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Le Fernando Meirelles et le Todd Solondz déçoivent. Mais The smuggler, du japonais Katsuhito Ishii apporte ce qu'il faut de "cool express"Ce troisième jour commence par la projection d’un film très buzzé, Albert Nobbs de Rodrigo Garcia. Produit, co-écrit et interprété par Glenn Close qui cherchait un véhicule pour un Oscar, le film se passe dans l’Irlande sinistrée du XIXème siècle, à l’époque où tous ceux qui le pouvaient  fuyaient le chômage en immigrant aux Etats-Unis. Les autres se débrouillaient, comme cette Irlandaise qui se fait passer pour un homme afin d’avoir un emploi décent de majordome dans un hôtel rupin. Bien que le sujet aborde (avec beaucoup de précautions, quand même) le thème de l’homosexualité féminine, le film reste une grosse pâtisserie mainstream , remplie de péripéties mélodramatiques . Glenn Close joue en retenue, ce qui est la moindre de choses pour un personnage nécessairement discret et effacé , mais cette retenue joue contre la vocation même du film, qui ne délivre pas la charge émotionnelle attendue, au risque de frustrer le public visé.  360 de Fernando Meirelles  commence avec une heure de retard pour des raisons techniques. Malgré tout, la salle de 557 places est remplie à craquer, on refuse du monde. Adaptation moderne de La ronde, le film commence à Vienne avec deux sœurs venues des pays de l’Est pour faire, l’une la pute, l’autre la chaperonne, et parcourt le monde au hasard des connexions (tous les personnages sont vaguement connectés, et les épisodes  sont liés à la façon marabout de ficelle), le tout sur le thème de l’adultère. Evidemment, c’est inégal, et les épisodes viennois qui ouvrent et ferment le film sont les plus forts. On peut remarquer que la façon de représenter les différentes nationalités est aussi révélatrice : la moitié des filles de l’est sont des putes, les Russes sont l’un maquereau, l’autre porte flingue; le français est musulman (Jamel); les Américains ancien alcoolique ou ancien criminel sexuel. On attendait un concurrent de Babel. On est largement en-dessous.Dark horse est un Todd Solondz mineur, une comédie sentimentale qui examine la tentative de cohabitation vouée à l’échec d’un fils de famille totalement immature avec une dépressive profonde. Les rires sont sporadiques, le rythme plat et l’image numérique assez moche. Petite forme pour Solondz. Changement de ton radical avec The smuggler, du japonais Katsuhito Ishii, qui avait séduit avec sa comédie familiale doucement cintrée The taste of tea. Rien à voir cette fois, à part qu’il reste dans le domaine  du manga, mais dans un registre beaucoup plus extrême : un jeune chômeur doit rembourser ses dettes de jeu en travaillant pour la mafia. Son job consiste à transporter et faire disparaître les cadavres des gangsters exécutés. Parallèlement, une guerre des gangs se déchaîne lorsque deux tueurs chinois, Vertebrea et Viscerae, décapitent un boss local et envoient sa tête à ses employeurs via un service de routage appelé « Cool express ». Pour résumer, c’est grand guignol et ultra violence poussés à un degré inouï. Encore un titre de la sélection « Midnight madness », de loin la plus excitante et la plus nécessaire du festival.