Toutes les critiques de Le Bal Des Actrices

Les critiques de Première

  1. Première
    par Isabelle Danel

    Mêlant allègrement le documentaire avec la fiction, partant de la personnalité des comédiennes ou les mettant au contraire dans des situations à l’opposé de leur image, Maïwenn construit un film constamment sur le fil, drôle, enjoué, entrecoupé de moments de comédie musicale. Sur des chansons signées Joey Starr, Anaïs, Benjamin Biolay ou Pauline Croze, certaines de ces scènes sont approximatives, d’autres – celle avec Charlotte Rampling, notamment – sont des bijoux. Portrait en miroir (aux alouettes), Le Bal des actrices est une belle surprise qui prend constamment le spectateur à contre-pied. À l’écran, Maïwenn vit avec Joey Starr, Karin Viard tourne avec Bertrand Blier (qui lui
    fait traire des vaches !), Marina Foïs a recours au Botox, Romane Bohringer cherche le rôle qui relancera sa carrière, Muriel Robin se fait « sadiser » par un metteur en scène de théâtre qui a les traits de Jacques Weber, et Karole Rocher s’insurge contre une prof qui n’est autre que Christine Boisson... Tout (ou presque) est faux, mais tout sonne vrai. Et ce qui est vrai sonne juste : le désir de plaire, le besoin de reconnaissance, la difficulté de mener de front sa carrière et sa vie privée, l’envie d’être considérée comme une actrice et non comme une comique ou un mannequin... Si, avec ce film, Maïwenn nous dit qu’elle veut être vue comme une réalisatrice à part entière, c’est réussi.

Les critiques de la Presse

  1. Le JDD
    par Carlos Gomez

    C'est "danse avec les louves", cette histoire-là ! On y croit. On y est. On perçoit aussitôt la dimension sublime de la profession. Et puis l'autre, tellement dérisoire. Maïwenn s'en amuse. Mais ne parodie jamais.

  2. Elle
    par Françoise Delbecq

    Toutes ces facettes traitées tantôt avec humour, décalage et gravité témoignent de l'envie irrésistible de ces femmes d'être aimées par la caméra, le public, par un metteur en scène... Cette plongée dans le monde du cinéma, qui oscille entre le documentaire et la fiction a une petit gout de La nuit américaine et est servie par un casting formidable.

  3. Paris Match
    par Alain Spira

    Drôle, surprenante, pleine de fraicheur, cette comédie où l'on croise quelques mâles (...) dissimule, sous un fard de bonne franquette improvisée, un réel travail d'écriture et de mise en scène.

  4. Pariscope
    par Virginie Gaucher

    Après « Pardonnez-moi », règlement de comptes familial, Maïwenn se livre à un exercice drôle et plus léger, avec ce docu-fiction sur les comédiennes, leur métier, ses coulisses. Karin Viard, Mélanie Doutey, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Marina Foïs, Julie Depardieu, Romane Bohringer, Jeanne Balibar, Karole Rocher ou Estelle Lefébure jouent en liberté de leur image, de leur vécu, de leurs expériences, se montrant parfois sous un jour pas très glorieux. Karin Viard a la grosse tête ; Muriel Robin rêve de jouer un classique sans nez rouge ; Jeanne Balibar classée intello carbure aux médocs en rêvant d’un film d’action ; Romane Bohringer fait des pubs pour vivre ; Marina Foïs, botoxée à mort, aigrie, en a ras le bol des Robins des Bois, etc. Une actrice a besoin d’amour et de regards, elle est parfois humiliée, bousculée, insultée : rien qu’on ne sache déjà mais l’exercice de style, avec ses intermèdes musicaux qui dévoilent la vérité du personnage, est bien construit, bien joué. Dans ce film de femmes, la révélation est un homme : Joey Starr crève l’écran en papa poule pas caillera très drôle.

  5. Fluctuat

    Un film en forme de faux documentaire sur la condition d'actrice, qui nous en dit plus qu'un vrai. Jouant avec les codes du reportage, insufflant un brin d'audacieuse comédie musicale, Maïwenn signe avec Le Bal des actrices un petit bijou à recommander à tous les amoureux de cinéma.Attention ceci est un film qui veut se faire passer pour un documentaire. Et dans ce film donc, il y a un film. Enfin, un documentaire. Mais pas un vrai, un faux. En deux mots, Maïwenn (la réalisatrice) endosse son propre rôle et se montre en train de tourner un documentaire sur les actrices. Si bien que l'on assiste à une sorte de making of du film qu'on est justement en train de voir. Vous suivez ? Après un démarrage en fanfare avec un générique chanté et dansé, Maïwenn exploite finement sa mise en abîme et instaure un jeu piquant entre la vraie vie, le cinéma, et une réalité qui serait filmée. Les actrices à l'affiche jouent toutes leur propre rôle mais on comprend vite que chacune interprète un personnage fictif, contrairement aux apparences. Où est l'authentique, où est le romanesque ? La question se pose en permanence, et on ne sait jamais avec certitude déceler la nature des choses. On le regrette parfois (la faute au vilain côté Gala qui sommeille en chacun), mais c'est bien là que réside une large part du charme de ce grand Bal. Double jeuLe naturel sans faille de la plus minime intervention contribue au trouble, et pour achever de créer la confusion la caméra est double : à l'écran, Maïwenn s'exhibe caméscope au poing, et parfois nous accédons à ce qu'elle est censée filmer. Quelques plans flous miment alors un tournage hésitant, en mode pas fini. Mais attention, tout est écrit ! Il suffit de jeter un oeil aux parties chantées. Ultra chorégraphiées, très posées, très cadrées, hyper pensées, elles contrastent avec le caractère faussement désinvolte du reste de la réalisation, où l'on semble se moquer du cadre pour se contenter de coller aux personnages. Semées au fil du film, les chansons ne sont jamais incongrues ou ennuyeuses. Parfaitement calibrées, elles sont aussi soigneusement écrites que composées, et chaque fois bien senties. La facette comédie musicale n'en est du coup ni accessoire ni (paradoxalement) artificielle. Riches de sens, ces saynètes apportent un réel plus, soulignant une idée, en révélant une autre, clarifiant un sentiment ou démasquant une pensée inconsciente. Hautes en couleurs, chantées dans un play-back grossier et revendiqué, elles s'opposent à l'aspect documentaire et ancrent le film dans sa dimension cinématographique.Les actrices et les autresPar ailleurs, le sujet mérite le détour. Le film explore les étiquettes qui collent à la peau des actrices, en tombant rarement dans la caricature. Des actrices de tout genre, à tout stade de leur métier, depuis l'apprentie comédienne qui fait la serveuse jusqu'à la starlette blasée, en passant par la has been qu'on n'appelle plus. Les médaillées, et celles qui découvrent le revers de la médaille. Avec les coulisses du métier, ce sont celles du cinéma qui se retrouvent exposées, et bien que scénarisé le dessin en est fascinant. La condition de l'actrice est aussi le prétexte à un questionnement sur les femmes en général, les mères, les working women du nouveau siècle. Des questions plus vastes sont même effleurées, relativisant par touches le nombrilisme de l'ensemble : la politique intérieure, l'intégration des populations étrangères, la difficulté à conjuguer traditions et modernité. Alors, film vérité ou fiction séduisante ? Les deux mon général. Le Bal des Actrices est au final un singulier docu-fiction avec des couleurs, de l'audace et de la créativité. Un film gracieux et bien écrit, drôle et sans complaisance, porté par le regard sensible d'une jeune femme qui aime son sujet et sait de quoi elle parle.Le Bal des actricesDe MaïwennAvec Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie DepardieuSortie en salles le 28 janvier 2009 Illus. © SND - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil actrice sur le blog cinéma