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Rush sera rediffusé ce soir sur NRJ12.

Nous profitons de la programmation de Rush à 21h10 pour republier notre interview de Chris Hemsworth, qui incarne l'un des deux pilotes de F1 phares du film de Ron Howard : James Hunt. Face à lui, Daniel Bruhl incarne Niki Lauda. En septembre 2013, nous avions rencontré toute l'équipe de ce film de sport très réussi.

Chris, avant Rush, vous connaissiez le monde de la F1 ? Pas celui de la F1, mais mon père était pilote de moto. Donc je connaissais l’univers des courses. Je connaissais bien la mentalité des coureurs, ces junkies de l’adrénaline, mais pas spécifiquement celle des pilotes de F1…

Du coup, comment avez-vous approché l’histoire de Hunt ? J’ai regardé des vidéos sur Youtube, je me suis renseigné sur les courses l’époque - très différentes d’aujourd’hui. Et puis je me suis documenté sur le personnage pour tenter de lui être fidèle…

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Jusqu’à quel point ? C’est compliqué : il existe une tonne d’infos et de matériel sur Hunt. Et disons que ces données m’ont inspiré, m’ont servi. Mais j’ai très vite vu les limites de l’approche ultra biographique. Rush n’est pas un doc sur Hunt ou sur Lauda. Il fallait que je trie, que je sache ce que j’allais prendre de sa vie réelle et, surtout ce que j’allais laisser. Parce que ce qui me semblait plus important, c’était de jouer quelqu’un qui me paraisse réel. A moi. Je devais créer un personnage à partir de la réalité et surtout éviter l’écueil de l’imitation…

Vous ne l’avez pas non plus abordé comme Thor… Il était moins musclé (rires). Pour vous donner une idée, j’ai parlé à beaucoup de gens qui l’avaient connu. Tous avaient une vision différente de Hunt. Certains le disaient fêtard, faisaient le portrait d’un type qui n’arrêtait pas de boire, de faire la fête, de coucher avec des filles. Et puis ses équipiers m’affirmaient que, une semaine avant les courses, il arrêtait de boire totalement. Qu’il était très discipliné. Qui croire ? Et quel portrait en faire du coup ?

Eh bien ? Eh bien, j’ai surtout évité de jouer les clichés… « L’homme aux 5000 femmes », ses colères légendaires, son tempérament de feu… il était tout ça, mais c’était contextuel. Il a fallu décider ce que je voulais dire du personnage. Et au fond, pour moi, c’est un type qui symbolise une époque, qui incarne une forme de liberté et de rapport animal au monde.

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C’est le propos de Rush au fond. L’opposition entre deux types qui incarnent deux visions de la course. L’un ne voit le monde que par les chiffres, les calculs et les risques encourus. C’est Lauda. L’autre est un instinctif ; il fonce et a une vision viscérale de la F1. La saison 76 est extraordinaire parce qu’elle met en scène cet affrontement à un point que n’importe quelle fiction n’aurait jamais pu approcher. Niki gagnait jusqu’à son accident et James revint à quelques points avant le GP final.

A travers votre opposition, ce qu’on devine c’est aussi le basculement de ce sport… Oui ! La F1 de Hunt était plus glamour ; il n’y avait pas de sponsors, et les industriels n’étaient pas encore intervenus. C’était un sport de passionnés. Les coureurs étaient des rock stars et Hunt était un playboy. Deux ou trois pilotes mouraient chaque saison. Il fallait faire preuve d’un courage, d’une audace folle… Avant et après ils lâchaient la pression – faisaient la fête pour décompresser. En vivant chaque moment comme si c’était le dernier… Et cette sensation, ce danger, influait leur manière de conduire. C’est Jackie Stewart qui disait : sex was safe and driving was dangerous. Il y a beaucoup de sexe et de courses dans le film. (rires)

Mais c’est comme le chant du cygne. Quelques années plus tard, le fric va effectivement tout changer, les compagnies vont fixer des limites, demander une certaine tenue (dans tous les sens du terme) et l’énergie va se modifier. Au fond, consciemment ou pas, Hunt luttait contre ça, il voulait rester fidèle à lui même. Mais en faisant ça, il chassait son ombre : il devenait un cliché - celui du playboy qui boit, baise et court comme un dingue.

C’était compliqué à jouer ? Non, parce que j’avais le script génial de Peter Morgan qui jouait sur le conflit intérieur de ce type. Il adore faire la fête, mais ce qu’il préfère avant tout c’est courir. C’est ça qui l’inspire plus que la presse people ou l’alcool.

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Vous avez essayé de conduire ces bolides ? On a fait quelques tours de pistes. Pour que Ron ait un gros plan sur nos yeux en situation, « en course ». C’est génial ! On est très bas, il y a peu de place…  c’est une sensation étrange de conduire ces bagnoles. Et je comprends qu’on puisse devenir addict. Nos deux doublures nous ont appris à Daniel et à moi à conduire ces bagnoles. Plus que ça, ils nous ont appris l’attitude de ces pilotes au volant.

Et vous vous êtes entraînés à détester Daniel pour nourrir la relation entre vos deux personnages ? Non (rires), on n’est pas vraiment fans de la Méthode. Et puis, pour l’avoir entendu parler, Niki reconnaissait que James était l’un des rares du circuit qu’il appréciait vraiment. Il le respectait et leur rivalité ne concernait que les pistes. C’était une relation très agressive, mais ils s’aimaient vraiment. Ils étaient opposés mais ce qui les rapprochait en fin de compte c’était la volonté de gagner. Et leur passion du volant…