Cette semaine au cinéma, Steven Soderbergh sème la panique avec sa Contagion, Benoît Poelvoorde revient en roue libre et Marie Gillain a peut-être trouvé le rôle de sa vie. Choix numéro 1 : Mon pire cauchemar, d'Anne Fontaine, avec Isabelle Huppert , Benoît Poelvoorde , André Dussollier...Synopsis : Elle habite avec son fils et son mari en face du Luxembourg... Il habite seul avec son fils à l’arrière d’une camionnette. Elle dirige une prestigieuse fondation d’art contemporain... Il vit de petits boulots et d’allocations. Elle a bac + 7... Il a failli faire 7 ans de prison. Elle tutoie le ministre de la culture... Il tutoie toutes les bouteilles d’alcool qu’il rencontre. Elle aime le débat d’idées... Il aime le sexe avec des inconnues à forte poitrine. Ils ne se ressemblent pas du tout... et se supportent encore moins.D’ailleurs, ils n’auraient jamais dû se rencontrer. Mais leurs enfants, eux, sont inséparables... Ils finiront par comprendre pourquoi...L'avis de première : La première demi-heure du film, centrée sur le fossé – social et culturel – qui sépare les deux principaux protagonistes, met en évidence la puissance comique dévastatrice de Poelvoorde. Isabelle Huppert, elle, n’a jamais semblé aussi fluette, et André Dussollier aussi discret. Leurs personnages assistent, médusés, au passage du typhon belge. Mais comment, après une telle entame, maintenir un niveau de comédie acceptable (Anne Fontaine n’est tout de même pas Francis Veber) tout en faisant glisser l’histoire sur le terrain de l’émotion ? Mission quasi impossible, dont la réalisatrice s’acquitte pourtant avec efficacité, à défaut d’imagination, décrétant qu’Agathe et Patrick ne sont pas ce qu’ils laissent paraître, vieille arme scénaristique dont le duo Jaoui-Bacri use à merveille dans ses films. Le problème, c’est que Fontaine ne fait pas dans la dentelle. Elle tricote. Les mailles de l’intrigue sont trop grosses, les enjeux trop vite cernés. Chacun semble croire à son personnage, seulement il le fait dans son coin. Ça manque de liant mais heureusement pas de rythme, le carburant de la comédie. D’Anne Fontaine, on attendait cependant autre chose qu’un aimable badinage.Bande-annonce :  Choix numéro 2 : Toutes nos envies, de Philippe Lioret, avec Vincent Lindon , Marie Gillain , Amandine Dewasmes...Synopsis : Claire, jeune juge au tribunal de Lyon, rencontre Stéphane, juge chevronné et désenchanté, qu'elle entraîne dans son combat contre le surendettement. Quelque chose naît entre eux, où se mêlent la révolte et les sentiments, et surtout l'urgence de les vivre.L'avis de première : Toutes nos envies est un film sous pressions (sociale, économique, professionnelle, judiciaire, vitale...) qui emprisonne ses personnages dans un enfer carcéral d’où il semble difficile, voire impossible, de s’échapper. Philippe Lioret, lui, a pris nombre de libertés en adaptant D’autres vies que la mienne, le best-seller d’Emmanuel Carrère. Comme dans Welcome, le cinéaste s’attache à dénoncer l’influence des dérives du système capitaliste sur la vie des gens au quotidien, jusqu’à les broyer. Là encore, si Lioret croit en la vertu salvatrice d’une réaction collective, il n’oublie pas pour autant que celle-ci doit s’inscrire dans une démarche qui part de chaque individu, empêtré dans des petites lâchetés quotidiennes qui contaminent son existence. Cet engagement est sublimé par l’investissement total de Marie Gillain et de ses partenaires, humains dans toute leur fragilité.Bande-annonce :  Choix numéro 3 : Contagion, de Steven Soderbergh, avec Marion Cotillard , Matt Damon , Gwyneth Paltrow...Synopsis : Contagion suit la rapide progression d’un virus mortel, qui tue en quelques jours. Alors que l’épidémie se propage à grande vitesse, la communauté médicale mondiale tente, dans une course effrénée contre la montre, de trouver un remède et de contrôler la panique qui se répand encore plus vite que le virus. Les gens eux se battent pour survivre dans une société qui se désagrège.Le film est présenté en compétition lors de la 68è Mostra de Venise.L'avis de première : La première séquence de Contagion est très prometteuse, s’attardant sur des objets (écrans tactiles, digicodes, claviers, etc.) touchés par Beth (Gwyneth Paltrow) et son entourage. Lorsqu’on apprend qu’elle est atteinte d’une maladie hautement contagieuse, la paranoïa s’installe et annonce un colossal cauchemar viral. Mais curieusement, Soderbergh désamorce aussitôt la tension en se dispersant dans trente-six directions différentes, comme s’il n’avait pas voulu (ou pas pu) exploiter le potentiel dramatique d’une contamination planétaire. (...) On aurait aimé sortir de la salle en étant contaminés par de nouvelles obsessions : besoin de se laver les mains à tout bout de champ, refus de taper son code bancaire sans avoir préalablement désinfecté les touches de l’appareil, peur panique d’effectuer des gestes auparavant anodins, comme serrer la main de quelqu’un ou se toucher le visage... Mais, lorsque le générique défile, on a déjà tout oublié.