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Episode 2 : La bataille perdue de DC ComicsLe rachat de Marvel ficelé depuis un moment, les adaptations de comics sur les rails d'un box office aux chiffres mirobolants, Avi Arad, l'homme par qui tout a été possible, annonce en 2005 son grand projet : l'adaptation de The Avengers au cinéma. Monté comme un véritable plan financier, avec parterre d'investisseurs de Wall Street, le film est immédiatement présenté comme l'aboutissement d'une série de films pilotes (en chantier) introduisant au super casting Marvel. DC n'a alors pas vu venir ce plan marketing en béton armé et inédit dans l'industrie hollywoodienne. Le studio vient à peine de réactiver ses licences cultes (il n'en a pas beaucoup non plus) avec Batman Begins et Superman Returns. Devant ce train de retard conséquent - les héros Marvel sont partout et on annonce mille projets -, l'éditeur et Warner vont devoir réagir.Deux ans plus tard, en février 2007, Warner annonce que deux scénaristes ont été engagés pour plancher sur une adaptation de la JLA. Le projet est ainsi en route. Il n'a pas la cohérence industrielle et commerciale de Marvel, mais peu importe, il faut avancer et surtout devancer la concurrence (Iron Man officialisant en 2008 les ambitions d'Arad sur grand écran). Quelques mois après, en septembre, le studio dit avoir signé avec le réalisateur australien George Miller (Mad Max, Happy Feet) pour diriger le film. Le studio espère alors pouvoir tourner rapidement, dès début 2008, en envisageant d'employer la technique de performance capture inventée par Robert Zemeckis (et qu'emploiera Spielberg sur Tintin). On cale donc un planning, prévoit déjà des lieux de tournage en Australie où l'intégralité du film doit se faire, mais rapidement, dès début 2008, la machine commence à montrer quelques failles ; ce qui ne peut paraitre toutefois qu'un détail pour Hollywood.Le « chef d’œuvre de noirceur » qu’on ne verra jamais En janvier 2008 Warner dit vouloir peaufiner le scénario, mais doit faire face à la grève des scénaristes qui bloque un temps le projet. La production change alors son fusil d'épaule et veut expatrier le tournage au Canada. Le film doit commencer en avril, mais avec ces complications Warner retarde le premier tour de manivelle. Alors qu'il est supposé avancer, que les costumes sont lancés, qu'un casting commence à filtrer, le projet finit par être repoussé. En août de la même année, on apprend ainsi par Miller que le tournage est décalé d'un an, sans plus de précisions. Mauvais signe. Au même moment, Warner annonce finalement avoir d'autres plans et, suivant le modèle de Marvel, prétend vouloir sortir quatre films avant de monter sa JLA, un reboot de Superman faisant parti du lot. Ce nouveau projet enterrera pour de bon celui de Miller, qui dès la fin d'année est écarté de l'adaptation, et dont le film finira par être annulé définitivement quelques temps plus tard.Du film sacrifié de Miller, Jay Baruchel, casté pour jouer le vilain de l'histoire, dira que les plans et costumes auraient pu donner un chef d'oeuvre de noirceur. Est-ce que ceci explique finalement pourquoi le projet a capoté ? Probablement en partie. Mais surtout comme le souligne le comédien, les prévisions de financement se seraient envolées pour atteindre entre 220 et 300 millions de dollars. Avec un casting de jeunes acteurs quasi inconnus, seul James Cameron peut se permettre une sommes aussi délirante. Nous voilà donc reparti à zéro avec un nouveau projet d'adaptation pour 2013. Seulement entretemps, Warner n'a pas réussi à fédérer ses équipes et Chris Nolan comme Zack Snyder en charge de Man of Steel, le nouveau Superman, refusent de croiser les univers de leurs personnages. Avec le bide mérité de Green Lantern et aucune adaptation de Wonder Woman, The Flash ou Aquaman prévue d'ici 2013, DC ne pourra jamais imiter Marvel. Avec le soutien de Joss Whedon à ses commandes, Avengers est parti pour gagner une bataille décisive. Reste à savoir comment.A suivre.Jérôme DittmarEpisodes précédents : Marvel / DC Comics - la guerre de Cent ans  The Avengers, une affaire rondement menéeAvengers, le grand art du blockbuster : review