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Parce que populaire, il l'est déjàBon surtout (et presque exclusivement) en Italie. Là-bas le réalisateur parvient à convaincre une large audience et La Grande Bellezza y a dépassé le million d'entrées. Pas exactement le box-office d'un blockbuster mais un chiffre très honorable dans un pays où l'on vend moins de 100 millions de tickets de cinéma par an ; à peine la moitié des entrées hexagonales. Artiste national, Sorrentino est surtout le critique acerbe et nostalgique de la grande Italie qui fout le camp. En France le grand public l'ignore presque totalement et on admet que ni les bandes-annonces ampoulées de ces films, ni la vacuité apparente de ses préoccupations mondaines - la décadence intellectuelle d'artistes mélancoliques dont les appartements de 200 mètres carrés surplombent le Colisée, ou la décrépitude d'artistes oisifs dans le sanatorium des malades du temps - ne lui facilitent la tâche. Cette fois en délocalisant ses thématiques universelles (la jeunesse certes, la vieillesse aussi, l'amour surtout) en terrain neutre (la Suisse), Sorrentino élargit son scope.>>> Avec Youth, Sorrentino choisit définitivement le désirParce que les intellos le détestent de plus en plus Depuis ce matin les haterz sont au sommet : réac, macho, beauf, laid, sur Twitter fleurissent les épithètes habituellement réservés à Eric Zemmour, Libé rêve même à haute voix que le cinéaste arrête de tourner.  C'est quand même bien le diable si se mettre à dos toute la presse de gauche et de goût ne permet pas d'obtenir en contrepartie des entrées sonnantes et trébuchantes. Parce qu'il aura la PalmeCeci est un DM @ethanetjoelcoen. Parce que c'est son film le plus accessibleMoins renversant que ce à quoi Sorrentino nous avait habitués, Youth contient quelques facilités dans l'écriture qui rendent sans doute le film moins fort mais plus évidemment mainstream. Si son cast anglo-saxon nous prive de la musicalité des dialogues en italiens (on préfèrerait entendre le monologue de Rachel Weisz qui trucide son père dans la langue du réalisateur) il pourrait lui ouvrir un peu plus grand les portes de l'international que l'insupportable This must be the place. Le cinéaste ne cache d'ailleurs pas son ambition popu - spoiler : il y a des bimbos nues et des stars du football. Surtout il filme la musique classique comme de la pop (superbe "chanson simple" en effet qui clôt le film) les miss Univers comme des divas rétros, les footeux décrépis comme des dieux rédemptés. On aimerait que Youth ait un succès populaire pour qu'il nous prouve qu'un film pour tous a le droit d'être beau à pleurer, musicalement impeccable, incroyablement touchant et drôle. A moins que nous soyons tout simplement de gros beaufs. D'ailleurs peu importe, puisque "les intellos n'ont aucun goût". C'est Stravinsky qui le dit. Ou Sorrentino, on ne sait plus nous, on ne sait rien."Les émotions sont tout ce que nous avons."Daniel de Almeida>>> Maradona, l'autre star de Youth