La couleur pourpre
WARNER COLUMBIA FILMS

Ce drame historique n'est pas le préféré des fans du cinéaste américain. Pourtant, il est loin de mériter cette mauvaise réputation.

Arte rediffusera La Couleur pourpre, de Steven Spielberg, ce soir, suivi d'un documentaire sur Sidney Poitier déjà visible gratuitement sur le site de la chaîne. Première vous conseille cette soirée mêlant cinéma et histoire de l'Amérique.

 

La Couleur pourpre suit deux sœurs, Célie (Whoopi Goldberg) et Nettie (Akosua Busia), et leur famille qui a la particularité d'être de couleur noire au cours de la première moitié du XXe siècle dans le sud des États-Unis.

En 1985, alors qu'il sort à l'époque des tournages d'E. T. et Indiana Jones et le temple maudit, Steven Spielberg opère un virage à 360 degrés avec cette Couleur pourpre où il se mue en réalisateur de drames historiques engagés revisitant un moment particulièrement douloureux de l'histoire récente de l'Amérique.

Grand film sous-estimé de sa filmographie, La Couleur pourpre trône en bonne place dans le classement des meilleurs Spielberg de Première : "Moment charnière, décisif, puisque c’est ici et maintenant que Spielberg devient officiellement un réalisateur de drames historiques, et plus seulement un entertainer à casquette. Adaptation du roman hardcore de la Pulitzerisée Alice Walker, le film refuse systématiquement la violence frontale d’un récit gorgé d’incestes, de viols, d’humiliations et de châtiments corporels. En leur substituant des pures trouvailles visuelles, basées sur la symbolique et le hors-champ, Spielberg prend le risque d’une certaine mise à distance. Sauf qu’il y a ici une verve romanesque, une ambition dickensienne ultra affirmée, qui incite à  regarder le film non pas comme un brûlot identitaire ou un chemin de croix dans l’Amérique des péquenots violents, mais bel et bien comme le récit féerique d’une pure passion entre deux sœurs.

Un angle d’attaque singulier, hautement subversif, qui choisit de tout ré-enchanter sans pour autant éluder les coups portés. Prouesse formelle faramineuse, fresque saisissante, mélo saturé de couleurs, d’amour et de cris, ce film mal-aimé est à réévaluer de toute urgence".

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A la mort de Tina Turner, en mai dernier, une interview confession de 1986 sur un plateau de télévision en Italie est ressortie. Elle y expliquait avoir été le premier choix de Steven Spielberg pour le rôle de Célie. Elle avait refusé, l'intrigue lui rappelant trop de mauvais souvenirs de sa propre vie, quand elle était sous l'emprise de son mari violent Ike Turner.

"Vous savez, je parle toujours trop dans la presse de ma vie, alors l'idée d'en faire un film ? Cela me traîne vers le bas, considérait la chanteuse et comédienne de Mad Max 3. J'essaie d'oublier le passé parce que tout ça, c'est fini. C'est terminé. Cette partie de ma vie est derrière moi, je ne compte pas jouer un rôle qui me rappellera ce que j'ai déjà vécu. Je crois que Steve a compris que je ne pouvais pas le faire pour cette raison, je lui ai exprimé clairement ce que cela signifiait pour moi".


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