Patria : que vaut la série espagnole sur l’ETA qui démarre ce soir sur Canal + ?
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Cette production européenne HBO revient sur le traumatisme des années ETA et leurs incidences sur une bourgade et ses habitants. Délicat et bouleversant.

Adaptation d'un gros succès de librairie en Espagne, Patria s'attaque à un morceau d'Histoire récente du Pays Basque encore hautement traumatique. Là, y sont passées au crible les années de terrorisme de l'ETA et les traces que ses actions ont laissées. Pour en rendre compte, la fiction s'immisce dans le quotidien de deux familles basques, jadis liées et que le climat de violence a séparé. On y suit d'abord une veuve, au crépuscule de sa vie, qui vient chercher des réponses sur la mort de son mari. Il a été tué au nom de l'organisation indépendantiste... mais par quelle main ? 

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Patria est tendu comme un bon thriller à la recherche d'un fautif ou de la pièce du puzzle qui apportera la clé de l'intrigue... mais il s'agit moins, ici, de discerner les innocents des coupables. En reliant les époques et les souvenirs, la série mesure l'étendue des dégâts et fractures les plus intimes pour tenter de mettre les bonnes images (et les bons mots) sur ce conflit fratricide. Cornaquée par le scénariste Aitor Gabilondo, basque lui-même, la série saisit l'angoisse de la détestation, de la délation et de l'ostracisme qui assombrit les visages de ces protagonistes ordinaires. Croquis bouillonnant de la société euskarienne, Patria n'est jamais aussi forte que lorsqu'elle souligne en contrepoint le calvaire des mères, épouses et sœurs, victimes collatérales des hostilités. Elle donne lieu à des séquences déchirantes où ces héroïnes, emplies d'une détresse sourde (l'intensité des scènes entre Bittori et Arantxa !), sont filmées avec une pudeur nécessaire.