La belle et la belle, avec Sandrine Kiberlain : un film loufoque [critique]
Memento Distribution

Si vous croisiez votre "moi" version plus jeune, vous aussi vous lui spoileriez tous les instants clés de votre (sa) vie ?

La Belle et la belle est diffusé ce soir sur France 4. Début 2019, la scénariste et réalisatrice Sophie Fillière (connue pour Arrête ou je continue, avec Emmanuelle Devos, et prématurément disparue l'été dernier), réunissait Sandrine Kiberlain et Agathe Bonitzer pour jouer la même héroïne, mais à 25 ans d'écart. Jusqu'ici, rien d'incroyable ? Sauf que dans ce drôle de concept, les deux femmes se croisent littéralement : elles discutent, s'échangent des anecdotes... et la version la plus âgée n'hésite pas à raconter à son jeune "moi" les événements marquants de sa future vie !

Voici notre critique de ce drôle de film, à revoir donc en ce samedi soir à la télévision.

Margaux (Agathe Bonitzer), 20 ans, rencontre Margaux (Sandrine Kiberlain), sa version quadra d’elle-même, qui passe son temps à lui spoiler les futurs épisodes de sa vie avec un naturel désarmant. Sophie Fillières s'amuse de ce pitch de comédie fantastique à la Peggy Sue s’est mariée mâtiné de Hong Sang Soo, dans un premier mouvement plein d’allant : dès lors qu’on adhère à la langue anti-naturaliste de la réalisatrice, on tombe rapidement sous le charme de ce ping pong spatio-temporel à la fois très concret et loufoque, véloce, carburant aux syncopes ludiques et autres contre-temps comiques par le biais d’un montage alterné.

Hélas, ce bel élan décalé s’essouffle, pour se lover ensuite dans la dialectique plus conventionnelle de la comédie du remariage et du triangle amoureux. Ça reste plaisant à regarder et intelligemment dialogué, mais plus ronronnant dans la mise en scène : les jeux de correspondances et de symétrie sur les couleurs, qui évoluent à mesure que les deux héroïnes se confondent ou reprennent leur place, peinent à redynamiser visuellement un récit émoussé.

Restent de beaux numéros d'acteurs (Poupaud, pimpant en playboy entre deux âges - littéralement, puisqu'il hésite entre les deux "versions" de Margaux) et surtout d’actrices : face à la grâcieuse Bonitzer, Kiberlain nous gratifie de quelques désopilantes saillies burlesques. Il faut la voir "danser" impassiblement dans une soirée de jeunes ou ranger un paquet de petits pois congelés à coups de pioche.

Bande-annonce :
 


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