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En 1975, la comédie dramatique américaine Vol au-dessus d'un nid de coucou, diffusée à 20h40 sur Arte, rencontre un succès mondial. Retour sur un chef-d’œuvre tourné dans un véritable asile psychiatrique…

En 1975, la comédie dramatique américaine Vol au-dessus d'un nid de coucou, diffusée à 20h40 sur Arte, rencontre un succès mondial. Retour sur un chef-d’œuvre tourné dans un véritable asile psychiatrique…C’est une histoire de fous, à tous les sens du terme. L’aventure démarre en 1974, quand Michael Douglas et Milos Forman décident d’adapter le roman culte de Ken Kesey Vol au-dessus d’un nid de coucou, paru en 1962. Pour échapper à la prison, le personnage de Randle McMurphy, fauteur de troubles, simule la folie et se se retrouve interné. Révolté par la rigidité de l’infirmière en chef, la terrifiante Miss Ratched, il tente de révolutionner la vie de l’établissement. Et va en payer le prix fort.Marlon Brando est approché pour incarner McMurphy. Il décline sèchement. Pas question de participer à un "film de tarés !" Michael Douglas propose alors le rôle à Jack Nicholson, qui fonce tête baissée. Mais si Milos Forman accepte de réaliser ce projet, c’est à une condition : tourner dans un authentique asile, avec la participation de ses patients. Pendant un an, il démarche des hôpitaux à travers les Etats-Unis. Mais quand leurs directeurs lisent ce scénario, qui écorne les psychiatres, ils refusent. Le miracle se produit en décembre 1974 : Dean Brooks, chef de l’unité de Salem (Oregon) accepte que l’équipe s’installe pour trois mois dans ses murs. Adepte des thérapies avant-gardistes et grand cinéphile, Brooks a un coup de cœur pour le personnage de McMurphy. En revanche, il déplore le côté brouillon du scénario, qui renvoie à ses yeux une fausse image de la psychiatrie. "Vous avez raison, répond Milos Forman. Refaites donc les dialogues et venez sur le tournage comme conseiller technique… Et comme acteur dans votre propre rôle de directeur !" Brooks relève le défi et propose de faire tourner 85 patients de Salem : "Jouer la comédie sera pour eux une formidable thérapie, car ils vont se sentir considérés et responsabilisés."Le tournage peut débuter, et les acteurs qui jouent les internés travaillent entourés de malades plus vrais que nature, qui prennent leurs rôles au sérieux. Les plus sévèrement atteints sont affectés à des tâches techniques. Ainsi, un dangereux pyromane se voit confier les bidons d’essence pour recharger les groupes électrogènes. Bonne thérapie : il s’exécute sans le moindre problème…Au fil des jours, une ambiance permissive envahit le plateau. Les acteurs dorment dans les cellules capitonnées tandis que les psychotiques font des batailles d’eau dans les couloirs. Un Jack Nicholson survolté plaisante avec les fous, qui font eux-mêmes des blagues à l’acteur Will Sampson, l’impressionnant chef indien. Pas si fou, Milos Forman ne perd pas une image de cet irrésistible délire collectif. Au terme du tournage, de beaux liens d’amitié sont nés entre comédiens et aliénés. Et lorsque Milos Forman et Jack Nicholson quittent Salem, ses internés, en larmes, leur font une haie d’honneur sous le regard affectueux du docteur Dean Brooks. Humain, très humain.Jean-Baptiste Drouet de Télé 7 Jours