Une interview de Toshio Suzuki, le cofondateur de Ghibli, a affolé tout le monde ce week-end. Le studio serait sur le point d'arrêter de produire des films d'animation. Il ne fermerait pas à proprement parler (une équipe sera par exemple chargée de gérer l'héritage des films d'Hayao Miyazaki), mais l'homme dit bien que la retraite du maître de l'animation japonaise "a été lourde de conséquences. Que doit faire Ghibli après ? Il n'est pas impossible de continuer à créer. Mais nous allons prendre une pause et réfléchir à la suite".When Marnie Was There pourrait-il être le tout dernier film de Ghibli ? Cette adaptation du roman éponyme de Joan G. Robinson, un classique de la littérature britannique paru à la fin des années 60, n'implique ni Miyazaki, ni Isao Takahata, l'autre grand nom du studio, qui vient de livrer un chef-d'oeuvre, Le Conte de la Princesse Kaguya. Le film est signé Hiromasa Yonebayashi. Le réalisateur d'Arrietty retrouve pourtant la magie et la poésie qui ont fait par le passé le succès de Ghibli. Mais au Japon, le public n'est plus au rendez-vous. Kaguya, déjà, n'a pas bien marché là-bas, et la rencontre entre Marnie et la mystérieuse Anna, n'attire pas les foules : le film a démarré deux fois moins bien qu'Arriety au box-office nippon, ne rapportant que 2 millions de livres lors de son premier week-end dans les salles obscures.Un nouveau coup dur pour le studio Ghibli. Si Le Vent Se Lève, de Miyazaki, a cartonné là-bas (environ 120 millions de dollars de recettes), les deux dernières productions de la firme ont été boudées dans leur pays d'origine. Cela va-t-il mettre en péril la sortie de Marnie à l'étranger ? On sait que le film a été doublé en anglais en juillet, mais depuis, plus de nouvelles : aucune date de sortie n'est fixée aux Etats-Unis, par exemple. Ni en France...C'est d'autant plus dommage que les critiques sont globalement bonnes. Le Japan Times a notamment écrit -avant la fameuse annonce pessimiste de Toshio Suzuki- que "si Marnie ouvre la voie du futur de Ghibli en l'absence de Miyazaki, alors ce dernier peut profiter de sa retraite." Le magazine souligne tout de même que le réalisateur "n'a pas le génie d'un Miyazaki", ce qui ne l'empêche pas de créer "une oeuvre émouvante", dont "les héroïnes sont immédiatement attachantes". "Le résultat est un film lumineux et réaliste, qui s'intéresse à l'humain, davantage à la manière de Takahata dans Omohide Poro Poro (Only Yesterday) que de Miyazaki". Sa bande-annonce, remplie de poésie, donne en tout cas envie d'en voir plus...Voir aussi :30 ans de Ghibli : les plus belles séquences du studio d'Hayao Miyazaki