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Le comédien Erland Josephson, alter ego de Ingmar Bergman dans des chefs d'oeuvre comme est mort hier.Quand on pense acteur bergmanien, le nom de Max Von Sidow vient immédiatement à l'esprit. Mais Erland Josephson était l'autre présence essentielle de la troupe Bergmanienne. D'abord comédien de théâtre (il succéda d’ailleurs à Bergman à la tête du Théâtre dramatique royal de Stockholm en 1966), sa première apparition véritable chez Bergman date de 1958, dans Au seuil de la vie - il y jouait le mari d’Ingrid Thulin. Loin de la figure archétypale et sombre de Von Sydow - qui pouvait jouer la mort (Septième Sceau) ou l’ange exterminateur (La Source) - Erlandson fut tout de suite attaché à des rôles moins grandiloquents, moins immédiats et, peut-être, plus subtils. Il le reconnaissait dans son autobiographie en 88 : “Dans le petit monde de Bergman, je représentais la figure de l'intellectuel, le sceptique, une personne ironique, plutôt froide et généralement frustrée. Quand je suis parti à l'étranger et que j'ai fait des films en Italie, j'ai été casté dans des rôles de fous, de maniaques. C'était très bien. C'était drôle et c'est vraiment sympathique de jouer les fous, si vous ne l'êtes pas dans la vie. Je pense que ça a aussi changé la manière dont Ingmar m'a vu. D'un seul coup, j'étais incorporé au versant magique de son univers, jouant les gens avec des fantasmes, des artistes".Après le départ de Von Sidow pour les US, c'est donc lui qui devient l'élément clé du petit théâtre bergmanien. Dans les années 70, on le voit donc successivement dans l'extraordinaire Scènes de la vie conjugaleCris et chuchotements, Face à face, Sonate d'automne (1978) ou encore Fanny et Alexandre.Mais Erlandson n'était pas que la marionette de Bergman. A l'étranger, il joua dans des films immenses et pour des cinéastes dans Au-delà du bien et du mal de Liliana Cavani, dans le polar Un juge en danger, de Damiano Damiani, mais surtout chez Andrei Tarkovski. Dans Nostalghia, il joue Domenico, l’ermite qui s’immole après avoir enfermé sa famille dans une grange. Un rôle qui aurait été comme un gant à Von Sidow. Dans Le Sacrifice, il incarne un autre personnage mystique, aux prises avec la fin du monde et l’aube de l’humanité.Acteur dense, Erland Josephson est décédé à l'âge de 88 ans, a annoncé le porte parole du Théâtre dramatique royal de Stockholm. Il souffrait depuis plusieurs années de la maladie de Parkinson.