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I, Daniel Blake de Ken Loach
Dans deux semaines, Dave Johns, un comédien de stand-up inconnu hors d’Angleterre, et Hayley Squires, actrice et auteure de pièces, se seront probablement faits un nom grâce à Ken Loach, le meilleur dénicheur de talents du Royaume-Uni. Fidèle à ses habitudes et à sa méthode, le cinéaste allergique aux stars est allé chercher de nouvelles têtes pour son nouveau film qui orchestre la rencontre entre deux galériens : un menuisier sexagénaire malade en quête d’emploi et une mère célibataire qui se bat pour avoir un toit pour elle et ses enfants. C’est le douzième long métrage de Loach écrit par Paul Laverty. Les deux hommes forment l’un des tandems les plus prolifiques du cinéma mondial. CN
GB. Avec David Johns, Hayley Squires, Natalie Ann Jamieson…

Rester vertical d’Alain Guiraudie
La déception qui avait accompagné la non-sélection en compétition de L’inconnu du Lac en 2013 (il avait finalement été présenté à Un Certain Regard) avait été à la hauteur de l’engouement suscité par ce thriller trouble, qui avait fait d’Alain Guiraudie le fer de lance d’un cinéma d’auteur français alternatif, audacieux sur le fond et sur la forme. Trois ans plus tard, le réalisateur aveyronnais entre enfin dans la cour des grands. Sur le papier, Rester vertical ressemble à un de ces contes ruraux dont il a le secret : Léo, qui chasse le loup, s’éprend d’une bergère avec qui il a un enfant que la jeune femme, en proie au baby blues, va lui laisser sur les bras. À l’écran, le verra-t-il, le loup ? CN
France. Avec Damien Bonnard, India Hair, Raphaël Thiéry…

Mal de pierres de Nicole Garcia
Sans faire injure à Nicole Garcia, pour la troisième fois en compétition, on est d’abord, et avant tout, excité par l’association inédite de Marion Cotillard et de Louis Garrel, choisis pour jouer des amants magnifiques dans cette adaptation du roman de Milena Agus. L’actrice française incarne Gabrielle, une femme en quête d’absolu que ses parents agriculteurs marient de force à un ouvrier saisonnier. Lors d’une cure thermale, elle rencontre un beau lieutenant blessé en Indochine avec lequel elle espère accomplir son destin... Les grandes histoires romanesques sont plutôt rares à Cannes ces dernières années, et les occasions de pleurer aussi. On prépare déjà les Kleenex. CN
France. Avec Marion Cotillard, Louis Garrel, Alex Brendemühl…

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn
Après la baffe Drive, Only God Forgives était un petit soufflet et démontrait pour certains la vacuité du cinéma de Nicolas Winding Refn. Trois ans plus tard, le danois daltonien revient à Cannes, là où il est né (parce que Only Cannes Forgives) avec un projet surexcitant : l'histoire d'un jeune mannequin qui débarque à Los Angeles pour se faire dévorer (au propre comme au figuré) par « une bande de femmes obsédées par la beauté ». Elle Fanning, la petite sœur de Dakota est le « démon de néon » de Refn. Couverte de sang dans la lumière de la nuit américaine, Elle promet d'être une nouvelle icône de cinéma dans la fusion refnienne entre le film de genre (ici le film d'horreur cannibale) et les visions fluo, entre démons et néons. SP
Danemark. Avec Elle Fanning, Keanu Reeves, Christina Hendricks...
 

Loving de Jeff Nichols
Quand les media du monde entier s’acharne à vous présenter comme “le nouveau prodige du cinéma américain”, autant occuper le terrain. Alors que son Midnight Special est encore dans toutes les têtes (et même dans quelques salles), Jeff Nichols dégoupille Loving. Un drame dans la Virginie des années cinquante, l’histoire (vraie) d’un couple mixte, noir et blanc, persécuté par les autorités, qui finit par faire changer la loi sur les mariages « interraciaux » en plaidant leur cause devant la Cour Suprême. « Loving », en anglais, ça veut dire « tendre », « affectueux », « aimant ». Mais c’est aussi le nom de cet homme et de cette femme, Richard et Mildred Loving. Ça ne s’invente pas, non. C’est trop beau pour être faux. F.F.
USA. Avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Michael Shannon…
 

American Honey de Andrea Arnold
Après une adaptation des Hauts de Hurlevent montrée à Venise (et passée sous le radar partout ailleurs), Andrea Arnold revient à Cannes, où elle avait présenté ses deux premiers longs, Red Road et Fish Tank. American Honey raconte l’odyssée, à travers le Midwest, d’une bande de jeunes qui passent leurs journées à faire du porte-à-porte pour vendre des abonnements à des magazines, et leurs nuits à faire plein d’autres trucs. Casting ultra-glam, avec la révélation Sasha Lane, Riley Keough (la petite-fille d’Elvis, de retour sur la Croisette un an après Mad Max : Fury Road) et notre chouchou Shia LaBeouf, acteur en perpétuelle rupture de ban devenu l’artiste conceptuel le plus rigolo du moment. On compte sur lui pour foutre le bordel et briser le ronron promo cannois. Avec ou sans sac à papier sur la tête. F.F.
Grande-Bretagne. Avec Sasha Lane, Shia LaBeouf, Riley Keough…

Baccalaureat de Cristian Mungiu
Cinéaste cannois palmé d’or dès son coup d'essai en 2007 avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu a confirmé son abonnement 5 ans plus tard en raflant deux prix (pour le scénario et pour l’actrice) avec son drame lesbien Au delà des collines. Cette année il revient en délaissant les personnages féminins au profit d’un médecin confronté aux défis de la paternité dans une petite ville où tout le monde connaît tout le monde. Mungiu n’a pas fait appel à son chef op habituel Oleg Mutu, lui préférant le jeune Tudor Panduru. Si le titre de travail était « Photos de famille », le titre définitif est plus mystérieux. Peut-être faut-il chercher un indice dans le sens étymologique du latin baccalarius, « jeune homme qui aspire à devenir chevalier ». GD
Rou.-Fra.-Bel. Avec Vlad Ivanov, Maria-Victoria Dragus, Adrian Tetieni…

Agassi de Park Chan Wook
Pour son retour cannois après Old boy (Grand Prix en 2004), et Thirst (Prix du Jury en 2009), Park Chan Wook adapte un roman de la britannique Sarah Waters, qui raconte l’association d’une femme pickpocket avec un arnaqueur pour séduire et escroquer une riche héritière japonaise. Ce n’est que le point de départ d’une intrigue complexe dont les ingrédients sont la trahison, le saphisme, l’échange d’identité, la cruauté, la pornographie, la perversion, la folie, pour n’en citer que quelques–uns. Autant dire que le maître coréen est dans son élément pour cuisiner ce pot-au-feu épicé. Le titre du roman (Fingersmith) est à double sens : il fait référence à l’agilité des doigts de la voleuse, mais c’est aussi une façon de signifier certaines pratiques homosexuelles féminines. GD
Corée. Avec Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo… 

Personnal Shopper d’Olivier Assayas
Deux ans après avoir présenté Sils Maria à Cannes, Olivier Assayas retrouve Kristen Stewart pour lui confier le rôle d’une jeune Américaine qui, pour payer son séjour à Paris, travaille comme acheteuse de mode pour le compte d’une célébrité. Si elle supporte cette activité qu’elle déteste, c’est parce qu’elle lui permet de patienter en attendant d’entrer en contact avec l’esprit de son frère jumeau disparu quelques mois plus tôt. Comme si sa présence dans deux films en sélection officielle ne suffisait pas à prouver que sa cote est au sommet, Kristen Stewart n’en finit pas de multiplier les collaborations avec des auteurs de haut vol. Elle sera notamment dans les prochains films d’Ang Lee et de Kelly Reichert. GD
France. Avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz…

Aquarius de Philo Kleber Mendonça
Clara est une critique musicale à la retraite, veuve et mère de trois enfants. Elle vit seule, entre ses disques et ses livres, au deuxième étage de l’immeuble Aquarius, dernière habitante à refuser de quitter son appartement sous la pression d’un promoteur immobilier. Lentement, Clara va rééxaminer sa vie, son passé et fuir la réalité. Car Clara a un super-pouvoir : Clara voyage dans le temps. Le premier film de Mendonça, Les Bruits de Recife, était une chronique de quartier filmée comme du John Carpenter. Avec Aquarius, Mendonça promet une fresque sociale et romanesque claustro, et un portrait de femme mélancolique porté par Sonia Braga, superstar brésilienne de soap opéra, qu’on a pu croiser chez Eastwood. G.G.
Brésil. Avec Sonia Braga, Jeff Rosick, Irandhir Santos

Ma Loute de Bruno Dumont
« Il n’y a plus d’audace à Cannes. Il faut que les statuts changent, que le sélectionneur soit nommé pour cinq ans, sinon une corruption naturelle s’installe, c’est une sorte de mafia… » . Ca c’était ce que lâchait un Bruno Dumont énervé, juste après le triomphe à la Quinzaine de son Petit Quinquin - refusé en officielle par Frémaux. Tout est pardonné ? Dumont se retrouve en tout cas en compétition avec Ma Loute. En 1910, une série de disparitions en baie de Slack secoue le quotidien de la région. Dans l’esprit de Petit Quinquin, cette comédie burlesque mêlera une enquête policière aux frontières du réel à une étrange histoire d'amour. Dans le rôle de  grands bourgeois décadents, Lucchini et Binoche sont, paraît-il, des concurrents sérieux pour les prix d’interprétation. G.G.
France. Avec Fabrice Lucchini, Juliette Binoche, Valeria Bruni Tedeschi

Ma’ Rosa de Brillante Mendoza
Effet de sidération. Emballement. Explosion. En 2008, un film à Cannes (Serbis) suffit à faire de Brillante Mendoza la coqueluche d’un cinéma d’auteur hardcore. A base de liquide séminal, de faits divers, de corruption et de marchandisation des individus, Mendoza devient le totem de la radicalité chic. Son étoile a pourtant vite pâli. Des sélections à Venise, à Berlin (pour Captives, Huppert flick un peu décevant) et puis… plus grand chose. Jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à Ma’Rosa On ne sait absolument rien de ce film (qui n’avait toujours pas de fiche imdb 24 heures après l’annonce de la sélection), mais le retour en compétition du champion philippin et le mystère qui entoure ce projet laisse penser qu’on tient l’objet choc de la sélection. G.G.
Philippine.

Toni Erdmann de Maren Ade
Cannes découvre la cinéaste allemande Maren Ade sept ans après sa révélation à Berlin où Everyone Else, son deuxième long métrage dans lequel elle auscultait avec minutie les débuts d’un couple, avait remporté le Grand Prix du jury et l’Ours d’argent de la meilleure actrice. Son film de fin d’étude, The Forest for the Trees, avait lui obtenu le Prix Spécial du jury à Sundance en 2005. Autant dire que chacun de ses projets, très espacés dans le temps, sont désormais attendus avec fébrilité par les initiés. Avec Tony Erdmann, qui s’intéresse à une relation père-fille - un père joue des tours à sa fille devenue trop sérieuse à son goût -, la réalisatrice de 39 ans va bénéficier de l’effet de loupe cannois et pouvoir enfin élargir son public. VAC.
Allemagne. Avec Peter Simonischek, Sandra Hüller, Lucy Russell…
 

The Last Face de Sean Penn
Quinze ans après The Pledge, l’acteur-réalisateur engagé revient en compétition avec un drame amoureux sur fond de crise humanitaire et de dilemmes moraux face aux misères du monde. Dans un Liberia ravagé par la guerre, une responsable d’ONG tombe amoureuse d’un médecin mais leurs divergences de visions sur le terrain vont creuser des dissensions dans leur couple. Ce couple est incarné par Charlize Theron, qui revient à Cannes un an après le choc Fury Road, et Javier Bardem, prix d’interprétation en 2010 pour Biutiful. A leurs côtés on retrouve deux Français, Jean Reno et Adèle Exarchopoulos, l’inoubliable Adèle de Kechiche sans qui Cannes ne serait désormais pas vraiment Cannes. VAC
USA. Avec Charlize Theron, Javier Bardem, Adèle Exarchopoulos…

Sieranevada de Cristi Puiu
C’est lui qui, il y a 11 ans, a marqué l’émergence d’un cinéma roumain bouillonnant avec La mort de Dante Lazarescu, prix Un certain regard en 2005. Deux ans plus tard, son compatriote Cristian Mungiu remportait d’ailleurs la Palme d’or avec 4 mois, 3 semaines et 2 jours, pourtant Cristi Puiu n’avait encore jamais présenté de film en compétition. C’est avec ce drame familial qu’il compare dans sa note d’intention à « la restitution imparfaite d’un requiem orthodoxe » que le cinéaste roumain passera devant le jury présidé par George Miller. L’histoire d’un brillant neurologue qui se rend avec sa femme à une réunion de famille en l’honneur de son père décédé, à qui on ne rendra pas l’hommage prévu. VAC
Roumanie. Avec Mimi Branescu, Bogdan Dumitrache

HORS COMPETITION

Money Monster de Jodie Foster
Un gourou de la finance et animateur de l’émission de télé « Money monster » (George Clooney) est mis en danger lorsqu’un spectateur ruiné par ses conseils (Jack O’Connell), fait irruption  sur le plateau et le prend en otage en direct. Julia Roberts joue la productrice de l’émission. Un sujet d’actualité, qui surfe sur le mécontentement lié à la finance et renoue avec le cinéma humaniste de Frank Capra comme antidote au cynisme et à la rapacité. Cette fois, c’est violent. Jodie Foster, fréquente complice de Clooney, est aussi une habituée de Cannes, où elle a été invitée plusieurs fois en tant qu'actrice. En tant que réalisatrice, elle a présenté son précédent film The beaver en 2011. GD
USA. Avec George Clooney, Jack O’Connell, Julia Roberts…

Le BGG – Le Bon Gros Géant de Steven Spielberg
Qu’y a-t-il de mieux qu’un film de Steven Spielberg ? Un autre film de Spielberg, six mois à peine après le précédent. Selon la logique du double uppercut « blockbuster / film à Oscar » mise au point en 93 avec Jurassic Park et La Liste de Schindler, Le Bon Gros Géant déboule alors que les effluves vintage du Pont des Espions sont encore en train de nous chatouiller les narines. Ecrit par Melissa Matheson (scénariste d’E.T. et ex-Madame Harrison Ford décédée l’an dernier) d’après un livre de Roald Dahl, le film raconte la rencontre londonienne entre une petite orpheline et un gentil géant. Le BGG, c’est Mark Rylance, en motion capture, l’agent soviétique oscarisé du Pont des Espions avec qui Spielberg a deux autres films sur le feu. Il est le nouveau meilleur ami de Spielby. BGG et BFF à la fois. F.F.
USA. Avec Ruby Barnhill, Mark Rylance, Rebecca Hall…
 

Goksung (Boxon) de Na Hong jin
Révélé avec The Chaser (séance de minuit en 2008), puis The yellow sea (Un certian regard, 2011), Na Hong Jin s’est fait un spécialité de donner tout son sens au qualificatif « haletant » au fil de ses courses poursuites qui laissent effectivement le spectateur hors d’haleine, même s’il n’a pas quitté son fauteuil. Avec Goksung, il ajoute à sa panoplie une dimension mystique puisque un shaman s’associe au détective d’un petit village de montagne pour enquêter sur l’inexplicable épidémie qui menace les habitants (y compris la propre fille du détective)  à la suite de l’installation d’un mystérieux jeune homme. GD
Corée du Sud. Avec Chun Woo-hee, Hwang Jeong-min, Jo Han-Chul…

The Nice Guys de Shane Black
Comme le rappelait Thierry Frémaux lors de la conférence de presse, la dernière fois qu’on a vu Shane Black sur la croisette c’était en 2005, pour Kiss Kiss Bang Bang. 11 ans ont passé depuis la résurrection du scénariste le plus dingue des 80’s. Et si le succès d’Iron Man 3 aurait pu lui donner les clés du royaume hollywoodien, Black a préféré signer une suite spirituelle de KKBB, une detective story logorrhéique, située dans les 70’s. Un Buddy-movie qui cache comme toujours une love story à LA et aux paperbacks des années 50. C’est Chinatown avec du porno, un dédale d’histoires foutraques sur la corruption et la folie qui sert surtout d’écrin pour deux comédiens maousses. Face à un Russell Crowe mastard, Gosling est en mode comique. Dans la grande salle Lumière, ça devrait avoir une sacrée gueule. G.G.
USA. Avec Ryan Gosling et Russell Crowe

Gimmer Danger de Jim Jarmusch
(Séance de minuit)
Dans la lignée de son documentaire Year of the Horse, qui scrutait l’histoire de Neil Young et de son groupe Crazy horse, l’habitué cannois Jim Jarmusch (une demi douzaine de sélections depuis la caméra d’or reçue en 1984 pour Stranger than paradise) retrace cette fois le parcours des Stooges, un groupe qui a traversé l’histoire contre toute attente. Punk avant l’heure, sauvage et primitif, avec des textes rudimentaires mais pénétrants, la formation n’a jamais connu le succès commercial mais s’est assuré une réputation légendaire grâce à ses performances live, propulsées par le phénoménal Iggy Pop (qui bien plus tard a gratifiera de sa présence électrique quelques films de Jarmusch). GD
USA. Avec Iggy pop et les Stooges.
 

UN CERTAIN REGARD

Voir du pays de Delphine et Muriel Coulin
17 filles, leur premier film présenté à la Semaine de la Critique en 2011, avait révélé chez les sœurs Coulin une aptitude à traiter le réel sur un mode naturaliste et poétique. Qu’en sera-t-il de Voir du Pays, tiré du propre roman éponyme de Delphine Coulin ? L’histoire est en tout cas plus aride que 17 filles (une rêverie adolescente) : de retour d’Afghanistan où elles ont vécu l’horreur, deux jeunes femmes militaires (les indispensables Soko et Ariane Labed) sont placées en « centre de décompression » dans un grand hôtel chypriote, au milieu des touristes. On en attend plus que Maryland d’Alice Winocour, qui traitait du même thème de la réinsertion et qui avait été lui aussi projeté à Un Certain Regard l’an dernier. CN
France. Avec Ariane Labed, Soko, Karim Leklou…

LA SEMAINE DE LA CRITIQUE

Victoria de Justine Triet
En 2013, La Bataille de Solférino avait électrisé l’ACID où il avait été présenté. Justine Triet, diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts, incarnait soudain le futur du cinéma d’auteur français. D’autres auraient pu ne pas se relever d’un début aussi tonitruant. Pas elle. En témoigne Victoria, son deuxième long métrage, qui a le privilège d’ouvrir La Semaine de la Critique. Comme dans son précédent film, Justine Triet dresse le portrait d’une mère de famille autonome et active, une avocate amenée à défendre un ami accusé d’agression par sa compagne. On dit le film drôle, bien en phase avec son époque. Il est porté par Virginie Efira, décidément très en vue à Cannes. CN
France. Avec Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud…
 

Grave de Julia Ducournau
Lauréate de la Femis, département scénario, Julia Ducournau s’est fait remarquer par son court métrage Junior, l’histoire d’une adolescente à la découverte de son corps, primé à la Semaine de la critique, et Mange, un téléfilm sur une ancienne boulimique fuyant son passé. Elle poursuit sur la même lancée thématique avec son premier long, Grave, centré sur une jeune végétarienne prénommée Justine, comme chez le divin marquis. Le jour où elle mange de la viande pour la première fois, son métabolisme profond, jusque-là au ralenti, va révéler une nature dévorante (et pour tout dire anthropophage), au fil d’un film présenté comme « un croisement de Trouble every day et de La crème de la crème ». GD
France. Avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Joana Preiss

LA QUINZAINE DES REALISATEURS

Mean Dreams de Nathan Morlando
Traditionnellement ouverte au genre, la Quinzaine a permis de belles découvertes comme Blue ruin en 2013 ou It follows en 2014. Cette année, Mean dreams semble remplir la case avec son mélange de road movie et de thriller noir. Edouard Waintrop le décrit comme « un polar américain fait par des Canadiens, donc moins démonstratif, mais plus subtil ». Bill Paxton (Near dark) y joue le rôle d’un flic corrompu dont la fille (Sophie Nélisse), lui vole de l’argent de la drogue et s’enfuit en compagnie du personnage joué par Josh Wiggins. Dans leur fuite, ils apprendront à se battre et utiliseront toutes les ruses possibles pour survivre. GD
Canada. Avec Sophie Nélisse, Josh Wiggins, Bill Paxton, Colm Feore…
 

Dog Eat Dog de Paul Schrader
« This time I have the final cut ! ». Paul Schrader annonçait son nouveau projet sur Facebook avec l’enthousiasme du gamin qui retrouve sa liberté. Après le fiasco de La Sentinelle, polar avec (déjà) Nicolas Cage dont il a perdu le contrôle et qu’il a renié, Schrader revient en fanfare avec une adaptation d’Eddie Bunker, un polar noir où trois ex-détenus repartent en cavale après un kidnapping qui a mal tourné. Le producteur du film le qualifiait en ces termes à Berlin : « un thriller plein de suspens, noir et brute, à l’humour sardonique, qui maintiendra le spectateur accroché à son siège ». Bon programme. VAC.
USA. Avec Nicolas Cage, Willem Dafoe, Paul Schrader.

L’économie du couple de Joachim Lafosse
Un couple se sépare après 15 ans de vie commune mais continue de cohabiter faute de moyens de déménager. Elle avait acheté la maison, mais lui l’avait rénovée. Et, à l’heure de solder les comptes, aucun des deux ne veut rien lâcher. Le cinéaste belge dont le dernier film, Les Chevaliers blancs, sortait en salles en janvier dernier, aborde la rupture amoureuse d’un point de vue économique : séparés mais dans l’impossibilité de se quitter vraiment, Bérénice Bejo et Cédric Kahn, affublés de deux jumelles, vont se déchirer. VAC
Bel. Avec Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Margaux et Jade Soentjens

Neruda de Pablo Larrain
Une évocation de la vie du grand poète chilien par un cinéaste qu’on ne sait plus comment classer après son sidérant El Club. Celui qui dressait dans ses premiers films le portrait (politique, social, culturel) de son pays est passé un cran au-dessus avec son dernier film, essai inouï sur l’église et ses déviances qui ne laisse pas indemne. Neruda est en tous cas un premier pas sur un autre chemin pour Larrain, qui est aussi en plein tournage de Jackie, l’histoire de Jackie Kennedy après l’assassinat de son mari, avec Natalie Portman dans le rôle titre. VAC
FRA-CHI. Avec Gael Garcia Bernal, Alfredo Castro, Luis Gnecco

Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio
« Passé à travers les filets de Thierry Frémaux, alors que c’est un de ses plus beaux films » comme le dit le délégué général de la Quinzaine Edouard Waintrop, le nouveau film du cinéaste italien traite de l’absence de la mère. Massimo perd sa mère dans des conditions mystérieuses à l’âge de 9 ans, et n’accepte pas cette disparition. Vingt ans plus tard, alors qu’il est devenu un journaliste accompli, son passé le hante et les blessures de son enfance tournent à l’obsession. Qualifié d’ « inhabituellement sentimental » par Waintrop, Fais de beaux rêves est le 2e film avec Bérénice Bejo dans la sélection de la Quinzaine.VAC
ITA. Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo, Fabrizio Gifuni

L’intégrale de la compétition, le meilleur du hors compète et un florilège des sélections parallèles. Cannes 2016 en texte et en images.