Il y avait foule ce jour-là. File d'attente impressionnante sous les arcades du Palais Royal. Vestiaires complets avant même que tout le monde ai pu rentrer. La salle comble, débordant même sur le couloir attenant, se gorgeait d'une marée humaine de journalistes, qui le nez rivé sur son écran de téléphone, twittant sans relâche, qui prenant note sur son ordinateur portable studieusement, qui, à l'ancienne, calepin et crayon en main, s'appliquait à retranscrire les grandes lignes et expressions employées par madame la Ministre, souriante et avenante, affichant un enthousiasme sincère tout au long d'un discours clair et étayé, passant en revue tous les domaines de la culture, depuis l'offre télévisuelle jusqu'au patrimoine, en passant par la musique, l'audiovisuel, le spectacle vivant, et les différents chaînons de l'industrie du livre (édition, librairies, bibliothèques).Les principaux points abordés durant une prise de parole d'un peu plus d'une heure, furent les suivants : l'impact de la culture en région, son influence européenne, la révolution numérique, la loi Patrimoine, l'éducation artistique et l'accent mis sur la jeunesse.Rappelant en préambule la vocation essentielle de la culture, à savoir "donner corps à la citoyenneté française, incarner les principes républicains", Aurélie Filippetti est revenue sur le pacte qu'elle s'active à mettre en œuvre depuis sa prise de fonction ministérielle : "Un pacte qui ait le souci de moderniser les outils de la politique culturelle. Et assume toutes les dimensions de la culture - sa force émancipatrice qui donne à chacun les moyens de mieux comprendre le monde et d’agir sur lui, une puissance créatrice qui donne aussi à la France la capacité de rayonner en accueillant des artistes qui trouvent ici une terre d’accueil et d’émergence - sa réalité économique et productive, aussi."Le ton était lancé. Son ambition : Inscrire la culture de plain pied dans le XXIème siècle et l'ère numérique, "faire de la France un pays pionnier et de la rue de Valois une Silicon Valois", ne se privant pas d'une blague un peu téléphonée mais destinée à faire sourire un auditoire concentré et sérieux.La ministre est revenue également sur le récent Rapport commandé au Ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, concernant "L'Apport de la Culture à l'économie en France", sorti en décembre 2013, étude conjointe et croisée menée par l'Inspection générale des finances (IGF) et l'Inspection générale des affaires culturelles (IGAC) d'où il ressort que "la culture contribue pour 3,2% à la création de richesse dans notre pays. Soit près de 58 milliards d’euros de valeur ajoutée [...] L'équivalent du secteur agricole et agro-alimentaire, deux fois celui des télécommunications et sept fois celui de l'industrie automobile".Des résultats encourageants qui donnent au secteur un poids non négligeable dans la production de richesses du pays.Sont également soulignés le poids de la culture en régions et la nécessité de la valoriser de manière active dans les territoires, le combat pour l'exception culturelle française, réaffirmer une ambition culturelle forte pour l'Europe.Concernant la presse, la ministre confirme la mise en œuvre imminente d'une réforme des aides à la presse suivie d'une réforme de la distribution et l'adoption d'un taux de TVA réduit pour les formats numériques.Les projets sont nombreux dans les secteurs du patrimoine, de l'industrie du livre, du numérique et de l'audiovisuel.Dans le domaine du spectacle vivant, la ministre se félicite des récentes nominations et maintient sa volonté de soutenir la création contemporaine : "Faire entrer notre politique culturelle publique dans le 21ème siècle, c’est aussi faire toute leur place aux nouveaux talents, aux nouvelles écritures et aux mutations esthétiques pour un renouvellement des publics et de la création. C'est ce qui a présidé au vaste mouvement de nomination que j'ai pu mener en 2013. Je suis particulièrement fière du bilan de cette année de nominations. Ce mouvement de nomination se poursuivra en 2014 avec la même volonté d’ouverture, la même transparence dans les procédures et la même exigence." Un renouveau oxygénant qui apporte effectivement des changements radicaux quant aux directions de Théâtres nationaux et CDN (Centres Dramatiques Nationaux) en régions avec de nouvelles générations d'artistes à leur tête.Le jeune public est également à la fête avec une initiative à saluer : "J’ai demandé en outre aux établissements nationaux et aux DRAC en lien avec le réseau des scènes subventionnées de me faire des propositions sur une offre tarifaire et sur l’offre de spectacle en direction de la jeunesse avec pour objectif rêvé…d’inciter les enfants à emmener leurs parents au théâtre !"Cette attention à la jeunesse se manifeste aussi dans toutes les mesures en faveur de l'éducation artistique et de la formation supérieure en la matière.Lors d'un discours mené tambour battant, Aurélie Filippetti défend une vision rayonnante, énergique et positive de la culture, une vision d'ouverture, d'échanges et de croisements des esthétiques. Elle en réaffirme les principes identitaires : la culture est un bouleversement (intérieur et social), elle est toujours subversive et participe de la dynamique du pays. Car l'Art a cette capacité unique d'interroger notre société contemporaine, de produire des représentations du monde, d'instaurer du dialogue, de nous ébranler profondément dans nos certitudes et nos conventions. Il est plus que jamais nécessaire.Par Marie Plantin
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