Le choix de Première : The Master, de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, Amy Adams, Philip Seymour Hoffman...Synopsis : Freddie, un vétéran, revient en Californie après s’être battu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui…Quand Freddie rencontre Lancaster Dodd – « le Maître », charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause, il tombe rapidement sous sa coupe...L'avis de Première : Paul Thomas Anderson a beau enchaîner les films stupéfiants depuis la fin des années 90, il a toujours eu une fâcheuse tendance à se tirer une balle dans le pied. Parce qu’il citait et se mesurait ouvertement à ses idoles (Kubrick, Altman, Scorsese), on pouvait aisément lui reprocher de ne pas toujours être à leur hauteur. The Master, oeuvre d’une richesse thématique et d’une splendeur visuelle inouïes, s’impose comme le film où il largue définitivement les amarres. (Lire la suite ici)Bande-annonce : Choix n° 2 : Paradis : Amour, d'Ulrich Seidl, avec Margarete Tiesel, Inge Maux...Synopsis : Sur les plages du Kenya, on les appelle les « sugar mamas », ces Européennes grâce auxquelles, contre un peu d‘amour, les jeunes Africains assurent leur subsistance. Teresa, une Autrichienne quinquagénaire et mère d’une fille pubère, passe ses vacances dans ce paradis exotique. Elle recherche l’amour mais, passant d’un « beachboy » à l’autre et allant ainsi de déception en déception, elle doit bientôt se rendre à l’évidence : sur les plages du Kenya, l’amour est un produit qui se vend.PARADIS : Amour aborde, non sans humour, les thèmes du tourisme sexuel, des femmes vieillissantes et des hommes jeunes, de la valeur marchande de la sexualité, du pouvoir lié à la couleur de la peau, de l’Afrique et de l’Europe, et comment, d‘exploité, on passe à exploiteurL'avis de Première : Ulrich Seidl n’a jamais brillé par sa subtilité. Il plonge ses personnages, toujours vulgaires, dans des situations embarrassantes – pour ne pas dire humiliantes – avec une délectation suspecte. Dans Import Export, il filmait un trip de domination sexuelle à la limite du gerbant. Ici, il orchestre un déplaisant gang-bang « inversé » (un homme-objet, plusieurs femmes bourrées), en ayant cependant moins la volonté de choquer que de surligner en gras les méfaits du tourisme sexuel. C’est le principal reproche que l’on peut adresser au cinéaste autrichien : sa lecture très premier degré. Mais grâce à la force de sa mise en scène géométrique, Seidl n’a pas son pareil pour montrer des personnages prisonniers de leurs angoisses et de leurs frustrations. On le préfère définitivement en héritier trash de Tati, jouant la carte de l’humour graphique et désenchanté plutôt qu’en pourfendeur simpliste des travers du monde moderne. Bande-annonce : Choix n°3 : Une histoire d'amour, d'Hélène Fillières, avec Laetitia Casta, Benoit Poelvoorde...Synopsis : Elle l’a rencontré un soir de printemps, elle est devenue sa maîtresse. Il lui a offert un revolver, elle une combinaison en latex. Imprudent, il lui a proposé un million de dollars. Insatiable, elle est venue lui rappeler ses promesses...L'avis de Première : Un homme loue les services d’une femme pour un trip sadomaso dont elle serait la dominatrice et lui la victime consentante. Mais quand le coeur se mêle à la fessée, rien ne se passe comme prévu. Adapté du roman de Régis Jauffret, Sévère, lui-même librement inspiré de l’affaire Stern (célèbre banquier assassiné dans des conditions rocambolesques), le premier essai d’Hélène Fillières derrière la caméra se présente comme un film d’atmosphère, noir à souhait, dont chaque plan est habillé de clair-obscur, où les mouvements de caméra se veulent caressants et où le montage peut se montrer brutal. Pourquoi pas, sauf qu’un tel sujet nécessitait aussi un minimum d’écriture. Là, à part faire la gueule pour (sur)signifier leur mal-être, les acteurs n’ont pas grand-chose à jouer. Ils ont même un certain mérite à tenter de faire exister des personnages caricaturaux (l’odieux banquier triste, la femme vénale mais pas trop, le vieux mari passif) dont on ne comprend ni les actes ni les motivations profondes. C’est la preuve à charge contre un film par ailleurs assez maladroit dans sa description light de jeux sexuels tordus.Bande-annonce : Les autres sorties de la semaine sont là