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Les amateurs et les détracteurs de The Master tombent en général d’accord sur un point : en sortant de la projection du sixième long métrage de Paul Thomas Anderson, tous ont le sentiment d’avoir découvert un film plein de béances et de courants d’air, un récit fait d’ellipses frustrantes et d’enchaînements illogiques, comme si le réalisateur ne nous donnait à voir qu’une infime partie d’un monument filmique beaucoup plus vaste. Une impression renforcée par le fait que les trailers qui avaient précédé la sortie du film étaient quasi intégralement constitués de plans absents du résultat final. Autant dire que les fans hardcore attendaient Back Beyond de pied ferme. Plus qu’une compilation de scènes coupées comme on en voit sur 99,9 % des DVD, ce bonus est un véritable montage orchestré par PTA lui-même, qui fonctionne comme une longue bande-annonce pour un « autre » Master – un film qui n’existerait que dans nos rêves.La foi de son maîtreOn y apprend un certain nombre de choses, notamment à propos du manuscrit que Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) a enterré dans le désert et qui aurait rendu suicidaires et/ou folles les rares personnes qui l’ont lu. On y aperçoit aussi des images sublimes, comme lorsque Freddie (Joaquin Phoenix) ouvre la boîte contenant le livre maudit et voit en jaillir des flammes, écho évident au final apocalyptique du En quatrième vitesse de Robert Aldrich. Mais ce montage brumeux et fragmentaire se regarde surtout comme la pièce manquante d’un puzzle paradoxal car impossible à résoudre. Les vingt minutes s’achèvent par un carton « The End », comme dans un film des années 50 (époque à laquelle se déroule l’histoire), peut-être pour signifier que, ça y est, le dossier The Master est enfin complet. Un boniment digne de Dodd. The End ? Tu parles ! Avec un post-scriptum aussi intrigant et obsédant que celui-là, notre fascination pour le film a au contraire toutes les chances d’être sans fin.  Frédéric FoubertThe master est sorti en DVD et blu-ray le 15 mai