Toutes les critiques de Les apparences

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Variant les genres et les univers, de Copacabana à La Ritournelle en passant par Pauline détective, Marc Fitoussi aborde pour la première fois le thriller grâce à cette adaptation du roman de Karin Alvtegen, Trahie. Une adaptation très libre, à commencer par la ville où se déroule l’action – Vienne au lieu de Stockholm – et son désir d’ajouter au suspense un portait de la communauté des Français expatriés dans cette capitale. Henri et Eve en font partie. Il est chef d’orchestre, elle travaille à l’Institut français. Leur couple suscite l’admiration. Mais sous le vernis d’une vie sans fausse note, des premières fissures vont apparaître. Celles de l’adultère. Ou plus précisément de l’adultère révélé au grand jour, celui qui ne vous permet plus de sauver les apparences. Trahie, Eve refuse de tout perdre, de se retrouver déclassée. Elle se venge dans les bras d’un jeune séducteur à qui l’on donnerait le Bon Dieu sans confession, mais qui va se révéler un terrible harceleur. La machine à tragédies s’est mise en route, et bien malin celui qui pourra l’arrêter… Il y a du Chabrol dans la manière dont Fitoussi croque ces expatriés français confits dans leurs privilèges. Derrière le thriller, on savoure une comédie de moeurs où les apparences sociales, conjugales, familiales et morales constituent le terreau de cette descente aux enfers d’une amoralité réjouissante. Servi par les impeccables Karin Viard et Benjamin Biolay, Les Apparences est un film élégant jusque dans sa perversité totalement assumée, donc jamais antipathique.