Camille Cottin dans Stillwater
Universal/Abaca
Matt Damon, Tom McCarthy et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater
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Camille Cottin et Matt Damon présentent Stillwater à Cannes
Abaca
Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)
Universal
Matt Damon et Camille Cottin sur le tapis rouge du 74e festival de Cannes
Abaca
Abigail Breslin et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater
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Camille Cottin et Matt Damon au festival de Cannes 2021 pour Stillwater
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Camille Cottin et Matt Damon dans Stillwater
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Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)
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Camille Cottin au festival de Cannes 2021
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Camille Cottin dans Stillwater
Matt Damon, Tom McCarthy et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater
Camille Cottin et Matt Damon présentent Stillwater à Cannes
Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)
Matt Damon et Camille Cottin sur le tapis rouge du 74e festival de Cannes
Abigail Breslin et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater
Camille Cottin et Matt Damon au festival de Cannes 2021 pour Stillwater
Camille Cottin et Matt Damon dans Stillwater
Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)
Camille Cottin au festival de Cannes 2021

Matt Damon, Tom McCarthy et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater

Camille Cottin et Matt Damon présentent Stillwater à Cannes

Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)

Matt Damon et Camille Cottin sur le tapis rouge du 74e festival de Cannes

Abigail Breslin et Camille Cottin au photocall cannois de Stillwater

Camille Cottin et Matt Damon au festival de Cannes 2021 pour Stillwater

Camille Cottin et Matt Damon dans Stillwater

Camille Cottin dans Stillwater, de Tom McCarthy (Spotlight)

Camille Cottin au festival de Cannes 2021

Rencontre avec la comédienne française, qui enchaîne plusieurs projets en anglais : Stillwater, House of Gucci, Killing Eve...

A l'occasion de la sortie au cinéma de Stillwater, nous partageons notre interview de Camille Cottin, publiée dans le n°521 de Première (septembre 2021).

Camille Cottin est une star, mais elle n’a pas tout à fait l’air de le saisir, ni vraiment de comprendre pourquoi. « Vous le savez, vous, ce qui fait un succès international ? », s’interrogeait- elle depuis une suite d’un palace cannois en juillet dernier. Notre question initiale portait sur la série Dix pour cent, dont l’écho a largement dépassé les frontières françaises (merci Netflix) et l’a définitivement imposée. Mais elle pourrait aussi bien s’adresser directement à l’actrice au nez aquilin. On trouve de tout dans sa filmo : des débuts dans des fictions télé pas tellement recommandables (P.J., Scènes de ménages et surtout l’improbable Le jour où tout a basculé), une shortcom en caméra cachée (adaptée par la suite en film, Connasse) et une palanquée de comédies qu’on peine à relier thématiquement. « OK, c’est un peu le bordel, mais chaque projet avait du sens. Parfois, on s’investit à fond sur quelque chose en se disant que ça va changer notre vie et, en fait, non. » (Rires.)

En 2015, sa prestation dans Dix pour cent, où elle incarne l’agent Andréa Martel, lui offre une célébrité inattendue. Moderne, audacieuse et irrésistible, Cottin prend de l’ampleur, s’affirme à l’écran et tourne chez Jalil Lespert (Iris), fait un détour aux États- Unis chez Robert Zemeckis (un petit rôle dans Alliés), trouve sa place dans le cinéma de Christophe Honoré (Chambre 212) et Cédric Klapisch (Deux moi). Avant de saisir l’opportunité de prendre la température londonienne (la série Killing Eve de Phoebe Waller-Bridge). L’année en cours devrait accélérer sa consécration internationale : dans Stillwater, à l’affiche le 22 septembre, elle tient la dragée haute à Matt Damon dans le rôle d’une mère célibataire marseillaise, qui se prend d’amitié pour un Américain dont la fille est accusée de meurtre. Deux mois plus tard, on la retrouvera au casting cinq étoiles (Adam Driver, Lady Gaga, Al Pacino) du prochain Ridley Scott, House of Gucci. Camille goes to Hollwyood ? Ça méritait bien une explication avec l’intéressée.


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PREMIÈRE : Il y avait bien eu un petit passage chez Robert Zemeckis dans Alliés en 2016, mais là, votre carrière internationale prend une tout autre ampleur : Stillwater, la série Killing Eve, House of Gucci de Ridley Scott… Tout cela arrive-t-il grâce au succès de Dix pour cent aux États-Unis, depuis que la série est diffusée là-bas sur Netflix ?
CAMILLE COTTIN :
Hum, en tout cas, on me le demande beaucoup. (Rires.)

Donc je me trompe ?
Non, ce n’est pas ça, mais la récurrence de la question m’interpelle. La réalité, c’est que lorsqu’il m’embauche pour Stillwater, Tom McCarthy n’a pas vu Dix pour cent. En revanche, la série avait un certain succès en Angleterre, ce qui permettait au studio de m’identifier. J’ai tourné Stillwater il y a deux ans, et il ne sort que maintenant alors qu’il aurait dû être dans les salles l’année dernière. En parallèle, Dix pour cent a pris de l’ampleur aux États-Unis cet hiver, avec la pandémie, et le film de Ridley Scott est forcément un projet très médiatisé. En fait, rien de tout ça ne s’est déroulé en même temps, mais les actualités se chevauchent.

Alors, comment vous êtes-vous retrouvée dans le radar du réalisateur de Stillwater ?
C’est grâce à Stéphane Foenkinos, qui était directeur de casting avant de devenir réalisateur. Il avait travaillé avec Tom McCarthy sur The Visitor et ils sont restés amis depuis. Tom avait une liste d’actrices françaises qu’on lui avait recommandées. Une belle liste, mais Stéphane lui a dit : « Super, sauf qu’il manque Camille ! » Et me voilà dans l’équation. Je passe une audition d’une heure avec Tom McCarthy, où l’on cherche ensemble le personnage, le bon ton. Je ne sais pas si c’est la méthode américaine, mais j’ai eu l’impression que ne comptait que ce que je proposais. On avait mis de côté mon image et ce que j’avais fait auparavant.

C’est là que vous sentez qu’il se passe quelque chose, qu’un plan de carrière plus international se dessine pour vous ?
Ouh la, non, je n’ai pas de « plan de carrière ». Je trouve ça très difficile d’être dans le calcul.

Parlons d’objectifs, alors.
Oui, ça correspond mieux à ce que je vis. Disons que ce sont des choix mais qui sont toujours empiriques, parce qu’on sait que le temps qu’on va consacrer à un projet va nous couper d’un autre. Et parfois on refuse des projets en se disant que ce n’est pas exactement ce qu’on veut faire, mais sans avoir en face la certitude qu’on aura accès à ce qui répond vraiment à notre désir. Je marche beaucoup à l’instinct et jusqu’ici, ça m’a plutôt réussi. Je suis incapable d’anticiper le résultat final d’un film. Par contre, je sais pourquoi j’accorde ma confiance à un réalisateur ou une réalisatrice. Et je sens ce qui va m’épanouir dans la fabrication. La suite, la vie du film et ses effets sur moi, ça ne m’appartient plus… Mais pour en revenir à votre question : est-ce que ça me faisait rêver de tourner en Angleterre ou aux États-Unis ? La réponse est oui, absolument. Est-ce que je pensais que ça allait se produire ? Pas du tout.

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Mais percer à l’international ne peut pas totalement se faire au hasard, non ? On doit bien prendre conscience qu’une porte s’ouvre, et qu’il faut s’engouffrer avant qu’elle ne se referme ?
Je crois beaucoup à l’énergie qu’on dépense pour générer des projets, pour rencontrer des gens avec qui on a envie de faire des choses. Après, l’agent – je fais une série sur les agents donc je peux en parler – est là pour soutenir cet effort. Il peut rebondir sur cette énergie qu’on déploie. Mais si on n’est pas là, présent, rien n’arrive… En ce moment, je suis à Londres pour tourner la série Killing Eve. J’ai aussi des envies de théâtre là-bas… Mais je ne sais pas trop comment ça marche vraiment. J’en ai parlé à mes amies actrices internationales, pour essayer de voir comment elles construisent ça… En tout cas, je trouve ça hyper amusant et assez génial de me dire qu’à un certain âge – je ne fais pas mes débuts –, il y a une ouverture.

Un nouveau départ ?
Un second souffle. Sauf qu’en parallèle, j’ai des responsabilités familiales importantes. Bon, on s’en fout, ce n’est pas vraiment le sujet. Mais ça joue quand même, parce que ce sont des questions que je me pose. Le professionnel et le privé se mélangent. Et puis avec la Covid, ce n’est pas le meilleur moment pour commencer une carrière internationale. (Rires.) Il y a un mode de vie qui va avec, et à cause de la pandémie, il est difficile de voyager. Tout ça est plus fort que moi, mais ce n’est pas très grave : l’inconnu générait chez moi beaucoup d’angoisse auparavant, mais la situation m’a appris à accepter l’incertitude.

Comment prépare-t-on un rôle en anglais ? À travers la musicalité de la langue ?
Oui, je travaille avec une coach, c’est super intéressant. On n’a pas de coach d’accent en France, ça n’existe pas. Mais là-bas c’est ultra, euh… comment on dit ? Ah, « répandu », c’est le mot que je cherchais ! Vous voyez, j’ai enchaîné pas mal d’interviews en anglais et il y a des petits moments où je bugge. (Rires.) Bref, je ne cherche pas tant à avoir un accent parfait pour avoir l’air d’être anglaise – je pense que ça n’arrivera jamais. Par contre, faire oublier l’accent, ça me semble possible. Mon travail, c’est de ne plus y penser sur le plateau, pour que rien n’accroche l’oreille, à moins que je ne l’ai décidé. Il faut que le sous-texte respire. C’est un appui de jeu.

Vous avez dû faire du media training, à l’américaine ?
Alors ça, je n’y ai pas trop eu droit, mais il y a quand même une préparation que je n’ai pas connue en France : on nous donne une feuille avec les sujets du film à aborder, les points potentiellement sensibles… J’ai aussi eu ça pour les talk-shows. Je n’ai pas encore fait les late shows américains mais j’ai participé au Graham Norton Show en Angleterre. Bon, j’étais en visio depuis ma chambre, hein, à cause de la Covid ! J’ai eu un peu le trac mais je crois que ça s’est bien passé. Ça fait partie des moments joyeusement surprenants. On s’y prépare avec les attachés de presse, bien sûr, mais juste un peu. Il faut garder de la spontanéité.

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Pour en revenir à Killing Eve, vous êtes castée dans la série grâce à Mouche, le remake français de Fleabag de Phoebe Waller-Bridge, qui produit également la série ?
Ah non, pas du tout. Killing Eve, ça arrive parce que Dix pour cent plaisait beaucoup en Angleterre, comme je vous le disais. Et je m’en suis aperçue parce que mon agence m’a convaincue d’aller faire une sorte de speed dating, un festival de directeurs de casting qui s’appelle Kilkenny. C’est très étonnant : ils vous reçoivent à trois par table, beaucoup d’Anglais mais aussi des gens de toute l’Europe. J’étais assez intimidée, mais quand j’arrivais dans une salle, on me demandait de prendre des selfies avec moi. « Euh, pardon ? Vous ne vous trompez pas de personne ? » (Rires.) C’est là que j’ai compris que Dix pour cent avait un impact outre- Manche. Donc j’ai rencontré des agents anglais, et ils m’ont demandé ce que j’aimais comme séries. J’ai parlé de Peaky Blinders et de Killing Eve. Du coup, je passe un quart d’heure avec la productrice de Killing Eve, qui me dit : « On aime écrire pour des acteurs. » Moi je pensais : « Oui, oui, bien sûr… Ils vont t’écrire un rôle ! » Mais je l’ai trouvée charmante, elle m’a fait rire. On a parlé du festival de Glastonbury où j’allais juste après, elle me racontait ses histoires de tentes effondrées, de toilettes pas nettes, de gens dans la boue… Trois mois plus tard, ils me demandent de venir faire quelques jours de tournage. Une sorte de première rencontre, et puis la relation a continué à évoluer. C’était le moment où Stillwater venait de se concrétiser. Les astres s’alignaient…

Et pour House of Gucci ?
C’est une directrice de casting anglaise qui est venue me chercher.

J’étais persuadé que votre succès à l’international venait des Américains, mais en fait ce sont les Anglais qui vous propulsent !
Oui, c’est amusant. Est-ce que c’est lié au fait d’avoir vécu cinq ans là-bas ? À Dix pour cent ? Je ne sais pas. En tout cas, pour House of Gucci, c’était un long processus. Et la ressemblance n’était pas forcément frappante. [Elle incarne Paola Franchi, la femme pour qui Maurizio Gucci a quitté son épouse Patrizia Reggiani.] Mais j’avais sûrement l’esprit du personnage. Adam Driver a été très sympathique. Je n’ai pas une grande partition et pourtant, il ne me l’a jamais fait sentir. On était dans l’échange. Ridley aussi était très enthousiaste, je ne m’attendais pas à un tel accueil. Je m’étais préparée à ce que chacun soit dans sa concentration, et en fait, c’était plutôt jovial et avenant.

Vous avez l’air assez détachée de tout ça, comme si ça ne vous arrivait pas vraiment ou que ce n’était pas si important pour la suite de votre carrière.
Non, c’est juste que je suis prudente ! Dans Gucci, je suis au milieu d’un casting extraordinaire et mon rôle est super, mais plutôt modeste. On verra bien… Encore une fois, je ne peux pas vous dire ce que ça va changer pour moi. Par contre, à vivre, c’était génial. Et je me souviens que Ridley m’a dit : « Je ne connais pas ta série, mais ma fille adore ! » Ça vous remet tranquillement à votre place !

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