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L’auteur ne cesse d’interroger les hommes sur ce qu’ils ont fait du monde. Rencontre avec celui dont Claude Roy disait qu’il était « l’auteur tragique le plus drôle de sa génération » et qui, cette saison, est à l’honneur au Rond-Point avec deux spectacles.Propos recueillis par M-C. NivièreH.H., sa pièce actuellement à l’affiche et qu’il a mise lui-même en scène, raconte le dérapage d’un conseil municipal. Le collège devait porter le nom du poète Heinrich Heine, mais une voix s’élève pour réclamer celui de Heinrich Himmler. Ici plus que jamais, l’humour se fait garde-fou. « L’humour ou la dérision, tous les mots que l’on peut mettre, ce n’est pas un choix, cela sort comme ça. Si je devais écrire une pièce tragique sans humour, j’aurais du mal. »Pour départager les deux candidats, une lecture de textes est organisée. Les lettres de Himmler sont édifiantes. « Il traite tout avec la même importance, l’interdiction de fumer comme l’extermination des juifs. » Il y a tant d’absurdités monstrueuses qu’elles font rire. « C’est un rire de défense. On parle beaucoup du nazisme. On a des images, mais ce qui manque c’est la voix des nazis. Ce qu’ils se disaient entre eux, leurs arguments… Cette exaltation. »Pourquoi avoir choisi Heine ? « Il est l’âme allemande dans ce qu’il y a de plus beau, de plus chaleureux. Les nazis ont interdit son œuvre, sauf la « Lorelei », connue de tous et qu’ils attribuaient à un auteur anonyme. C’est un homme qui a pressenti le monde futur et qui n’a rien pu faire. Moi, je raconte le passé pour dire ce que peut devenir l’avenir. »La construction de la pièce est surprenante. « C’est un objet inhabituel, il y a du jeu, de la lecture, de la provocation et du rire. » Comment le metteur en scène a-t-il abordé son œuvre ? « Je peux vous assurer qu’il ne s’est pas beaucoup amusé. Il n’a pas les mêmes soucis que l’auteur ! Pour un vieux monsieur, c’est un apprentissage. Je me suis beaucoup plaint de mes metteurs en scène, même si je sais que ce sont eux qui font que la pièce est audible. »En février, Charles Tordjman met en scène au Rond-Point, Moi je crois pas !. L’affiche est des plus alléchantes puisqu’elle réunit Pierre Arditi et Catherine Hiegel. « On change de registre, cela parle du couple, de la croyance, de la crédulité. C’est une pièce composite qui demande une performance d’acteurs, que les personnages soient habités. Là, je suis gâté ! Si on m’avait dit : “Tu vas écrire une pièce pour Arditi et Hiegel.”, c’est certain que je me serais dégonflé… »Il éclate de ce rire si chaleureux. « C’est une année pour un auteur ! Cela n’arrive pas tous les jours. » D’autant plus qu’en février, il y aura la projection d’anciennes pièces comme la première version de « L’atelier ». « C’est comme ça, quand on vieillit, les hommages et les fromages commence à sentir… le sapin ! »H.H. au Théâtre du Rond Point>> Réservez vos places pour le spectacle