Cube de Vincenzo Natali
Metropolitan Filmexport
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Sorti en 1999 au cinéma, ce thriller tordu se revoit avec plaisir sur Netflix.

En 1997, le Canadien Vincenzo Natali faisait le tour des festivals de cinéma (Toronto, Sundance…) avec son premier film, Cube, l’histoire d’une poignée de personnes se réveillant enfermées dans un cube géant composé lui-même de centaines de cubes, certains contenant des pièges, d’autres non. Comment sortir en vie de ce lieu de cauchemar ?

Sorti en France deux ans plus tard avec une réputation de thriller malin et original, le film a connu un certain succès, attirant près d’un million de curieux au cinéma malgré son interdiction aux moins de 12 ans. Dans Première, il était défendu par la rédaction, recevant trois étoiles de la part de Jean-Jacques Bernard, qui saluait la maîtrise du suspense du réalisateur, qui, grâce à son concept inédit, parvenait à tenir en haleine les spectateurs durant près d’une heure trente. "Imaginez qu’un découpe-frites géant descende sur un type enfermé dans un cube très clos. Vous aurez une idée, entre autres, des terreurs qui vous attendent. L’un des moteurs de cette terreur étant qu’on ne sait ni pourquoi ni comment ces gens sont là. (…) La facture générale du film est impeccable. Le passé de story-boarder de Vincenzo Natali se lit, bien sûr, à tous les plans. (Il avait en effet débuté à Hollywood en dessinant des story-boards pour les séries animées Beetlejuice ou Babar, ndlr)" Dans sa critique, le journaliste précisait aussi que la réussite du réalisateur était d’autant plus impressionnante qu’il avait tourné ce projet avec peu de moyens. "Dernier argument qui ne devrait pas compter dans une critique mais qui reste suffocant. Le film aurait coûté moins de 2 millions de francs (coût moyen d’un premier film français : 12 millions de francs) ; aucun acteur connu (et d’ailleurs pas tous bons) ; un décor unique mais utilisé à merveille… Après Cronenberg, Toronto vient de débusquer un nouveau tyran de nos imaginaires."

Escape Room sera-t-il le Cube de 2019 ?

A côté de cet avis positif, Première publiait un court entretien de Vincenzo Natali par Christophe Carrière, dans lequel le créateur de Cube expliquait comment ce budget très réduit lui avait imposé de créer un décor unique et facilement transformable pour faire croire au public que les personnages étaient pris au piège dans un cube gigantesque. "Un budget de 350 000 dollars, ça n’autorise qu’un décor, détaillait le réalisateur. Le challenge, c’était de le rendre multiple. D’où l’idée du labyrinthe, chaque cube étant différent grâce à un éclairage varié (rouge, bleu, vert, etc.) (Le vrai décor ressemble) à un cube et demi, le demi étant pour des plans serrés. Pour l’entier, le problème majeur fut les murs : trop lourds à déplacer ! On n’en enlevait donc qu’un et on donnait l’impression d’angles de vue différents en déplaçant les comédiens. Un vrai casse-tête ! En gros, les trois quarts des plans ont été tournés du même côté ! L’autre problème fut les portes : bien que peintes en métallisé, elles étaient en contre-plaqué. Il a fallu beaucoup travailler le son en postprod pour donner l’impression qu’elles étaient lourdes."

Le créateur de Cube rendait aussi hommage à ses co-scénaristes "matheux", André Bijelic et Graeme Manson, dont le goût pour le calcul mental a permis d’imaginer cette intrigue alambiquée. S'il n'abordait pas le message politique parfois maladroit de son film, il reconnaissait que celui-ci ne manquait pas d’erreurs : "reflets contre les murs, poignées qui bougent… Mais pas de panique : il n’y a que moi qui peut voir tout ça ! La prochaine fois, je ferai un film avec du ciel, de l’espace, de l’horizon… dans le désert, ce sera parfait !"

Mis en ligne depuis peu sur Netflix, Cube s’avère toujours aussi efficace, plus de 20 ans après sa sortie. Malgré ses moyens financiers limités, Vincenzo Natali a réussi son coup : son univers est intrigant à souhait et ses maquillages et effets visuels sont également mémorables (notamment celui de la scène d'ouverture, le fameux "découpe-frites géant"). Depuis ce succès, le réalisateur a tourné d’autres thrillers, dont Cypher, en 2002, Splice (2009) et Dans les hautes herbes, justement pour la plateforme, en 2019, mais ils ont moins marqué le public que cette œuvre originale. Ce dernier se présentait pourtant comme un Cube en plein air, ses protagonistes se retrouvant coincés dans un champ labyrinthique de hautes herbes, mais le principe de boucle temporelle, déjà vu et vite répétitif, finissait par tourner en rond.

En revanche, plusieurs films dans la veine de Cube ont connu un grand succès ces dernières années, notamment les Saw, dont les pièges sont plus tordus les uns que les autres. Netflix a d’ailleurs produit récemment un film parfaitement dans la veine de ce modèle, intitulé La Plateforme, qui, comme Cube, profite de son "high concept" pour livrer au passage des messages politiques et dénoncer les travers de nos sociétés. Cet aspect est d’ailleurs plus appuyé dans cette oeuvre espagnole que dans le film de 1997, où les quelques remarques des personnages ("- Qu’est-ce qu’il y a dehors ? - De la stupidité humaine sans fin", par exemple) étaient secondaires par rapport aux aspects thriller, mystère et pièges à éviter.

La Plateforme : comment comprendre la fin du film Netflix ?