Midsommar - Florence Pugh
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À peine sorti aux US, le meilleur film d’horreur de 2019 ressortait dans une version director’s cut allongée. La voilà enfin disponible en France : vous êtes prêts à faire de nouveau la fête en Suède ?

Le fait est sans conteste très singulier dans les annales du cinéma. Midsommar, long de 147 minutes, sortait en salles américaines le 3 juillet dernier. Le 20 août, le cinéaste présentait à New York son director’s cut, d’une durée de 171 minutes. Un montage qui sortait aussi dans les salles US une semaine plus tard, avant de débarquer en home cinema (Apple TV, DVD et Blu-ray) le 24 septembre. Ainsi, la nouvelle version plus longue de 24 minutes était à l’affiche en même temps que la première. Ironiquement, Avengers : Endgame avait tenté un coup similaire au printemps, avec une "version longue" rallongée de sept minutes de scènes post-génériques, un mois à peine après sa sortie salles (la raison officieuse : battre Avatar au top du box-office). Mais rien de comparable avec ce film de folk horror conçu par un jeune cinéaste maître de ses moyens, qui a le malaise comme credo. Vous avez été traumatisés par Hérédité et Midsommar ? Ça vous dirait d’en reprendre plein la poire pendant 24 minutes supplémentaires ?

Soyez tout de suite prévenus : le director’s cut ne change pas fondamentalement Midsommar. Il s’agit effectivement du montage initial voulu par le réalisateur, que le distributeur A24 a demandé de réduire pour faire passer le film en dessous des 2 h 30 (question cruciale au box-office, puisqu’une durée de trois heures réduit le nombre de séances quotidiennes, et donc les entrées potentielles). Dans sa "version réalisateur", Midsommar est à peine plus lent que sa "version salles", le film misant sur le temps étiré à l’extrême pour mieux plonger le public, à l’instar de ses personnages, dans son univers très particulier.

"Le tout premier montage du film était extrêmement long, la version de présentation durait quatre heures", expliquait Ari Aster au site Refinery29. "J’ai commencé à avoir une version satisfaisante de trois heures, puis de 2 h 40, celle-ci donnant vraiment l’impression d’être parfaite, mais il fallait encore couper. C’est un film de genre, et si c’est trop long, il devient impossible à sortir en salles... La version cinéma possède un très bon rythme, mais le director’s cut est le film le plus complet.

Ari Aster : "Si vous êtes en pleine rupture amoureuse, Midsommar est fait pour vous"

À PETIT FEU

Effectivement, le director’s cut développe principalement la relation entre Christian (Jack Reynor), le petit ami vénal et indifférent, et son camarade de fac Josh (William Jackson Harper), qui s’affrontent sur qui fera le premier une thèse sur les rites joyeusement sanglants de la communauté Hårga. Aster insiste plus longuement sur la dégradation de la relation entre Josh et Dani (Florence Pugh), l’héroïne, avec des discussions en boucle, un ping-pong verbal répétitif qui nous immerge encore plus dans la décomposition de leur couple. Ça fait envie, hein ? En fait, oui, car il est rassurant de voir que même avec sa durée de trois heures, le film est toujours aussi passionnant, réjouissant, remarquablement construit et écrit. Simplement, il se déploie plus lentement, sa mèche lente nous consume encore plus fort. Soyez également rassurés, Midsommar ne devient pas dans sa forme de trois heures un pensum auteurisant bourré de scènes plus ou moins bizarres ou un film à mystère – ce qu’il n’a jamais été, puisque le propos du réalisateur en s’emparant du thème rebattu du Wicker Man a toujours été extrêmement clair.

NUIT TU ME FAIS PEUR

Justement, en parlant de clarté, la scène la plus remarquable que le director’s cut rétablit va vous sauter aux yeux. Située juste après le climax du film, il s’agit d’une séquence double : Dani assiste à une fausse scène de sacrifice humain au bord d’un lac, avant de s’engueuler franchement avec Christian. Cette séquence paraît assez redondante, voire faible, et on comprend pourquoi Aster l’a finalement laissée tomber. Alors pourquoi est-elle si puissamment remarquable ? Parce qu’elle a été tournée entièrement dans la nuit noire. Et que Midsommar, à l’exception de sa cauchemardesque séquence d’ouverture, ne comportait dans son montage cinéma aucune séquence nocturne. Ari Aster a sans doute coupé cette scène pour conserver à la première version de son film son aspect de "film d’horreur en plein jour"... Qu’importe : version salles ou director’s cut, Midsommar reste le meilleur film d’horreur et de rupture de l’année, le plus horriblement beau. Comme Aster le disait au micro de Première cet été : "On sait où on va, alors autant y aller en empruntant le plus beau chemin possible."

Un terrifiant easter egg découvert dans Midsommar