Maison de retraite 2
Marie-Camille Orlando

Les vieux sont de retour. Avec ses guests en surchauffe (Jean Reno ! Amanda Lear ! Chantal Ladesou !) et ses bons sentiments, la nouvelle comédie avec Kev Adams lance le festival du rire.

Vous étiez dans la rue lors des manifs contre la réforme des retraites ? Vous avez mal vécu le scandale Orpéa ? Vous appartenez à la famille de Catherine Vautrin (nouvelle ministre du “grand âge”) ? Alors venez battre le pavé avec les vieux de Kev Adams

Comme le premier volet, Maison de Retraite 2  surfe allègrement sur l’actu, joue la carte grands sentiments et offre aux acteurs cartes vermeilles un terrain de jeu sympathiques. Mais cette fois-ci, il y a mieux. Le film de Claude Zidi Jr a ouvert ce soir le festival de l’Alpe d’Huez. Bon, on n’a pas prévu de croiser Chantal Ladesou ou Amanda Lear sur les tire-fesses ; Firmine Richard (croisée très en forme voiture 1 du train du festival) ne devrait pas descendre la Sarenne, et on peut toujours rêver de voir Enrico Macias avec son Oud perché sur une télésiège… Mais les expendables de la comédie française ont bien assuré le lancement de cette nouvelle édition et ils ont assuré le show lors de la cérémonie d'ouverture. Pourtant, pour le journaliste expert, subsiste un mystère : pourquoi, alors qu’on nous promet une édition bardée de premiers films, toute entière tournée vers le future et les nouvelles générations, l’équipe de l’Alpe d’Huez a-t-elle décidé de débuter la semaine avec l'ancien monde ? Je pose la question !

Dans le premier film, Kev Adams incarnait Milann, jeune type arrogant, détestant les vieux et obligé de bosser en Ehpad dans le cadre de ses TIG. Vite converti en bon samaritain, il redonnait leur dignité aux pensionnaires et imaginait même un choc des culture en confrontant les pensionnaires décrépits et des orphelins turbulents. Un prétexte pour offrir à ses comédiens de quoi s’amuser et à ses spectateurs une démo de bons sentiments. 

GALERIE
Apollo Films

Quand MDR2 commence on découvre que la maison de retraite est menacée de fermeture. Kev, fidèle au poste, décide d’incruster les pensionnaires dans un autre Ehpad du sud de la France. Là, il se heurte à deux problèmes : d’abord le délicat mélange entre son équipe de vieux et les nouveaux briscards (Chantal Ladesou, Jean Réno, Enrico Macias, Amanda Lear, Michel Jonasz….). Ensuite - et surtout - la confrontation avec la directrice d’une société d’Ehpad plus intéressée par le fric et les profits que par le bien-être de ses pensionnaires (le scandale Orpéa est vraiment passé par là).

MDR 2 utilise les mêmes ficelles que le premier. Et en premier lieu, les blagues régressives : son casting se dézingue à coup de Nerf et s’insulte à qui mieux-mieux (Chantal Ladesou éructe ses insanités avec un air de soudard franchement épatant). Dans ce registre, c’est Jean Reno qui tire le mieux profit de la situation. Vieux grognard de service, mytho qui surfe sur sa propre gloire, il est impérial. Arrivée au ralenti, souvenirs égrénés sur le front de mer avec son regard vitreux : en mode sous-Bruce Willis goguenard, il amuse franchement. Si le film de maison de retraite est un genre que la démographie promet à un bel avenir, Kev et Claude zidi Jr ont aussi compris une chose essentielle. Les vieux ont un avantage décisif sur les jeunes pousses : ils ne se prennent plus au sérieux, n’ont plus rien à perdre. Et pendant qu'on leur tient compagnie, le troisième âge prend un air de partie de plaisir.

Kev et son cinéaste délivrent une fois de plus des leçons de vie, tentent de donner du sens à la comédie, voire même une morale. Comme dans le premier volet. Mais MDR 2 rajoute à ce cocktail deux particularités : d’abord une fin en forme d’escroquerie à la Ocean’s eleven mâtinée du Jeu de la dame qu’on ne dévoilera pas pour vous laisser l’entière surprise. Le mic-mac d’arnaque n'est pas de tout premier choix, le dynamitage tourne un peu court, mais on s’en fiche un peu. Il y a surtout cette impression que Kev joue ici au Monsieur Loyal. Il organise, allume la mèche, s’offre quelques vannes (très bonne imitation de Christophe Maé), mais pense d’abord collectif. Il passe les plats, regarde les acteurs kiffer, prend son pied à voir ses vieux partenaires délirer. 

Dans le Palais des sports, ce soir, la salle était hilare. Mission accomplie donc pour Kev Adams et pour le festival.

Demain, place aux jeunes.