitaire (encore Deray, en 1987)... Tchao Pantin de Claude Berri (1983)Le vigilante : Lambert (Coluche) est un ancien flic alcoolique devenu gérant d'une station-service dans le coin le plus pourri du 18ème arrondissement du début des années 80.La raison de sa croisade : Comme si ça ne suffisait pas, en plus d'un fils mort d'overdose, Lambert se lie d'amitié avec un truand au petit pied, Bensoussan (Anconina) et une jeune punk, Lola (Agnès Soral). Quand Bensoussan est tué par un gang, Lambert va faire le ménage.Crédibilité : Totale. Comme le montre la bande-annonce, le film jouait le marketing à plein sur le côté "sérieux" de Coluche, mais il est impossible de lui résister en gros beauf pinardé, à la paupière lourde et à la moustache sale. Résultat, cinq Césars dont celui de meilleur acteur. Parole de flic de José Pinheiro (1985)Le vigilante : Daniel Pratt (Alain Delon) est un ancien flic vivant en Afrique où il est le mâle dominant. Il est beau, musclé, bronzé et pratique la lutte et la boxe.La raison de sa croisade : Sa fille se fait tuer. Alors il va faire le ménage parmi un commando d'extrême-droite dont le chef porte un nom vaguement arabe (sic).Crédibilité : Bof. En fait, Parole de flic est symptomatique du Delon-flick ("flick" signifiant film en anglais, ce qu'on ne ferait pas pour un jeu de mots) fin 70-début 80. Auréolé de sa gloire pour ses films avec Melville, Visconti ou Losey, Delon finit par prendre goût à son personnage de beau poulet super-héroïque. Il co-écrit et produit des véhicules à sa gloire, comme Pour la peau d'un flic (réalisé par lui-même en 1981), Flic Story (Jacques Deray, 1975), Ne réveillez pas un flic qui dort (Pinheiro, 1988)... Ce qui fait écho à la carrière de Belmondo, en face. Fun fact : Delon pousse la chansonnette en duo sur I Don't Know lors du générique de fin. Cross de Philippe Setbon (1987)Le vigilante : Thomas Crosky, dit Cross, est un flic 80's. Il porte des blousons de cuir assez près du corps, tire les voyous au pompeaux calibre 12 et passe son temps à patrouiller dans des apparts vides filmés la nuit avec une photo à la Beineix.La raison de sa croisade : Quant sa femme (Marie-Anne Chazel) et sa fille sont kidnappés par Simon (le légendaire Patrick Bauchau), Cross, aidé de son pote Eli (Roland Giraud), va faire le ménage.Crédibilité : Réduite. Faut dire, Sardou en flic tête brûlée (au vent des landes de pierre), c'est pas la meilleure manière de coller les miquettes aux voyous. Le Convoyeur de Nicolas Boukhrief (2004)Le vigilante : Alexandre Demarre (Albert Dupontel), un type étrange, ex-employé de banque qui décide un matin de devenir convoyeur de fonds au sein de la société Vigilante (tiens tiens), qui a connu une série de braquages retentissants.La raison de sa croisade : Le fils d'Alexandre a été tué car ils étaient témoins d'un de ces braquages. Déterminé à punir les assassins, il se fait embaucher par la Vigilante en espérant croiser le chemin des braqueurs et ainsi faire le ménage.Crédibilité : Top. Dupontel sur la corde raide, qui hante le casting génial (Dujardin dans son premier "vrai" rôle) d'un film à la violence sèche, loin de l'esbroufe et de la caricature. Contre-enquête de Franck Mancuso (2007)Le vigilante : Richard Malinowski (Jean Dujardin) est un flic borderline et efficace. Quoi, c'est tout ?La raison de sa croisade : Sa petite fille est violée et tuée, et le principal suspect est Daniel (Laurent Lucas), qui est condamné à une lourde peine de prison. Mais Malinowski doute de sa culpabilité et va mener une contre-enquête afin de l'innocenter et de découvrir le vrai coupable.Crédibilité : Top. Attention, spoiler : En fait Daniel est bien un affreux tueur pédophile et a manipulé Malinowski afin de se faire libérer de prison. Mais Malinowski avait un coup d'avance et jouait le jeu afin de se venger de lui et finit par enterrer vivant Daniel. Ce qui s'appelle encore une fois faire le ménage. Martyrs de Pascal Laugier (2008)Le vigilante : Lucie (Mylène Jampanoï) est une jeune femme perturbée, qui a été séquestrée et torturée par des inconnus alors qu'elle n'était qu'une petite fille.La raison de sa croisade : Recueillie dans un orphelinat, Lucie croit avoir retrouvé la trace de ses tortionnaires, aidée par son amie d'infortune Anna (Morjana Alaoui). Elle va donc se venger -mais ce n'est que le début de l'horreur... (musique angoissante).Crédibilité : Très intense. Après un prologue inquiétant, Laugier choisit de commencer son film avec cette séquence trop normale pour être honnête, avec son découpage et ses dialogues de sitcom (le bac, les ados, la tuyauterie...). Bref, tout pour que le spectateur attende le personnage qui va faire le ménage. La preuve. Légitime défense de Pierre Lacan (2011)Le vigilante : Benoît, photographe et jeune papa absolument banal qui vit dans une ville de Ch'nord.La raison de sa croisade : Un soir, les gros bras du gangster Moret (Olivier Gourmet) frappent à sa porte : le père de Benoît, détective privé, a disparu suite au cambriolage de son agence. Et ils réclament à Benoît de régler une affaire de son papa. Avant de faire le ménage, Benoît va d'abord essayer de comprendre ce qui se passe.Crédibilité : Excellente, due à l'interprétation de Jean-Paul Rouve. Difficile de ne pas se mettre à la place de ce mec en survêt qui passe d'une petite vie pépère à celui d'enquêteur improvisé, sans jamais tomber dans la caricature.