The Master est la dernière merveille de P.T. Anderson, cinéaste surdoué à qui l’on doit MagnoliaBoogie Nights et surtout l’extraordinaire There Will Be Blood. En racontant le retour au réel d’un vétéran de la seconde guerre mondiale, lessivé et physiquement ravagé, et surtout en relatant sa rencontre avec un intellectuel roublard qui fonde une secte, P.T. signe un chef d’oeuvre polysémique, une miniature à la beauté stupéfiante qui encapsule la réalité des US déglingués des 50’s, évoque le drame de l’alcoolisme et raconte surtout la relation trouble entre deux personnalités hors-normes. Précisément ce que montre cet extrait qui décrit la première rencontre entre Freddie Quell (le vétéran joué par Joaquin Phoenix) et Lancaster Dodd (Philipp Seymour Hoffman) sur un bateau qui se dirige vers les Etats-Unis. En quelques secondes tout est dit : l’ascendant tranquille de Dodd, la faiblesse de Quell, le rapport vénéneux et pervers qui s'instaure entre les deux hommes... Mais c’est surtout en terme de jeu que cet extrait se révèle flamboyant. Il faut voir Phoenix en état de grâce, bouger et respirer comme une bête traquée, convoquant les grands portraits des misfits du cinéma des 50’s, pour se rappeler à quel point ce comédien est un génie. Face à lui, Philipp Seymour Hoffman, patelin, sournois, se révèle mystérieusement effrayant. Encore un peu de patience, The Master sortira le 9 janvier