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1997 : Ben Affleck reçoit avec Matt Damon l’Oscar du meilleur scénario pour Will Hunting, qu’ils ont écrit pour relancer leurs carrières. Jackpot pour Damon qui tourne avec Coppola, Spielberg et Soderbergh, moins pour Affleck dont le physique l’oriente vers des rôles de lovers pour Michael Bay (Armageddon, Pearl Harbor) et des mauvaises comédies romantiques (Un vent de folieUn Amour infini). Puis, alors qu’il était une machine à blockbuster, il se ringardise au point de se compromettre dans des navets doublés de flops au box office comme Famille à louer et Amours troubles, une romance policière nanardesque dont il partage l’affiche avec Jennifer Lopez, sa compagne d’alors. En 2003, on lui remet un Razzie Award du pire acteur pour le triplé Amours troubles, Daredevil et Paycheck, et son statut bascule : son nom ne fait plus vendre des places de cinéma mais des magazines people, qui se passionnent pour le couple  "Bennifer" et foutent un coup durable à son image. Comment remonter la pente ?Partir en rehab et changer de JenniferPour conjurer sa mauvaise image, il médiatise sa décision de partir en rehab. En 2004, il quitte Jennifer Lopez, là encore publiquement, s’éloigne des plateaux pendant deux ans et trouve une autre Jennifer (Garner) avec qui il fonde une famille - cette fois loin des caméras.Accepter un rôle cathartiqueSur le plan professionnel, la remontée s’amorce en 2006 avec Hollywoodland, thriller noir qui fait office de catharsis : il y incarne George Reeves, le héros des aventures télévisées de Superman dont le meurtre en 1959 déclenche une enquête qui révélera les failles d’un personnage autodestructeur et les revers de la célébrité. "Ce personnage m’a permis de me purger", déclarait-il à Première en 2010. Après avoir éprouvé lui-même les affres de la notoriété, ce rôle miroir lui vaut le prix d’interprétation au Festival de Venise.Rester (temporairement) dans l'ombreDe nouveau fréquentable et estimé, Ben Affleck passe un pas qu’il avait failli franchir dès ses débuts à l’époque de Will Hunting et se lance dans la réalisation. Si son adaptation de Dennis Lehane, Gone Baby Gone, n’est pas un raz de marée au box office, il séduit suffisamment la critique a priori méfiante envers les acteurs-réalisateurs pour être perçu d’emblée comme un cinéaste crédible. Ce n’est peut être pas un hasard si pour cette première, il renonce à son rôle d’acteur pour mettre en scène son frère Casey, lui restant dans l’ombre de la caméra : la rupture avec son passé de poster boy est consommée. Son deuxième essai, The Town, enfonce le clou, et ajoute cette fois le succès public à la bénédiction critique. Entre temps, son retour en grâce apporte à Affleck l’acteur des projets dont il n’aurait pas pu rêver quelques années plus tôt et se retrouve à l’affiche de Jeux de pouvoir de Kevin MacDonald, puis est contacté par le légendaire Malick pour tourner A la merveille, en salles le 6 mars 2013. Laisser le cinéaste prendre le pas sur l'acteurNul doute que 2013 sera l’année du sacre. Janvier est à peine entamé que son troisième film, Argo, se retrouve dans la liste très fermée des nominés à l’Oscar du meilleur film. La concurrence sera rude lors de la cérémonie de février mais peu importe, Ben Affleck a déjà gagné : il vient de coiffer au poteau Steven Spielberg, Kathryn Bigelow et Quentin Tarantino en raflant les Golden Globes du meilleur film ET du meilleur réalisateur, compensant au passage l’oubli de l’Académie qui distingue son film mais pas sa réalisation. Après deux polars intimistes tournés à Boston, le cinéaste prend de l’assurance et de la hauteur en tournant un thriller politique à la dimension internationale dans lequel Affleck le militant (il est un démocrate actif et s’est engagé dans la campagne de Barack Obama) interroge les liens entre Washington et Hollywood :"Le film parle aussi de la confusion grandissante entre information et divertissement. Il est devenu très difficile de faire la distinction entre les deux tant la politique a été complètement contaminée par Hollywood", faisait-il remarquer à Première en novembre dernier. Rien de tel qu’une réflexion sur la société américaine pour prouver sa maturité, qu’il acquiert peut être aussi au contact d’une autre figure militante et respectée à Hollywood, George Clooney, producteur d’Argo. Cette maturité, il l’illustre aussi par ses choix pour la suite : son prochain film sera une nouvelle adaptation de Dennis Lehane produite par Leonardo DiCaprio, et pour laquelle il renonce, au passage, à jouer la comédie avec Kristen Stewart. Affleck le cinéaste a pris l’ascendant sur Ben l’acteur et quels que soient les mérites du second, le premier est définitivement plus cool.    Vanina Arrighi de Casanova A voir aussi : Ben Affleck le vrai vainqueur des Golden GlobesBen Affleck travaille déjà sur sa prochaine réalisation