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De Very Bad Things à Du sang et des larmes : la carrière de Peter Berg

Peter Berg : de Very Bad Things à Du Sang et des larmes

Du sang et des larmes (en salles le 1er janvier), film de guerre brutal et sans concession avec Mark Wahlberg, est le dernier film de Peter Berg : l'occasion de revenir sur la carrière d'un réalisateur hyper efficace -Bienvenue dans la jungle, Le Royaume-, auteur d'une des meilleures séries télé des dernières années (Friday Night Lights), et qui n'a pas été coulé par l'échec de Battleship.

Les lumières du vendredi soir

C'est en 2004 qu'il trouve vraiment sa voie de réalisateur, avec le film <em>Friday Night Lights</em>. Beau film sportif d'après une histoire vraie, où Billy Bob Thornton gère une petite équipe de foot américain dans une petite ville du Texas. Ni misérabiliste, ni angélique, le film s'inspire aussi de l'esprit des films des années 80 façon Jusqu'au bout du rêve que du documentaire. Succès critique et public (60 millions de dollars de recettes aux USA pour un budget de 30) entraîne la création d'une série télé. En 2006 commence donc <em>Friday Night Lights</em>, la série, où l'excellent Kyle Chandler joue le coach d'une équipe de jeunes footballeurs. Beau portrait de l'Amérique moyenne, juvénile et héroïque, la série ne fut jamais un gros succès mais tiendra cinq saisons. Chandler gagnera l'Emmy du meilleur acteur, et Berg noue un lien solide avec le jeune acteur Taylor Kitsch, qui jouera dans <em>Battleship</em> et <em>Du sang et des larmes</em>. En 2012, le républicain Mitt Romney utilisa la fameuse phrase du coach <em>"Clear Eyes, Full Hearts, Can't Lose"</em> pour sa campagne en vue de l'élection présidentielle - au grand dam de Berg qui dénonça publiquement tout lien entre sa politique et la série.

Au royaume de l'échec et du succès

En 2006, Berg s'embarque deux semaines en Arabie saoudite afin de se préparer au tournage du Royaume. Actioner costaud -où une équipe du FBI menée par Jamie Foxx est envoyée dans l'enclave américaine de Riyad pour enquêter sur un attentat terroriste- produit par Michael Mann en personne, Le Royaume fut un demi-échec en 2007 malgré des moments très forts (le générique d'ouverture dément et des scènes d'action hyper intenses). Tout en commençant <em>Lone Survivor</em> -qui deviendra Du sang et des larmes- Berg enchaîna avec un projet radicalement différent en 2008 pour Sony/Columbia : Hancock, qu'il préparait depuis 2006 et où Will Smith joue un ex-super-héros alcoolo et clochardisé, d'après un scénar qui traînait depuis 1996 et qui fut passé par beaucoup de mains (Leonardo DiCaprio, Jonathan Mostow?). Le film sera finalement un énorme carton. 624 millions de recettes mondiales pour 150 de budget (il faut dire que le film comporte des grosses scènes de destruction massive), plus que le premier Iron Man sorti la même année. Mais Berg ne part pas sur <em>Hancock 2</em>, pourtant en projet, et préfère s'attaquer à<em> Lone Survivor</em> : mais Universal n'accepte de financer le film que si Berg accepte de réaliser <em>Battleship.</em>

Bienvenue dans la jungle

En 2003, Berg donne à Dwayne Johnson (qui était encore The Rock) son premier vrai rôle cool : celui d'un chasseur de primes, qui dans Bienvenue dans la jungle est chargé d'exfiltrer un jeune d'un coin perdu du Brésil. Résultat : 1 heure 44 de bastons, de vannes et de cascades déjà old school à l'époque, avec un gunfight final réjouissant et délirant. Au début du film, The Rock croise un certain Arnold Schwarzenegger qui lui lance un rapide "have fun", lui passant symboliquement le flambeau d'icône du cinéma d'action de la décennie. Dix ans plus tard, la prophétie s'est réalisée. Pour la petite histoire, Berg raconte que le film devait se tourner au Brésil mais que lui et les membres de son équipe de repérage se sont fait dépouiller sous la menace de flingues. Décision fut prise de localiser le tournage à Hawaï...

Retour en force

Mais Berg ne fut pas vaincu par cet échec. Il avait déjà son film post-<em>Battleship</em> : Lone Survivor (traduit en français par <em>Du sang et des larmes</em>). En 2007, il tombe sur le bouquin éponyme de Marcus Luttrell, où ce Navy SEAL (plongeur d'élite de l'armée américaine) raconte l'échec d'une mission en Afghanistan où toute son unité fut exterminée lors de la traque d'un chef d'Al-Qaïda. Berg achète les droits et montre à Luttrell un montage provisoire du <em>Royaume</em>, qui plaît au soldat. En 2009, Berg s'embarque pour l'Afghanistan avec une unité du SEAL Team 5, celle de Luttrell, afin de se se documenter pour <em>Lone Survivor</em>. Il recrute très vite Mark Wahlberg, qui jouera le pole de Marcus et sera également co-producteur du film ainsi que le fidèle Taylor Kitsch. Mais le flop de <em>Battleship</em> fait que Universal serre la ceinture niveau budget : Berg, Wahlberg et Kitsch devront travailler au minimum syndical. Le tournage ne dure que 42 jours au Nouveau-Mexique, pour 40 millions de dollars. Le résultat : un film de guerre qui semble synthétiser toute la filmo de Berg. Le portrait de l'Amérique middle-class, l'actioner post-Bruckheimer, la violence et l'action punchy, le propos héroïque mais lucide. Quelque chose comme un retour en force aux sources.

De Chicago Hope à Very Bad Things

Formé au théâtre, Berg fait ses premiers pas à Hollywood à la fin des années 80 en tant qu'acteur, mais ce n'est pas avant 19992 qu'il ne se fera remarquer, face à Ethan Hawke et Gary Sinise dans le film de guerre <em>A Midnight Clear</em>. A partir de 1994, il décroche une sorte de gros lot : un rôle récurrent dans la série médicale Chicago Hope (créée par David E. Kelley), où il tient le rôle du chirurgien badass Billy Kronk, aux méthodes peu orthodoxes (il découpe le bras d'un blessé à la tronçonneuse pour le dégager d'un accident). En 1994, il écrit un épisode de la série et en réalise un en 1997. L'expérience lui permet de réaliser son premier long-métrage, Very Bad Things (1998), comédie trash pleine d'humour noir où les invités d'un mariage tentent de se débarrasser du cadavre d'une strip-teaseuse. Pas un carton au box-office, mais le film affirme le goût de Berg pour les sujets punchy et au moins la certitude pour lui qu'il préfère être réalisateur à rester acteur. Il quitte <em>Chicago Hope</em> en 1999.

Battleship, touché-coulé

Le succès de <em>Transformers</em> entraîne chez le fabricant de jouets Hasbro une grosse envie d'adapter ses autres jeux sur grand écran : voici donc <em>La Bataille navale</em> au cinéma, chez le studio Universal. Film énorme, au budget démesuré (on parle de 209 millions de dollars), où la marine américaine affronte une invasion alien dans le Pacifique. Berg donne le premier rôle à son fidèle Taylor Kitsch. Le fait est, le film est loin d'être l'énorme purge tant vantée, mais les résultats au box-office furent sans appel. 303 millions de recettes mondiales, dont à peine plus de 65 aux USA. Vu le coût énorme du film, c'est un naufrage. La faute à quoi ? Un scénario bancal et banal (qui reprend -gasp- les règles du jeu original) ? Un esprit old school cocardier hyper limité ? La faute aussi à la date de sortie du film, le 18 avril 2012, deux semaines après Avengers de chez Disney/Marvel, qui a été numéro un trois semaines d'affilée...

Du sang et des larmes (en salles le 1er janvier), film de guerre brutal et sans concession avec Mark Wahlberg, est le dernier film de Peter Berg : l'occasion de revenir sur la carrière d'un réalisateur hyper efficace -Bienvenue dans la jungle, Le Royaume-, auteur d'une des meilleures séries télé des dernières années (Friday Night Lights), et qui n'a pas été coulé par l'échec de Battleship.